Le Cardinal Czerny, le 20 janvier 2020. (Vatican Media) Le Cardinal Czerny, le 20 janvier 2020. (Vatican Media) 

Cardinal Czerny, un voyage de prière et de dénonciation

Mardi 8 mars, le cardinal Czerny, Préfet par intérim du Dicastère pour le service du développement humain intégral, s'est exprimé au média Aggiornamenti Sociali, sur sa visite à la frontière ukrainienne. Envoyé par le Pape François le 6 mars dernier, avec le cardinal Konrad Krajewski, il souhaite réaffirmer la solidarité de toute l'Eglise avec le peuple ukrainien.

Vatican News

«Mon voyage est un voyage de prière, de prophétie et de dénonciation. Je quitterai Rome le 8 mars pour rejoindre Budapest, puis je poursuivrai [mon voyage] en rencontrant des réfugiés et des personnes déplacées, ainsi que ceux qui les accueillent et les aident. En attendant, le Cardinal Konrad Krajewski, aumônier pontifical, est déjà arrivé en Pologne et fera de même dans les régions situées à la frontière de l’Ukraine.

Notre espoir est que nous puissions franchir la frontière dans les prochains jours et entrer en Ukraine, mais cela dépendra de l’évolution de la situation. Le Saint-Siège – comme le Pape François l’a dit avec force lors de l’Angélus du dimanche 6 mars – "est prêt à tout faire, à se mettre au service de cette paix". Ma mission en Ukraine est un signe de cette volonté, et ma tâche est d’apporter à ceux qui souffrent la présence et la proximité non seulement du Pape, mais de tout le peuple chrétien.»

Etre proche du peuple qui souffre

«Je m’y rends pour voir directement comment la situation se présente, et j’espère pouvoir apporter une aide matérielle, mais je fais ce voyage surtout pour rencontrer les gens, pour être avec eux: c’est la prophétie d’une présence et d’une proximité qui peuvent paraître faibles, voire insignifiantes selon la logique du monde et la force des armes. Mais il n’en est pas ainsi: être proche de son peuple, de ses enfants qui souffrent, c’est la manière que Dieu a choisie pour entrer dans l’histoire du monde. Même au prix de finir sur la croix.

 

Ce style de Dieu est symbolisé par le grand crucifix en bois qui, au cours des derniers jours – nous avons tous vu les images avec émotion – a été transporté de la Cathédrale arménienne de Lviv dans un bunker avec l’espoir de le sauver de la fureur et de la folie de la guerre. Tout comme dans les bunkers, dans les caves et dans des abris peut-être improvisés, nombreux sont ceux qui adressent leurs prières à ce Seigneur crucifié.»

Un voyage de prière

«C’est pourquoi je suis sûr que mon voyage sera un voyage de prière : celle du Pape, la mienne et celle de mes deux compagnons, l’un du Dicastère pour la communication et l’autre du Dicastère pour le service du développement humain intégral, celle de tous ceux qui nous accompagneront sur ce chemin, mais surtout la prière des personnes que nous rencontrerons, une prière qui – comme l’enseigne le livre du Siracide – "perce les nuages", car Dieu "entend la prière des opprimés. Il n’ignore pas l’appel de l’orphelin, ni celui de la veuve, quand elle donne libre cours à ses lamentations".

Ces personnes partagent le don de leur proximité avec Dieu avec ceux qui les rencontrent, avec ceux qui sont prêts à vivre le sacrement de la présence envers elles, en apportant la parole de l’Évangile et un soutien concret. Le geste de charité de ceux qui les accueillent devient une occasion de renforcer la foi qui nous unit et de nourrir l’espérance commune qu’un monde sans guerre est possible, que la violence et la mort n’ont pas le dernier mot : c’est le mystère de Pâques auquel nous nous préparons en ce Carême.»

Obtenir le respect entre différentes confessions religieuses

C’est pourquoi je rencontrerai aussi et transmettrai la proximité du Pape et de l’Église aux personnes engagées, de tant de manières différentes, dans les actions d’accueil: une armée silencieuse et désarmée qui travaille à la reconstruction de cette humanité que les armes tentent de détruire. Leurs mains sont les mains de tout le peuple chrétien, voire les mains mêmes de Dieu.

La foi n’est pas absente de la tragédie que l’Ukraine est en train de vivre, car elle est dans le cœur des personnes qui fuient la guerre: la plupart d’entre elles sont croyantes, comme beaucoup de celles qui les accueillent, et il est important que tous ceux qui souhaitent recevoir une aide religieuse puissent l’obtenir, dans le respect des différences entre les diverses confessions et religions. Lors de mon voyage, je m’efforcerai également d’atteindre cet objectif.

Un voyage de dénonciation

Enfin, ce voyage sera aussi un voyage de dénonciation. L’histoire des réfugiés ukrainiens est une histoire familière, qui se déroule selon le scénario dramatique des trop nombreux conflits, souvent oubliés, qui souillent notre monde de sang. Tout aussi rapidement que des millions de personnes ont dû quitter leur foyer en quelques jours, les nouvelles arrivent déjà que la machine de la traite des êtres humains et du trafic de migrants s’est mise en marche aux frontières et dans les pays de premier accueil : au drame de la guerre et du déplacement s’ajoute celui de l’esclavage.

Dans la mission que notre petite délégation effectuera, nous accorderons une grande attention à cette question, ainsi qu’à un autre point tout aussi douloureux : la marginalisation et parfois le rejet dont souffrent les Africains et les Asiatiques qui vivaient en Ukraine et qui fuient aujourd’hui avec le reste de la population. Il s’agit d’une question difficile à aborder dans une période aussi tendue, mais extrêmement urgente. Nous sommes tous les enfants d’un seul Père et la fraternité ne connaît pas de frontières : c’est le sens de l’étreinte du Pape et de l’Église que je porte à tous ceux que je rencontrerai.»

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08 mars 2022, 15:45