Mgr Ivan Jurkovic Mgr Ivan Jurkovic 

ONU: Mgr Jurkovic plaide pour l’allègement de la dette des pays pauvres

Intervenant ce 2 juillet lors d’une session du bureau “Commerce et développement” de la CNUCED, Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, a alerté sur les conséquences de la crise sanitaire actuelle sur l’économie mondiale et dans les pays en développement, renouvelant l’appel du Saint-Père à réduire voire effacer la dette des nations les plus pauvres.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

C’est un tableau sombre, mais avec des pistes envisageables pour les prochains mois, que Mgr Ivan Jurkovic a dépeint hier à Genève devant les participants à cette 67e session de la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement). «Le virus de la Covid-19 pose des défis sans précédent aux gouvernements des pays développés» a d’emblée reconnu l’observateur permanent du Saint-Siège, évoquant tour à tour «un effondrement des d'investissement, l'augmentation rapide du chômage, ainsi que de profondes incertitudes et une fragilité accrue des marchés financiers».

Alléger le fardeau des pays pauvres

Mgr Jurkovic a ensuite souligné que la crise actuelle «affectera plus gravement les vies et les moyens de subsistance de ceux qui vivent dans le monde en développement». Mais pour atténuer un «impact potentiellement dévastateur», il est encore possible «de s'attaquer au fardeau écrasant de la dette extérieure accumulée, tant au niveau public que privé, dans les pays en développement, au cours des dernières années».

Et l’observateur permanent du Saint-Siège d’appeler à «coordonner l'action de la communauté internationale en vue d'un allégement rapide et substantiel de la dette des pays en développement en crise, qui en ont plus que jamais besoin». Mgr Jurkovic, après avoir remercié la CNUCED pour des mesures déjà prises en ce sens, a repris les mots du Pape François, qui lors du message Urbi et Orbi du 12 avril dernier demandait «que tous les États se mettent en condition d’affronter les besoins majeurs du moment, en réduisant, si non carrément en remettant, la dette qui pèse sur les budgets des États les plus pauvres».

Revoir la stratégie financière mondiale

Le prélat a aussi appelé la communauté internationale à établir «un programme plus exigeant et plus ciblé qui aborde les problèmes systémiques des contraintes sur la mobilisation des ressources et la diffusion des technologies, qui atténue les asymétries de pouvoir de marché découlant des règles déséquilibrées d'une économie hyper-mondialisée, qui corrige les déficits existants en matière de gouvernance économique mondiale, et garantisse l'espace politique nécessaire pour faire coïncider les défis locaux avec les objectifs internationaux».

Toutefois, «les racines de cette crise ne sont pas seulement économiques et financières mais, surtout, de nature morale», a estimé l’observateur permanent du Saint-Siège. «En reconnaissant la primauté de l'être sur l'avoir et de l'éthique sur l'économie, les peuples du monde devraient adopter une éthique de solidarité pour alimenter leur actions».

Mettre l'éthique au premier plan

Pointant du doigt «la libéralisation excessive et la déréglementation» des marchés qui se sont particulièrement développées ces dernières décennies, Mgr Jurkovic s’est ainsi fait le défenseur d’une «approche éthique forte, basée sur notre responsabilité pour les résultats futurs».

«Avec honnêteté, responsabilité et courage, la communauté internationale doit mettre les connaissances et les talents “au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social, plus intégral” (Laudato Si' , 112), capable de placer l'économie au service de la personne humaine, de la construction de la paix et de la protection l'environnement», a-t-il poursuivi, avant de mettre en garde son auditoire: «pour ces raisons, la communauté internationale ne peut pas laisser le système financier continuer à être une source de l'instabilité; elle doit prendre d'urgence des mesures pour empêcher le déclenchement d'autres crises financières à l'avenir».

«Ce temps n’est pas le temps de l’indifférence, parce que tout le monde souffre et tous doivent se retrouver unis pour affronter la pandémie. (…) Que ces frères et sœurs plus faibles, qui peuplent les villes et les périphéries de toutes les parties du monde, ne soient pas laissés seuls», a conclu Mgr Jurkovic, reprenant là aussi les paroles prononcées par le Saint-Père le 12 avril dernier.

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03 juillet 2020, 12:14