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Nigeria: L'Église catholique s'oppose à la légalisation de l'avortement dans l'État de Lagos

L’archevêque de Lagos a jugé inacceptable la décision du gouvernement de l’État de légaliser l'avortement par voie législatives. Dans un communiqué publié le 3 juillet, Mgr Alfred Adewale Martins réaffirme le caractère sacré de la vie humaine. Il invite également à des consultations plus larges afin de trouver la meilleure approche pour sauvegarder la vie des femmes enceintes, que les directives étaient censées protéger.

Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican

L'archevêque de Lagos, Mgr Alfred Adewale Martins, a vivement réagi dans un communiqué publié le 3 juillet à la légalisation de l’avortement dans l’État de Lagos (sud-ouest du pays). En effet, le gouvernement de cet État, par l'intermédiaire du secrétaire permanent du ministère de la santé, le Dr Olusegun Ogboye, a récemment dévoilé un document de 40 pages donnant une série de directives législatives, destinées à faciliter l'interruption légale de grossesse dans l'État. Pour l’archevêque Martins, cette initiative unilatérale est inacceptable.

Les parties prenantes non consultées

Présentant le document intitulé «Directives de l’État de Lagos sur l’interruption sûre de grossesse pour les indications juridiques», le secrétaire permanent du ministère de la santé a expliqué qu’il s’appuyait sur les dispositions existantes du droit pénal de l’État de Lagos depuis 2011. En outre, a-t-il précisé, son élaboration, débutée en 2018, avait engagé les diverses parties prenantes.

Mais pour l’archevêque de Lagos, toutes les parties prenantes n’ont pas été consultées dans la mise en oeuvre de ces directives. «La question de l'avortement touche de près les sensibilités éthiques et religieuses et les organismes religieux n'ont pas été consultés, certainement pas les millions de catholiques qui ont toujours maintenu leur forte opposition à la légalisation de l'avortement sous quelque forme que ce soit», a-t-il réagi.

Outre l’Église catholique, les groupes pro-vie de l'État ont fermement condamné la décision du gouvernement, peut-on lire dans le communiqué de presse de l’archidiocèse. «Ils avertissent que l'argument du ministère de la santé de l'État, qui consiste à donner des directives pour l'interruption de grossesse pour de soi-disant raisons de santé, n'est rien d'autre qu'un moyen de légaliser l'avortement par des moyens détournés». 

«Toute vie humaine doit être protégée»

«Le bébé dans l'utérus est une personne distincte de la mère, même s'il est dans l'utérus de la mère, et donc pas même la mère n'a le droit de le tuer, et encore moins le gouvernement qui prétend donner une caution légale à leur meurtre», a rappelé Monseigneur Martins. Face à «toutes les formes de procédures d'avortement dont le but direct est de mettre fin à la vie d'un bébé dans l'utérus», l'Église catholique et toutes les personnes soucieuses de l'éthique tiennent à réaffirmer le droit de vivre et d'être protégé de l'enfant à naître. «Nous croyons fermement que toute vie humaine doit être respectée et protégée, en particulier les plus vulnérables dans l'utérus dès le moment de leur conception», a déclaré le prélat.


La compassion de l’Église pour les femmes en difficulté

Si l’Église défend que «chaque enfant est un don de Dieu qu'il faut élever et laisser grandir pour qu'il atteigne son but dans la vie», elle n’est pas pourtant indifférente à la situation des femmes en difficulté, a souligné l’ordinaire de Lagos dans sa déclaration. «Nous devons continuer à explorer les moyens d'apporter un soutien aux femmes qui se trouvent en difficulté du fait de leur grossesse plutôt que de penser à avorter un enfant qui est innocent de la difficulté que la mère peut traverser», a-t-il déclaré.

A la place des décisions qui nient la dignité et le droit de l’enfant à naître, Monseigneur Alfred Adewale Martins invite plutôt à se «concentrer sur l'éducation à la sexualité humaine et sur la collaboration afin de soutenir les femmes qui tombent enceintes sans être prêtes pour la grossesse».


Trouver une meilleure approche

Dans la conclusion de sa déclaration, l’archevêque Martins demande au gouverneur de l’État de Lagos, M. Babajide Sanwo-Olu, à «rappeler à l'ordre le ministère de la santé et arrêter la mise en œuvre des directives sur la soi-disant interruption de grossesse sans risque». Le prélat invite également à élargir les consultations afin de «trouver la meilleure approche pour sauvegarder la vie des femmes enceintes que les directives étaient censées protéger».

Par ailleurs, lit-on dans le communiqué de presse de l’archidiocèse, Mgr Martins «s'est demandé pourquoi le gouvernement de l'État de Lagos semblait désireux de légaliser l'avortement, à un moment où même les États-Unis d'Amérique et d'autres pays plus avancés revoient leurs positions sur la légalisation de l'avortement, comme en témoigne le récent jugement de la Cour suprême des États-Unis d'Amérique sur la question».

Décision qui avait été applaudie par l’épiscopat américain, déplorant que pendant près de cinquante ans, l'Amérique ait appliqué une loi «injuste» qui lui a permis de décider qui pouvait vivre ou mourir.

 

 

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06 juillet 2022, 13:06