Radio Vatican, une quarantaine de langues, dont le français

Les 90 ans de Radio Vatican sont l’occasion de (re)découvrir les trésors dont elle recèle : ses langues. Elles sont une quarantaine dont, bien sûr, le français. Deux rédactions travaillent chaque jour aux programmes radiophoniques francophones et aux pages web. Entretien avec Romilda Ferrauto, ex-rédactrice en chef de la rédaction francophone.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

La langue française a toujours été une des principales de Radio Vatican, dès sa création en 1931. Langue de la diplomatie vaticane pendant très longtemps, forte de son influence dans le monde, de ses auteurs catholiques de références, son prestige a rejailli sur la rédaction francophone, souligne son ancienne rédactrice en chef, Romilda Ferrauto.

Certes, son importance a diminué ces dernières années, mais la mission demeure la même: informer les auditeurs de langue française sur les activités du Pape, du Vatican, de l’Église et sur ce qui se passe dans le monde, «avec un regard chrétien» précise Romilda Ferrauto, qui avoue avoir volé la formule à RCF, l'une des radios qui diffusent les émissions de Radio Vatican.

 

Il faut le faire en adoptant «la langue et la culture» des personnes auxquelles on s’adresse, autrement dit «un public très diversifié» constate-t-elle, pensant aux auditeurs de France, de Belgique, du Québec ou de l’Afrique francophone pour n’en citer que quelques uns.

Diversité de la Francophonie

Savoir s’adresser à «un public très diversifié, sur le plan culturel, sur le plan des besoins et des attentes» a toujours été pour la journaliste une préoccupation constante. À cela, s’ajoutait l’absence de retour de la part de ce public, du fait de l’absence des réseaux sociaux et d’internet, à l’époque où les programmes n’étaient diffusés que via les ondes courtes. «On parlait sans savoir exactement à qui on s’adressait».

L’arrivée des satellites et la reprise des émissions par des radios locales en FM ont marqué une évolution notable de la manière dont la rédaction s’est adressé à son public. De lointain, il a fallu être beaucoup plus proche. Mais une constante demeure: pour s'adresser à ces publics, le premier chef de Romilda Ferrauto lui a donné un conseil qu'elle a suivi tout au long de sa carrière. «Pense à une personne que tu connais, une personne que tu aimes beaucoup, qui a peut-être un certain âge – il faut donc bien lui dire les choses, bien articuler, expliquer – n'imagine pas parler à une foule parce que quand on parle à la radio, on parle à des individus», explique-t-elle.

Mais il faut accepter d'avoir un «lien lointain» avec les auditeurs considère Romilda Ferrauto. «C'est un peu frustrant mais cela donne une liberté que d'autres médias de proximité n'ont pas parce que l'on se sent moins obligés que d'autres de plaire», souligne-t-elle. Les journalistes ne sont pas soumis aux réactions des auditeurs, «or c'est maintenant un petit peu le cas de tous les journalistes qui sont soumis au nombre de like et de clics, qui est une forme d'esclavage».

Des auditeurs un peu plus proches

L'une des évolutions les plus notables de ces dernières décennies a été l'ouverture à l'actualité internationale, au début des années 1980. Le débat est vif au sein de la radio et au-delà. «C'était un peu comme les Anciens et les Modernes» se souvient Romilda, qui est arrivée à la radio à ce moment-là. Traiter l'actualité internationale a-t-il du sens pour Radio Vatican alors que d'autres le font avec davantage de moyens? Les «Modernes» pensaient que «l'on ne peut être catholiques que si on est dans le monde».

Ce débat survient alors que Jean-Paul II parcourt déjà le monde, visitant de nombreux pays et faisant définitivement sortir la papauté des seuls murs du Vatican. Aujourd'hui, «comment dire que le Pape lance un appel en faveur de la Birmanie si sur nos antennes on n'a jamais parlé de la Birmanie et de ce qui s'y passe?», explique l'ancienne rédactrice en chef. En n'oubliant jamais de porter sur chaque situation un regard chrétien.

Entretien avec Romilda Ferrauto

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13 février 2021, 11:50