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Monseigneur Edmond Djitangar, archevêque de Ndjamena (Tchad) Monseigneur Edmond Djitangar, archevêque de Ndjamena (Tchad) 

Mgr Djitangar appelle à des gestes prophétiques pour «un Tchad nouveau»

«Créer dans nos écoles une communauté éducative pour permettre aux enfants et aux jeunes de grandir ensemble et rêver d’un avenir commun», c’est l’un des défis majeurs auxquels sont confrontées les églises locales, a confié Monseigneur Edmond Djitangar. Face à la crise sociopolitique que traverse son pays, l’archevêque de Ndjaména et président de la Conférence épiscopale du Tchad a appelé à poser «des gestes prophétiques» pour réaffirmer le profond désir des tchadiens de «vivre ensemble».

Stanislas Kambashi,SJ et Jacques Ngol,SJ – Cité du Vatican

Parmi les multiples défis auxquels est confronté le Tchad, il y a celui de l’éducation. Dans ce pays, les écoles catholiques sont parmi les plus prisées, a confié Mgr Djitangar, dans une interview accordée à Vatican News. Cela étant, l’archidiocèse de Ndjamena réfléchi pour faire davantage de l’éducation catholique non seulement «un lieu pour transmettre la connaissance, mais aussi un lieu idéal pour préparer la jeunesse à construire la société de demain». C’est dans ce sens que l’archevêque de Ndjaména a identifié l’éducation parmi les grandes orientations pour l’année pastorale qui vient de commencer. Pour lui, les écoles catholiques étant ouvertes à toutes les sensibilités sociales et religieuses, il faut faire de l’école «une communauté éducative pour permettre aux enfants et aux jeunes de grandir ensemble et rêver d’un avenir commun».

Insérer l’école dans les activités pastorales des paroisses

Avec les problèmes sociopolitiques que le Tchad a connu ces derniers mois, dont les inondations et la crise autour du prolongement de la période de transition, le projet éducatif de l’archidiocèse de Ndjamena a été mis à mal; et «même les rentrées scolaires sont perturbées». Face à cette situation, la stratégie mise en place a consisté à déléguer la responsabilité à chaque paroisse, en insérant «l’organisation scolaire» parmi des activités pastorales. Cela afin d’assurer un suivi conséquent des activités scolaires, en créant une communauté éducative au sein de laquelle vont collaborer le curé avec son conseil, les enseignants et les parents des élèves, etc.

L’Eglise, une espérance pour le peuple 

«Même quand tout va mal, il y a toujours les raisons d’espérer», c’est pourquoi, malgré les inondations et la crise politique qui secouent le Tchad en ce moment, l’église continue toujours d’espérer. «Il ne manque pas des hommes et des femmes de bonne volonté capables de sursaut, capables de revoir des manières de faire qui sont dangereuses pour le pays», a estimé Mgr Djitangar.

Face aux inondations qui ont plongé plusieurs familles dans la misère, l’Eglise de Ndjamena répondu à travers les moyens que les paroisses et mouvements d’action catholique ont mis à la disposition des sinistrés. Mais l’archevêque de Ndjamena reconnait que les inondations de cette année étaient d’une ampleur sans précédent, et ont presque pris la population au dépourvu. Il a tout même déploré le manque d’anticipation de la part des services compétents, qui n’ont pas pu mettre en place un système efficace pour contenir les eaux.

Appel aux gouvernants et aux jeunes

L’archevêque de Ndjamena déplore l’échec du «dialogue inclusif et souverain» qui était, selon lui, un «semi-fiasco parce que les conditions n’étaient pas remplies pour un vrai dialogue avec tous»: des nombreuses personnalités n’y ont pas pris part et l’Eglise elle-même s’était retirée des assises. Les évêques et d’autres leaders religieux, ainsi que quelques acteurs de la société avaient tenté une médiation dans le but «de donner à ce dialogue un peu plus de représentativité et l’élargir la base des différentes approches du pays…mais cela n’a pas marché, les choses ont débouché sur un malentendu». Mgr Djitangar appelle ceux qui sont détenteurs du pouvoir à se ressaisir pour le bien du pays.

Il appelle en outre les jeunes à la prise de conscience face leur avenir, et à ne pas se laisser manipuler par des idéologies. Car, a-t-il confié, «d’un côté ou de l’autre, c’est des jeunes qui sont au-devant. Que ce soit du côté des militaires qui tirent sur les autres, ou du côté des manifestants, ils doivent, les uns déposer les armes, les autres cesser les hostilités et s’assoir ensemble pour dialoguer» afin d’arriver à une bonne solution.

Poser des gestes prophétiques pour «un Tchad nouveau»

Pour Monseigneur Djitangar, le rôle de l’Eglise est d’être engagée dans la réconciliation, qui est la conséquence logique d’un vrai dialogue. L’archevêque de Ndjamena estime que les tchadiens ont besoin de «se demander pardon les uns aux autres» et réaffirme l’ouverture de l’Eglise du Tchad pour des nouvelles médiations, afin de parvenir à la réconciliation des cœurs.

Il appelle par ailleurs les hommes et femmes de bonnes volonté, soucieux du bien du Tchad et capables de redresser la barre, mais qui n’aiment pas s’afficher publiquement, à dépasser leur timidité, à sortir de leur silence; afin de manifester leur refus de la culture de la haine et de la mort et inviter à choisir le chemin du vivre ensemble, qui n’est pas ce qui se dit «au bout des lèvres».

Pour Monseigneur Djitangar, «les tchadiens au fond d’eux-mêmes aiment la paix et le vivre ensemble». Il invite ainsi «à poser des gestes prophétiques» pour affirmer le désir des tchadiens de «pouvoir et de vouloir» vivre ensemble. L’appel est aussi lancé aux gouvernants, et à tous les gouvernés et «à tous ceux qui ont le désir de vouloir fonder un Tchad comme on l’a voulu avec le dialogue national, ce qui ne sera possible que sur une base de justice, de paix et de respect réciproque, respect de l’identité culturelle, religieuse des uns et des autres».

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30 octobre 2022, 19:16