Pape François: le bienheureux Artemide Zatti, une vie pour les pauvres

Le Pape François a reçu samedi 8 octobre en salle Paul VI du Vatican, les pèlerins venus de Boretto, d'Argentine et des Philippines, ainsi que les membres de la grande famille salésienne de nombreux pays du monde, en particulier les coadjuteurs salésiens, venus à Rome pour la canonisation du bienheureux Artemide Zatti, dimanche 9 octobre. Dans son discours, François est revenu sur l'histoire, l'engagement dans la foi, et la vocation des frères salésiens.

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Exprimant sa joie de recevoir la grande famille salésienne, dont les membres du Conseil général, les cardinaux et les évêques salésiens venus à Rome pour la canonisation d’Artemide Zatti, le Saint-Père s’est dans son intervention penché essentiellement sur la vie du bienheureux Artemide Zatti, menée sur terre, présentant des aspects de sa noble mission accomplie.

Arrivés en Argentine en 1875, les salésiens ont d'abord exercé leur apostolat, à Buenos Aires et dans d'autres lieux, surtout en faveur des émigrés italiens. Artemide Zatti a fait la connaissance des salésiens à Bahía Blanca, où lui et sa famille étaient venus d'Italie en 1897. Malheureusement, beaucoup de migrants ont perdu les valeurs de la foi, pris par le travail et les problèmes rencontrés. Mais la famille Zatti, Dieu merci, était une exception, raconte le Pape. Leur participation à la vie de la communauté chrétienne, leurs relations cordiales avec les prêtres, la prière commune à la maison et la fréquentation des sacrements n'ont pas fait défaut. Artemide Zatti a grandi dans un «excellent environnement chrétien», et, grâce aux conseils du père Carlo Cavalli, a mûri dans son choix pour la vie salésienne.

Don de sa vie aux autres

Frappé par la tuberculose à l'âge de vingt ans, la maladie semble anéantir tous ses rêves, mais, grâce à la guérison obtenue par l'intercession de Marie Auxiliatrice, souligne le Pape, Artemide Zatti consacre toute sa vie aux malades, en particulier aux plus pauvres, aux abandonnés et aux laissés-pour-compte. Les hôpitaux de San José et de Sant Isidro étaient «une ressource sanitaire précieuse et unique» pour soigner en particulier les pauvres de Viedma et de la région du Rio Negro. Son héroïsme en a fait des lieux d'irradiation de l'amour de Dieu, où les soins de santé sont devenus une expérience de salut.

Dans ce mouchoir de poche de la terre patagonienne, où court la vie «de notre bienheureux», une page de l'Évangile a été réécrite: le Bon Samaritain a trouvé en lui un cœur, estime le Souverain pontife, des mains et une passion, surtout pour les petits, les pauvres, les pécheurs, les derniers. Ainsi, l'hôpital est devenu «l'auberge du père», signe d'une Église qui se veut riche en dons d'humanité et de grâce, «une demeure du commandement de l'amour de Dieu et du frère, lieu de la santé comme gage de salut», poursuit le Pape.

«Un homme de communion avec les autres»

Pour lui, l'hôpital et les maisons des pauvres, visités nuit et jour en se déplaçant à bicyclette, étaient la frontière de la mission d’Artemide. Il a vécu le don total de lui-même à Dieu et la consécration de toutes ses forces au bien de son prochain. Son travail intense et sa disponibilité inlassable pour les besoins des pauvres étaient animés par une profonde union avec le Seigneur: prière constante, adoration eucharistique prolongée, prière du chapelet. Il est «un homme de communion, qui sait travailler avec les autres: religieuses, médecins, infirmières; et par son exemple et ses conseils, il façonne les gens, façonne les consciences, convertit les cœurs», affirme François.

«Nous le voyons comme un coadjuteur salésien», a déclaré François dans son discours, rappellant le témoignage donné par Artemide Zatti en 1915 à Viedma, lors de l'inauguration d'un monument à la mémoire du Père Evasio Garrone, missionnaire salésien, qu’il considérait comme un éminent bienfaiteur. À cette occasion, il a fait la déclaration suivante: «Si je suis bien portant, en bonne santé et en mesure de faire du bien à mon voisin malade, je le dois au père Garrone, médecin, qui, voyant ma santé s'aggraver de jour en jour, car je souffrais de tuberculose avec de fréquentes hémoptysies, m'a dit avec détermination que, si je ne voulais pas finir comme beaucoup d'autres, je devais faire la promesse à Marie Auxiliatrice de rester toujours à ses côtés, en l'aidant dans le soin des malades, que lui, confiant en Marie, me guérirait. J'y ai cru, car je savais de réputation que Marie Auxiliatrice l'avait aidé de manière visible. Promis, parce que c'était toujours mon désir d'aider mon prochain de quelque manière que ce soit. Et, Dieu ayant écouté son serviteur, il a guéri».

Cette vie retrouvée, fait savoir le Pape, n'est plus sa propriété, mais est «tout entière destinée aux pauvres». Il vécu cette mission en communion avec ses confrères salésiens, étant le premier à être présent aux événements communautaires, avec «sa joie et sa sympathie» il animait la fraternité.


Artemide Zatti, intercesseur pour les vocations

Dans son discours, le Pape a tenu à souligner que le bienheureux Artemide Zatti, est un intercesseur pour les vocations. Il affirme avoir eu une expérience personnelle. Étant Provincial des Jésuites d'Argentine, François a connu l'histoire d'Artemide Zatti, et lu sa biographie, lui confiant «la demande au Seigneur de saintes vocations à la vie consacrée laïque pour la Compagnie de Jésus». «Depuis que nous avons commencé à prier par son intercession», témoigne-t-il «le nombre de jeunes coadjuteurs a augmenté de manière significative; et ils étaient persévérants et très engagés».

Évoquant l’importance de la vocation, le Saint-Père remarque le charisme particulier des salésiens, «qui se nourrit de la prière et du travail». «Ce sont des gens de piété, joyeux, travailleurs. Ils n'ont pas de complexe d'infériorité parce qu'ils ne sont pas prêtres, ni n'aspirent à devenir diacres». Ils sont conscients de leur vocation et le veulent ainsi. (cf. Lettre au Père Cayetano Bruno, 1986).

Le Souverain pontife les a invité à être «toujours reconnaissants» pour le don de cet appel, qui donne un témoignage particulier de la vie consacrée, et à le proposer aux jeunes comme une forme de vie évangélique au service des petits et des pauvres. Pour terminer, François les a remercié, et béni également ceux qui n'ont pas pu effectuer le déplacement en raison de leur âge ou de leur état de santé. Il a aussi adressé un salut particulier, à la personne ayant reçu la grâce de la guérison par l'intercession du bienheureux Artemide Zatti.

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08 octobre 2022, 12:37