Audience générale: Charles de Foucauld, figure prophétique de notre temps

À mi-chemin de l’assemblée synodale, François choisit l’exemple évangélisateur de saint Charles de Foucauld, et met en relief les différentes facettes de la vie du saint, dont son attention à l’importance des laïcs pour la participation à la mission de l’Église.

Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican

La tendresse d’un frère du désert était au centre de la catéchèse de François, ce mercredi 18 octobre pour l’audience générale place Saint Pierre. Poursuivant sur le zèle apostolique du croyant, le Pape a mis en lumière l’amour de Saint Charles de Foucauld pour le Christ «au point de passer de l’attraction pour Jésus à l’imitation de Jésus». Dans une de ses lettres à un ami de lycée non croyant, Gabriel Tourdes, le frère Charles écrit avoir perdu son cœur pour Jésus de Nazareth.

François relève ici un premier aspect: recevoir Jésus dans le cœur est le premier pas de l’évangélisation. Il s’en explique: «Si ce n'est pas le cas, difficilement nous réussissons à le montrer par notre vie. Nous risquons en revanche de parler de nous-mêmes, de notre groupe, d'une morale ou, pire encore, d'un ensemble de règles, mais pas de Jésus, de son amour, de sa miséricorde». Charles de Foucauld a fait de Jésus la passion de sa vie. Il s’est rendu à Nazareth pour marcher là où le Christ avait marché. Il visite en Terre Sainte les lieux de la vie du Seigneur et «vit une relation intense avec Lui». Il parcourt les Évangiles des heures durant, jusqu’à se sentir comme «le petit frère» de Jésus. C’est de là, souligne François, que nait son ardent désir de faire connaitre le Christ; «toute notre existence doit crier l’Évangile», écrit Charles.

Crier dans le silence

L’attitude évangélisatrice de Saint Charles de Foucauld ne fait pourtant pas de bruit. Il s’installe pauvrement dans le désert du Sahara et passe la moitié de ses journées en silence, «convaincu que la "vie eucharistique" évangélise». Pendant des heures, il reste en prière devant le tabernacle, aux pieds de Jésus, qui est pour lui le premier évangélisateur. Il laisse donc agir le Christ qui, dans l’adoration de l’Eucharistie, le rapproche des autres. Cette force de l’Eucharistie était concrète pour Saint Charles de Foucauld. L’est-elle aussi pour nous? «Croyons-nous au pouvoir de l'Eucharistie?» interroge François. «Notre sortie vers les autres, notre service, trouve-t-il là, dans l'adoration, son commencement et son accomplissement?», questionne le Saint-Père.

Tout chrétien est un apôtre

Dans une correspondance à son ami Joseph Hours, Charles de Foucauld affirme que «tout chrétien est apôtre», et il ajoute qu’«à côté des prêtres, nous avons besoin de laïcs qui voient ce que le prêtre ne voit pas, qui évangélisent avec une proximité de charité, avec une bonté pour tous, avec une affection toujours prête à se donner». Le Souverain pontife voit dans cet échange du début du XXe siècle une anticipation du Concile Vatican II. La perception de l’importance des laïcs par le frère Charles est prémonitoire. Et François d’indiquer aux fidèles quelques lignes utiles pour un appel d’air. Il suggère de s’inspirer du saint pour faire accroitre la participation des laïcs, de se mettre à genoux, d’accueillir l’action de l’Esprit «qui suscite toujours de nouvelles manières de s'engager, de se rencontrer, d'écouter et dialoguer, toujours dans la collaboration et dans la confiance», en soulignant la nécessité d’une participation qui soit «toujours en communion avec l'Église et avec les pasteurs».

Ces quelques mots de François adressés aux pèlerins de la place Saint-Pierre, pourraient aussi résonner jusque dans la salle Paul VI, toute proche, où les participants au synode sont appelés à réfléchir et échanger sur cette thématique, puisque l’Instrumentum laboris, l’a portée à l’ordre du jour de cette manière: «Il est nécessaire de donner un nouvel élan à la participation spéciale des laïcs à l'évangélisation dans les diverses sphères de la vie sociale, culturelle, économique et politique», dans la section B2 intitulée: «Que faire pour qu'une Église synodale soit aussi une Église missionnaire “toute entière ministérielle?”»



L’apostolat de la douceur

Le frère du désert, proche des pauvres et pauvre avec eux, est donc une «figure prophétique de notre temps», affirme le successeur de Pierre. Il a témoigné «de la beauté de la communication de l’Évangile à travers l’apostolat de la douceur». Son cœur était ouvert à l’accueil de tous. Il avait tissé des liens d’amitié avec les pauvres et les Touaregs, et finalement avec ceux qui étaient éloignés de sa mentalité. La «force évangélisatrice» de la «tendresse» de Charles de Foucauld a ouvert les portes de la fraternité, de l'inclusion, et de l'appréciation de la culture de l'autre. Enfin, François conclut sur la joie de l’annonce. Se référant à Charles, qui aimait aussi rire, ce qui mettait de bonne humeur son entourage, facilitait les liens et la compréhension de l’autre, l’évêque de Rome demande de porter la joie en nous et aux autres. La joie est la charité du cœur et «le thermomètre qui mesure la chaleur de notre annonce de Jésus».

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18 octobre 2023, 09:59