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Camp pour des déplacés et refugiés servi par la Caritas du diocèse de Maroua-Mokolo/Cameroun Camp pour des déplacés et refugiés servi par la Caritas du diocèse de Maroua-Mokolo/Cameroun 

Cameroun : le diocèse de Maroua-Mokolo crie au secours face aux nombreux réfugiés et déplacés

La Caritas du diocèse de Maroua-Mokolo, par la voix de son secréaire permanent, M. Edouard Kaldapa, évoque la situation alarmante qui prévaut actuellement à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria.

Jean-Pierre Bodjoko, SJ* - Cité du Vatican

Plusieurs milliers de personnes sont déplacées et réfugiées au nord du Cameroun à cause des exactions que continue de commettre régulièrement la secte islamiste Boko Haram. Il est temps que la communauté internationale prête attention à ces populations dont le sort est oublié. Cette région du Cameroun est pourtant déjà confrontée à d’autres problèmes majeurs. Entretien.

A la frontière entre le Cameroun et le Nigeria se pose un sérieux problème de déplacés ou de réfugiés. Pourriez-vous nous décrire la situation qui y prévaut actuellement ?

Edouard Kaldapa : Effectivement, depuis pratiquement le début de l’année 2020, nous assistons à des attaques régulières des éléments de la secte islamiste Boko Haram, qui obligent la plupart des ménages à quitter leurs maisons et à fuir. C’est ainsi que le nombre de personnes déplacées et de réfugiés nigérians continue d’augmenter. Pourtant, les attaques spectaculaires ordinaires ont baissé d’intensité, mais c’est plutôt les attaques nocturnes des ménages et des villages qui se multiplient. Et c’est pratiquement tous les jours qu’on assiste à ces attaques dans les familles, créant ainsi le déplacement continuel des personnes.

Et comment ces personnes qui arrivent sont-elles prises en charge ?

La Caritas est présente, mais c’est surtout les Caritas au sein des paroisses qui sont tous les jours avec ces personnes déplacées. La Caritas diocésaine se déploie également pour leur venir en aide, au niveau alimentaire, de l’accès à l’eau et de l’accès aux soins de santé d’urgence. Nous collaborons aussi avec les autres acteurs humanitaires et les autorités politico-administratives, parce qu’il se pose aussi un problème d’accès à la terre pour installer ces personnes. Cette région de l’extrême-nord, qui reçoit en ce moment beaucoup de personnes déplacées, vit aussi une situation de pression foncière, c’est-à-dire que la densité est assez élevée et il n’y a pratiquement plus de terres. Même pour les populations hôtes, cela pose un sérieux problème d’accueillir ces personnes déplacées. Il faut ainsi régulièrement collaborer avec les autorités pour faciliter leur insertion.

A combien peut-on estimer le nombre de ces personnes déplacées ?

On peut estimer aujourd’hui à 550 mille le nombre de personnes déplacées, dont environ 100 mille réfugiés nigérians et le reste ce sont des déplacés internes camerounais. 

Ces personnes sont-elles en sécurité ?

Les zones où elles s’installent sont un peu plus sécurisées et elles n’y courent pas de dangers particuliers, sauf celles qui sont restées dans leurs villages à la frontière et continuent de vivre une situation assez alarmante. Elles sont obligées de passer des nuits dehors et se font même attraper par des éléments de Boko Haram dans leurs cachettes. C’est ainsi, par exemple, qu’à Nguetchewe, des personnes ont été prises dans leurs refuges de nuit et ont été abattues. On a perdu plus de 17 personnes dans ces conditions. Donc, la sécurité n’est pas du tout assurée dans les villages à la frontière.

Quels sont les problèmes auxquels est confrontée Caritas pour s’occuper de ces personnes ?

La crise humanitaire dans la région de l’extrême nord est peu connue, et donc, forcément, peu soutenue. Les aides sont globalement insuffisantes, mais nous essayons de répondre à la situation avec le peu de ressources dont nous disposons. Nous continuons également à sensibiliser les chrétiens à être plus attentifs et plus accueillants vis-à-vis de ces personnes déplacées.

Vous avez dit que la situation que ces personnes traversent est peu connue, pouvez-vous lancer un appel aux personnes vous suivent à travers radio Vatican ?

La région de l’extrême-nord et les villages qui sont à la frontière sont régulièrement victimes d’attaques quasiment pas connues. Les populations vivent ces menaces dans le silence et n’arrivent pas à recevoir les aides dont elles auraient besoin pour mener une vie normale. Donc, nous invitions la communauté internationale à être un peu plus attentive, même si cette communauté internationale ne fait généralement attention qu’aux actions un peu plus spectaculaires, comme des attentas Kamikazes, alors que tous les jours des personnes vivent dans la précarité et dans la peur, et ne sont pas du tout soutenues. Nous lançons donc un cri d’alarme pour que les gens aient en tête que la crise de Boko Haram dans l’extrême nord du Cameroun n’est pas terminée.

*Twitter : @JPBodjoko E-mail : jeanpierre.bodjoko@spc.va

M. Edouard Kaldapa au micro de Jean-Pierre Bodjoko, SJ

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18 novembre 2020, 19:35