Manifestation au Bangladesh de réfugiés Rohingyas, le 25 août 2023, 6 ans après le lancement en Birmanie de l'opération de délogement de cette minorité musulmane. Manifestation au Bangladesh de réfugiés Rohingyas, le 25 août 2023, 6 ans après le lancement en Birmanie de l'opération de délogement de cette minorité musulmane.   (AFP or licensors)

Rohingyas: la crise humanitaire s'aggrave

Lors de sa traditionnelle conférence de presse tenue à l'issue de son voyage apostolique en Mongolie, François est revenu sur la souffrance des Rohingyas. Les Nations unies et l’ONG MSF dénoncent l'aggravation des conditions de vie de cette minorité musulmane.

Lors de son dialogue avec les journalistes dans l’avion qui le ramenait de Mongolie, le Pape François est revenu sur la crise humanitaire qui frappe les Rohingyas, minorité musulmane persécutée en Birmanie. «Une périphérie scandaleuse que l’on essaie d’occulter» a déploré le Saint-Père ce lundi 4 septembre. «Nous devons parler aux périphéries et les gouvernements doivent faire preuve d'une véritable justice sociale, avec les différentes périphéries sociales et également avec les périphéries idéologiques».

En 2017, les forces militaires birmanes ont lancé des «opérations de déblaiement» («clearance operations») pour déloger de force des centaines de milliers de Rohingyas. Des villages entiers ont été incendiés et des milliers de Rohingyas tués. Environ 700 000 hommes, femmes et enfants ont fui vers le Bangladesh, rejoignant 200 000 autres Rohingyas qui y ont déjà trouvé refuge par le passé.

Toujours pas de justice

Six ans après, «personne n’a été tenu responsable de ces crimes», souligne, dans un communiqué publié le 25 août, Nicholas Koumjian, chef du Mécanisme d’enquête indépendant pour la Birmanie. Cet organe, créé en 2018 par le Conseil des droits de l’homme de l'ONU, est chargé de recueillir et d’analyser les preuves attestant de crimes internationaux graves et de violations du droit international en Birmanie depuis 2011.

«Nous recueillons des témoignages et d’autres éléments de preuve sur les violences physiques infligées à tant de Rohingyas, et nous avons également entamé une enquête spécifique sur les entreprises, les exploitations agricoles et les autres biens qui leur ont été confisqués» détaille Nicholas Koumijan. L’enquête cherche également à déterminer si des motivations financières existent derrière la campagne anti-Rohingyas.  

Le Mécanisme d’enquête indépendant pour la Birmanie pointe du doigt la responsabilité du commandement militaire dans l’État Rakhine, situé à l’est du pays et frontalier avec le Bangladesh, mais aussi des autorités birmanes, incapables d’enquêter et de sanctionner «les crimes sexuels et sexistes». Enfin, l’organe onusien souligne la responsabilité de Facebook (Meta), utilisé par les militaires birmans lors des «opérations de déblaiement» en 2017 afin de diffuser du contenu haineux contre les Rohingyas.

Hausse des maladies graves dans les camps 

L’ONG Médecins sans frontières fait également état d’une dégradation des conditions de vie des Rohingyas à Cox’s Bazar au Bangladesh, le plus grand camp de réfugiés au monde. Dans un communiqué publié le 23 août, MSF explique avoir «atteint ses limites de prise en charge» et être désormais «obligé de poser des critères de triage des patients plus stricts qu’auparavant pour faire face à la situation».

Les conditions de vies insalubres favorisent la prolifération de maladies graves, avec cette année la plus forte augmentation hebdomadaire de cas de choléra depuis l’afflux de réfugiés en 2017. Dans ces 33 camps, les Rohingyas n’ont ni le droit de travailler, ni le droit de sortir, et l’accès aux besoins de premières nécessités dépend de l’aide humanitaire internationale. «Pourtant, celle-ci est de moins de moins financée par les donateurs internationaux» déplore l’ONG française. Le fond d’appel des Nations unis, qui coordonne la réponse humanitaire dans les camps, est passé de 70% en 2021 à 30% en 2023. MSF appelle les donateurs internationaux à augmenter leurs contributions financières pour pouvoir apporter «un soutien adéquat» aux réfugiés.

 

 

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05 septembre 2023, 11:57