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Ingénierie et Développement durable en Afrique : une ingénieure en montre le lien intrinsèque

L’ingénierie est un moyen décisif pour le développement durable en Afrique. Gaelle No’osi a souligné ce lien à l’occasion de la journée internationale de l’ingénierie pour le développement durable célébrée le 4 mars. Pour l’ingénieure camerounaise, cette journée attire l’attention sur les ingénieurs africains qui se forment pour impacter de manière durable leur environnement en travaillant à son développement. Elle appelle les décideurs et les entreprises à accompagner les ingénieurs.

Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican

Gaelle No’osi Epse Eboko est ingénieure, diplômée de l’Institut UCAC/ICAM, qui forme les ingénieurs principalement entre le Congo et le Cameroun. Elle est actuellement Responsable Qualité et Projet de la formation au sein de ce même institut qui l’a formée.

Pour Madame No’osi, l’ingénieur est, par étymologie, cette personne ingénieuse, de sexe féminin ou masculin, capable de trouver des solutions aux problèmes de sa communauté ; de concevoir, de créer, d’innover ou d’améliorer ce qui existe. Pour y parvenir, elle doit tenir compte de plusieurs facteurs : sociaux, environnementaux et économiques, etc. qui relèvent du développement durable. En concevant ses techniques, elle doit tenir compte des enjeux de la société d’aujourd’hui et aussi des générations futures.

La célébration de la journée internationale de l’ingénierie pour le développement durable, a déclaré l’ingénieure camerounaise, est une occasion de rappeler à tous les scientifiques la phrase de Rabelais : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Les ingénieurs ne doivent pas être seulement des producteurs des techniques, mais ils doivent savoir les utiliser pour la transformation de leur environnement, pour un lendemain meilleur.

Les ingénieurs en Afrique et le développement durable

Lorsque Madame No’osi a voulu devenir ingénieure, elle a opté pour une école en Afrique. Son choix a été motivé par le désir de trouver des solutions pour son milieu. « J’ai pensé que l’apprentissage serait adapté au contexte dans lequel je vis et où je veux avoir de l’impact », a-t-elle confié. Pour l’ingénieure camerounaise, les ingénieurs africains sont aujourd’hui capables de résoudre des problématiques qui sont les leurs et qui sont adaptées à leurs contextes. Voilà pourquoi ils ne doivent pas être seulement des concepteurs, mais doivent savoir maintenir ce qui existe déjà, pour le rendre plus rentable ; ils peuvent adapter leur génie à leur réalité locale ; ils peuvent faire le pont entre les réalisations techniques des autres et leurs contextes.

L’ingénieur africain, un acteur incontournable du développement

Aujourd’hui, l’ingénieur, qui est un acteur de développement social et économique en Afrique, est un grand contributeur dans nos pays qui sont en pleine construction. On compte : des ingénieurs en bâtiments et travaux publics, pour la construction des routes qui relient différents points ; des aéroports pour le développement de l’espace aérien ; des ingénieurs formés pour contribuer à maintenir des équipements, à produire de l’énergie, à créer de l’emploi à travers les entreprenariats qui proposent de plus en plus des solutions innovantes et adaptées à nos problématiques. On en compte également dans le domaine de la gestion de la logistique, de la livraison des courriers, etc. Madame No’osi est convaincue que « l’ingénieur africain est un acteur incontournable du développement ».

L’apport de l’ingénieur africain au développement

Pour leur développement, Madame No’osi invite les pays africains à faire confiance aux ingénieurs pour bénéficier de plus de réalisation. Avec la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, certains de ces ingénieurs ont proposé des solutions de désinfection, de détecteur de température, etc. Ils avaient besoin de l’accompagnement financier pour produire à plus large échelle. Les autorités peuvent s’appuyer sur leur créativité en développant des incubateurs qui sont des espaces où le génie des africains peuvent se développer, propose l’ingénieure camerounaise. Ils auront l’occasion de proposer des projets qui solutionnent des problèmes, et qui pourront être implémenter après évaluation.

Accompagner les ingénieurs

Les États africains peuvent aussi faciliter des démarches administratives auprès des entreprises pour des stages de meilleure qualité, en abordant des thématiques concrètes et adapter aux milieux africains. Dans le même sens, Madame No’osi propose que les autorités puissent faciliter les contacts entre les ingénieurs en formation et les entreprises qui sont aux prises avec la réalité et qui savent les évolutions à envisager. Pour accompagner les jeunes ou toutes les personnes qui veulent être formées, les États peuvent mettre à leur disposition des bourses d’études, des opportunités et d’autres moyens, afin de les permettre de s’exprimer.

Les États ont parfois des problèmes déjà identifiés. La ville de Douala, au Cameroun, par exemple, se trouve dans une zone proche de l’eau, qui affecte la « durée de vie » des routes. Le gouvernement peut faire un appel d’offre aux jeunes ingénieurs, qui proposeront des projets de solution, comme la mise en œuvre des pavées fabriquées sur base des déchets plastiques ou autres ; pour améliorer la qualité des routes et remédier au problème d’embouteillages.

Appels aux États africains à investir dans la formation des ingénieurs et à leur faire confiance

Accompagner les écoles qui forment les jeunes localement, pour améliorer la qualité de la formation ; mettre en œuvre des politiques d’accompagnement des ingénieurs pour éviter la fuite de nos ressources vers d’autres pays et accompagner les initiatives, sont les trois appels que Gaëlle No’osi lance aux autorités africaines. « Un ingénieur formé en Afrique en génie civile saurait mieux travailler dans son environnement que celui formé par exemple dans un contexte où il y a du gel et du dégel, qui ne correspond pas au milieu africain et peut-être avec des instruments qui seront moins adaptés », estime-t-elle.

L’invitation lancée aux États africains est celle de savoir faire confiance aux personnes formées « localement » en Afrique qui ont des compétences et qui ne cherchent qu’à les déployer.

Pour Madame No’osi, cette journée est aussi l’occasion pour les uns et les autres de se poser la question de savoir : « comment en tant qu’ingénieur j’impacte de manière durable mon environnement ? », « comment en tant que État j’encourage ces métiers et ressources importantes pour le développement de mon pays ? » et « comment, en tant qu’employeur, je valorise ce travail ? ».

Madame No’osi encourage par ailleurs les filles à entreprendre les études ingénierie, pour que ce domaine ne soit pas seulement réservé aux hommes seuls.

Suivre l’interview accordée à Radio Vatican par Gaëlle No’osi

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09 mars 2022, 12:58