Prestation de serment des gardes suisses, le 6 mai 2021 Prestation de serment des gardes suisses, le 6 mai 2021 

Ce 22 janvier où tout a commencé pour la Garde Suisse Pontificale

La date officielle de fondation de la Garde Suisse Pontificale est le 22 janvier 1506. Retour sur l’histoire de la fondation de la plus vieille armée en service au monde.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

“Acriter et Fideliter“, courage et fidélité : la devise de la Garde Suisse Pontificale n’a jamais été démentie par les faits tout au long de plus de cinq siècles d’histoire, rythmés par des vicissitudes. Elle semble même s’imposer dès la création du corps d’armée chargé de veiller sur la sécurité du Successeur de Pierre.

Grand amateur d’arts – c’est lui qui commande à Michel-Ange les fresques de la Chapelle Sixtine – le Pape Jules II, né Giuliano della Rovere, est aussi un pontife stratège voire guerroyeur dans une Europe à feu et à sang. Son pontificat s’étend de 1503 à 1513.

Plus de 900 km à pied

Le 21 juin 1505, il s'adresse à la Confédération suisse afin d'obtenir un corps permanent de deux cents soldats pour la protection de sa personne et du Palais apostolique. Il s’adresse pour cela à la Diète suisse, par la voix de Peter von Hertenstein, archidiacre de la cathédrale de Sion, dans le canton du Valais. Les mercenaires suisses étaient alors considérés comme les meilleurs d’Europe, une réputation qui fut décisive dans le choix de Jules II.

En septembre 1505, un premier contingent de gardes suisses se met en route pour Rome. À pied et dans la rigueur de l’hiver, ils marchent vers le Sud, passant par le col du Saint-Gothard et recevant leur solde du banquier Jacob Fugger. Le 22 janvier 1506, les 150 hallebardiers organisés en compagnies commandées par l'Uranais Kaspar von Silenen – qui sera commandant de la Garde Suisse jusqu’en 1517 - achève son périple, en arrivant sur la place du Peuple (Piazza del Popolo), principale porte d’entrée dans la Ville éternelle. Ils sont bénis par Jules II: leur service de la papauté commence.

Les premiers hallebardiers arrivent à Rome le 22 janvier 1506
Les premiers hallebardiers arrivent à Rome le 22 janvier 1506

De la victoire au massacre

En 1512, au cours d'une cérémonie grandiose, Jules II remet aux Gardes suisses le titre de «défenseurs de la liberté de l'Église». Les soldats se sont en effet brillamment battus contre les troupes du roi de France, Louis XII, qui cherchaient à destituer le Pape, après que celui-ci avait constitué plusieurs alliances afin de chasser les Français hors du territoire italien.

Le Siège de Pierre est à nouveau gravement menacé au cours du Sac de Rome, en 1527. Rome, qui fait alors partie des États pontificaux, est mise à sac par des troupes mutinées de Charles Quint essentiellement composées de lansquenets allemands luthériens, sous les ordres de Charles III de Bourbon. Lorsque celui-ci est touché mortellement par un tir d’arquebuse, le 6 mai, les soldats impériaux arrivés à Rome se décident à saccager la ville, et s’emparent immédiatement du Borgo, à deux pas du Vatican.

Cent quarante-sept hallebardiers périssent en combattant les lansquenets pour défendre l'escalier menant au tombeau de saint Pierre, pendant que quarante-deux autres protègent la fuite du Pape Clément VII au château Saint-Ange. Ils seront les seuls survivants. En mémoire de cet événement tragique, et dès l’année suivante, la cérémonie annuelle au cours de laquelle les nouveaux gardes prêtent serment se tient le 6 mai.

Passage reliant le Palais apostolique au Château Saint-Ange, emprunté par Clément VII et ses soldats
Passage reliant le Palais apostolique au Château Saint-Ange, emprunté par Clément VII et ses soldats

Une lente renaissance

Le 5 juin 1527, Clément VII doit se rendre, en acceptant de lourdes conditions : l'abandon des forteresses d'Ostie, de Civitavecchia et de Civita Castellana et des villes de Modène, Parme et Plaisance, ainsi que le paiement de quatre cent mille ducats. La Garde Suisse est remplacée par des mercenaires espagnols et des lansquenets. Le Pape exige que les hallebardiers survivants soient inclus dans la nouvelle Garde, mais seuls 12 d'entre eux acceptent. En 1547, L'assassinat du duc Pierluigi Farnèse par les Impériaux décide Paul III à licencier sa garde de lansquenets et à en confier à nouveau la sécurité aux Suisses. C’est au cardinal italien Ennio Filonardi que l’on doit d’avoir reconstitué les effectifs de la Garde Suisse. Il choisit personnellement les officiers, en tenant compte de la réputation de leurs familles d’origine.

En mars 1548, la nouvelle armée du Pape prend ses fonctions à Rome sous les ordres du lucernois Jost von Meggen, qui reste commandant jusqu’en 1559.

Une mission exigeante

La Garde Suisse n’a plus combattu depuis 1870, avec la fin des États Pontificaux. Sa présence reste néanmoins indispensable pour garantir la sécurité du Souverain Pontife, que ce soit au cours des grands évènements comme durant son quotidien, y compris la nuit. La mission des 135 soldats comprend également l’accompagnement du Saint-Père lors de ses voyages apostoliques, la surveillance des entrées officielles de la Cité du Vatican, la prestation de services d’ordre et d’honneur – lors de la visite de chefs d’État par exemple –, et la protection du Collège cardinalice durant la vacance du Siège apostolique. Un service que les Suisses s’efforcent de rendre «loyalement et de bonne foi», comme ils le jurent le jour de leur assermentation, sous le regard de Dieu et des saints patrons de la Garde.

Un garde suisse prête serment, le 6 mai 2021
Un garde suisse prête serment, le 6 mai 2021

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22 janvier 2022, 15:38