Le cardinal Parolin à Rumbek, lors de la célébration de la messe pour la paix et la réconciliation. Le cardinal Parolin à Rumbek, lors de la célébration de la messe pour la paix et la réconciliation. 

Le pardon dissout la peur et crée la fraternité, estime le cardinal Parolin

Le jeudi 17 aout 2023 a été le quatrième et dernier jour de la visite au Soudan du Sud du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, arrivé à Djouba lundi dernier. Il a été accueilli à Rumbek, où il a présidé la messe pour la paix et la réconciliation.

Paolo Ondarza - Cité du Vatican

«Il est temps de tourner la page», pour faire place à la justice et à la paix. Le cardinal Pietro Parolin, en citant le Pape François, a prononcé des paroles pleines d'espoir lors de la messe pour la réconciliation et la paix qu’il a présidé à Rumbek. Dans le Seigneur Jésus, qui après sa mort sur la croix s'est arrêté après sa résurrection, parmi les disciples effrayés en leur disant « la paix soit avec vous», toute peur peut être transformée. Aujourd'hui, ces paroles, a poursuivi le cardinal, nous sont adressées.

La tentation des armes et le pouvoir du pardon

L'absence de justice et de paix, a observé le secrétaire d'État, génère des peurs et des sentiments d'impuissance: quand la peur l'emporte, on cède à la tentation de mettre plus de foi dans les armes que dans le pouvoir du pardon, de faire confiance plus dans nos moyens que dans la transformation qui vient du Seigneur ressuscité. Nous devenons incapables de nous engager pour la justice et la paix et de construire une communauté plus fraternelle. Les causes de discorde s'élargissent, comme les inégalités économiques. Nous cédons à la colère, la méfiance, l’orgueil et l’égoïsme. La peur peut aussi surgir de l'intérieur de nous-mêmes, de la réalité du péché, mais le Christ a chassé le péché, a vaincu la peur, révélé l'amour parfait, a averti le cardinal Parolin en appelant la communauté ecclésiale à ce qu'elle «fasse partie de la société humaine et apporte avec elle les mêmes difficultés et contradictions».

Nous sommes l'Église au service de la réconciliation

«L'Église est l'épouse du Christ, pas une agence ou une entreprise humanitaire», a-t-il poursuivi: «Nous faisons partie de l'Église parce que Dieu nous a appelés, nous confiant le ministère de la réconciliation». On ne devient pas membre de l'Église en étant embauché, comme dans un bureau, ou en se voyant confier des projets d'éducation ou de soins de santé. «Nous sommes des serviteurs de l'Evangile», a indiqué Parolin, «nous nous appartenons par notre foi chrétienne, quelle que soit notre origine ou notre tribu».


Le pardon, clé de la justice et de la paix

Tout dommage fait à une seule personne, «à un frère ou à une sœur, nuit à toute la société», a-t-il poursuivi, exhortant à renoncer à la violence comme moyen de régler les différends: «c'est le pardon, obtenu du Christ sur la croix, qui est la clé de la justice et de la paixla non-violence est le seul moyen de surmonter les divisions au sein d'une communauté». Le cardinal Parolin a ensuite rappelé, citant les paroles du Pape François lors de sa visite au Soudan du Sud en février dernier, qu'en se faisant petit et en laissant la place à son prochain en qui on reconnaît un frère, on devient grand aux yeux du Seigneur.

Familles chrétiennes et ministres désintéressés

Il y avait un fort appel à abandonner les idoles de l'honneur et du prestige personnels, à dépasser les différences et les divisions dictées par l'appartenance à des groupes ethniques. Être Église, a ajouté le cardinal Parolin, ne signifie pas seulement avoir reçu le baptême une fois pour toutes ou participer passivement à une célébration. D'où l'exhortation à recevoir fréquemment les sacrements de l'Eucharistie et de la Réconciliation, à valoriser l'engagement chrétien dans le mariage ou dans la vie consacrée:  La famille est la première école de la société et la vie religieuse est vitale pour la mission de l'Église, appelée servir et non commander», a-t-il souligné.

Le courage de la paix

«Soyez courageux», a déclaré le secrétaire d'Etat du Vatican: «C'est le moment de vous engager, de faire voir votre enthousiasme, votre potentiel et l'envie de vous impliquer». Le mal n'a pas le dernier mot et ne l'emporte pas toujours, a-t-il conclu. Le secrétaire d'Etat a ensuite rappelé que, mardi dernier, le jour de l'Assomption de Marie, il s'était déjà rendu à Malakal, un lieu où «le problème des personnes déplacées et des réfugiés est très critique». Il a ensuite expliqué avoir accepté avec joie l'invitation de l'évêque de Rumbek à visiter son diocèse pour un «moment de foi, de prière, de communion dans l'Eglise». À son arrivée à Djouba le 14 août drenier, le cardinal Parolin a rencontré le président sud-soudanais Salva Kiir et lui a remis un message du Pape. Il est porteur de l'invitation au peuple du Soudan du Sud «à embrasser l'esprit de paix et de réconciliation pour construire une société harmonieuse dans le pays».

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17 août 2023, 14:42