Le Pape François lors de l'audience générale du 15 mai 2013 Le Pape François lors de l'audience générale du 15 mai 2013 

François: la paix qui naît de la fraternité permet de surmonter les crises

Le message du Pape François pour la 56e Journée mondiale de la paix – célébrée le 1er janvier prochain – est paru ce vendredi 16 décembre. Le Saint-Père revient sur la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, deux crises majeures qui doivent interpeller l’humanité. Seuls la fraternité et la compassion, inspirées par l’amour de Dieu, peuvent nous aider à tracer des sentiers de paix.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

«La Covid-19 nous a plongés dans la nuit», écrit le Pape François au début de ce message, après avoir lancé un appel à la vigilance en reprenant les mots de saint Paul (1Th 5,6).

Dans ce texte, intitulé «Personne ne peut se sauver tout seul. Repartir après la Covid-19 pour tracer ensemble des sentiers de paix», François propose de faire un pas de côté par rapport à la pandémie qui a bouleversé «l'apparente tranquillité des sociétés, même les plus privilégiées, entrainant désorientation et souffrance».

Un trésor fragile, la fraternité

Les méfaits causés par la crise sanitaire sont énoncés, tels que la solitude, les inégalités, un sentiment «de défaite et d’amertume» qui nuit aux efforts pour la paix et exacerbe les conflits sociaux. Le Saint-Père a une pensée particulière pour les «millions de travailleurs clandestins dans de nombreuses régions du monde, qui sont restés sans emploi et sans aucun soutien durant tout le confinement».

François rappelle «qu’on ne sort jamais identiques des moments de crise», et invite à un questionnement: «qu'avons-nous appris de cette situation de pandémie ? Quels chemins nouveaux devons-nous emprunter pour nous défaire des chaînes de nos vieilles habitudes, pour être mieux préparés, pour oser la nouveauté ?»

Il identifie «la plus grande leçon léguée par la Covid-19»: le fait «que nous avons tous besoin les uns des autres, que notre plus grand trésor, et aussi le plus fragile, est la fraternité humaine fondée sur notre filiation divine commune, et que personne ne peut se sauver tout seul».


Le socle de la paix

Fustigeant le «poison individualiste et idolâtre» de la mondialisation et de la technologie, le Pape demande de tracer «le chemin de cette fraternité humaine» qui a déjà émergé durant la crise.

«Il a résulté de cette expérience une conscience plus forte qui invite chacun, peuples et nations, à remettre au centre le mot "ensemble". En effet, c'est ensemble, dans la fraternité et la solidarité, que nous construisons la paix, que nous garantissons la justice et que nous surmontons les événements les plus douloureux», peut-on lire. Le Souverain Pontife insiste: «Seule la paix qui naît de l'amour fraternel et désintéressé peut nous aider à surmonter les crises personnelles, sociales et mondiales».

Le fléau de la guerre en Ukraine

Dans une seconde partie de son message, le Saint-Père aborde «une nouvelle calamité terrible» qui «s'est abattue sur l'humanité», «motivée par des choix humains coupables»: la guerre en Ukraine. Elle «sème des victimes innocentes et répand l'incertitude», regrette François, «de manière étendue et indiscriminée».

«Ce n'est certes pas l'ère post-Covid que nous espérions ou attendions». Cette «défaite pour l’humanité entière» démontre que le «virus de la guerre est certainement plus difficile à vaincre que ceux qui affectent l'organisme humain, car il ne vient pas de l'extérieur mais de l'intérieur, du cœur humain, corrompu par le péché», dénonce le Pape.

Il est donc urgent de «permettre à Dieu, à travers ce moment historique, de transformer nos critères habituels d'interprétation du monde et de la réalité». Autrement dit, agir à la «lumière du bien commun», en s’ouvrant à la «fraternité universelle», «en créant les bases d’un mode plus juste et pacifique».


Se lever pour relever les défis

Le Pape attire l’attention sur l’interconnexion des crises. Les «problèmes individuels sont en réalité causes ou conséquences les unes des autres». Cela invite à relever les «défis de notre mode avec responsabilité et compassion», dans des domaines tels que la santé publique, la paix, l’environnement, le travail, les migrations et l’alimentation – «Le scandale des peuples affamés nous blesse», déclare notamment François.

«Ce n'est qu'en nous dépensant dans ces situations, avec un désir altruiste inspiré par l'amour infini et miséricordieux de Dieu, que nous pourrons construire un monde nouveau et contribuer à édifier le Royaume de Dieu qui est un Royaume d'amour, de justice et de paix», écrit le Souverain Pontife.

François conclut ce message pour le 1er janvier par un vœu de sagesse: «marcher ensemble en conservant précieusement ce que l'histoire peut nous apprendre», et construire «jour après jour en artisans de la paix, une bonne année».

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16 décembre 2022, 10:00