Un tank manœuvre près de Gaza, vu depuis le sud d'Israël, le 17 novembre 2023. Un tank manœuvre près de Gaza, vu depuis le sud d'Israël, le 17 novembre 2023. 

Le cardinal Parolin espère un nouvel Helsinki, et salue la rencontre Biden-Xi

Le secrétaire d'État du Saint-Siège considère la libération des otages israéliens et le cessez-le-feu comme condition sine qua non d’une solution à la guerre au Proche-Orient. Le cardinal Pietro Parolin s’est exprimé devant les journalistes à l’ambassade d’Italie près le Saint-Siège en marge d’un événement consacré aux abus sur mineurs. Le cardinal a condamné l'utilisation des hôpitaux pour des actes de guerre et révélé qu’une rencontre entre le Pape et les familles des otages se prépare.

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

D'un côté, la douleur pour le Proche-Orient -les otages toujours aux mains du Hamas et les civils de Gaza, dont la «toute petite» communauté chrétienne- et pour l'Ukraine où une guerre «sanglante» se poursuit. D'autre part, l'espérance d'un «pas en avant», avec la rencontre entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping, ou la possibilité de convoquer «un nouvel Helsinki». C’est ce qu’a exprimé le cardinal Pietro Parolin vendredi 17 novembre, s'adressant aux journalistes à l'ambassade d'Italie auprès du Saint-Siège, en marge de l'événement organisé par la fondation Telefono Azzurro «Brisons le silence» sur le thème des abus sur mineurs.

Condamnation des actions de guerre

L'attention se porte immédiatement sur le drame qui se déroule au Proche-Orient: «L'inquiétude continue, l'inquiétude est grande», a déclaré le cardinal, réitérant sa condamnation des actions de guerre contre les hôpitaux. «Le respect des hôpitaux et des lieux de culte est un aspect fondamental du droit international humanitaire. Il n'y a aucune raison d'utiliser les hôpitaux pour une action de guerre. La condamnation est donc totale», a-t-il ajouté.

Libération des otages et cessez-le-feu

Réaffirmant qu’une éventuelle rencontre entre le Pape et les familles des otages («Nous espérons pouvoir la réaliser le plus tôt possible») est à l’étude, le cardinal a aussi exprimé l'espoir -comme François l'a déjà fait à maintes reprises- que «nous parviendrons à la libération» des hommes, femmes et enfants israéliens encore aux mains du Hamas. «Nous pensons que la libération des otages est l'un des points fondamentaux de la solution au problème actuel, de l'aspect humanitaire, de qui est là-bas: femmes, hommes, enfants, bébés, femmes enceintes». L'autre point fondamental mis en avant par le secrétaire d'État est le cessez-le-feu et, avec lui, «l'arrivée de l'aide, la prise en charge des blessés». «Ce sont les deux principaux 'feux' autour desquels doit s'articuler une solution au problème», a précisé le secrétaire d’État.

Inquiétude pour la communauté chrétienne de Gaza

Il a ensuite fait siennes les paroles prononcées jeudi 16 novembre par le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, devant les évêques de la conférence épiscopale italienne réunis à Assise pour leur assemblée générale extraordinaire, où il s'est exprimé par liaison vidéo. Le cardinal Parolin a notamment fait part au cardinal Pizzaballa de sa préoccupation pour la communauté chrétienne de Gaza «qui est une petite communauté, très petite, de 150 personnes», désormais abritée «dans l'enceinte de l'église, où il y avait déjà beaucoup d'autres personnes».

«Cette préoccupation s'étend à tous, car le cœur de l'Église ne peut se fermer aux autres», a déclaré le cardinal, soulignant «l'ouverture de ces espaces à ceux qui voulaient les utiliser et la demande d'attention et de soin pour tous. Il y a de l'attention pour tout le monde», a-t-il souligné. «La douleur nous unit, devant la douleur il n'y a pas de distinction». Le cardinal a également expliqué qu'il avait été informé de la présence actuellement «de personne dans l'église». «Nous avons reçu des garanties mais comme vous le savez, la guerre ne fait pas de distinction. Tout cela dit, je m'arrête là. Le problème est un cessez-le-feu complet».

Possible exode des chrétiens

La perspective que le conflit en cours «contribue à poursuivre et peut-être à accroître l'exode des chrétiens, qui est une réalité dramatique en Terre Sainte et dans tout le Proche-Orient» est un problème selon le cardinal. Dans cette région, les conflits ont toujours été l'une des «raisons fondamentales de l'exode des chrétiens», qui, poussés par la violence, «sont partis pour trouver la sécurité et la paix dans d'autres lieux».

Entre-temps, les tentatives diplomatiques se poursuivent: «Il me semble que l'Égypte et le Qatar font quelque chose». En tant que Saint-Siège, «nous sommes en contact -il n'y a pas de médiation directe- avec différents interlocuteurs pour essayer d’aider et de faire émerger une solution au problème».

Peu de perspectives de solution en Ukraine

Toujours sur le thème de la guerre, le regard s'est porté sur l'Ukraine, dont -ont souligné les journalistes- «on parle de moins en moins». «Cela dépend de vous», a rétorqué le cardinal Parolin. «C'est vous qui accordez de l'attention à l'un et pas à l'autre. Au contraire, tous ces conflits devraient être présents, en particulier celui de l'Ukraine, car il s'agit d'un conflit très sanglant». Le secrétaire d'État s'est dit «consterné» et «très attristé» par toutes les victimes qui se produisent dans les deux camps. «Même en Ukraine, nous ne voyons pas de grandes perspectives de solution, mais malheureusement, c'est là aussi qu'il faut trouver une issue à cette tragédie», a-t-il affirmé.

Rencontre entre les présidents américain et chinois

D'où l'espoir -exprimé à plusieurs reprises par le Pape, mais aussi par le cardinal Parolin lui-même, ici même au Palazzo Borromeo, il y a environ un an- d'une nouvelle conférence d'Helsinki, dans le sillage de l'événement de 1975 qui a mis un terme à la guerre froide. «Espérons, espérons. La rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping à San Francisco est un signe positif». Pour le cardinal Parolin, il s'agit «d'un pas en avant dans les relations entre les États-Unis et la Chine, ils ont dit que nous ne pouvions pas nous tourner le dos l'un à l'autre. Ici, il me semble que c'est un progrès dans une situation de tension générale».


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17 novembre 2023, 11:44