Des personnes touchées par l'aggravation de la sécheresse dans le camp de déplacés d'Alla Futo, en banlieue de Mogadiscio (Somalie), le 23 septembre 2022. Des personnes touchées par l'aggravation de la sécheresse dans le camp de déplacés d'Alla Futo, en banlieue de Mogadiscio (Somalie), le 23 septembre 2022.  

Mgr Bertin alerte sur la famine en Somalie, les enfants les plus touchés

Dans une interview accordée à Radio Vatican, l'administrateur apostolique de Mogadiscio et évêque de Djibouti, Mgr Giorgio Bertin, interpelle sur la situation actuelle que traverse la Somalie. Le pays est frappé par la sécheresse, l'insécurité et la famine, qui touchent une grande partie de la population, surtout les plus vulnérables, et parmi eux, les mineurs.

Francesca Sabatinelli et Andrea De Angelis - Cité du Vatican

En Somalie, chaque minute qui passe, un enfant est admis dans un établissement de santé pour traitement de malnutrition aiguë sévère. La famine est «un drame récurrent» dans ce pays, explique Mgr Giorgio Bertin, administrateur apostolique de Mogadiscio et évêque de Djibouti. L'accès pour rencontrer les personnes les plus vulnérables est continuellement entravé par le terrorisme et les menaces contre les travailleurs humanitaires et les agences de la communauté internationale.

Dans l’entretien accordé à Radio Vatican-Vatican News, il rappelle sa visite à Mogadiscio au début du mois d'août, avec le directeur de Caritas Somalie et le nonce apostolique, Mgr Antoine Camilleri. «La situation s'est avérée encore plus désastreuse que nous le pensions», fait savoir l'administrateur apostolique de Mogadiscio, soulignant que le Pape François, après la prière de l’angélus le 14 août dernier, avait attiré l'attention sur la grave crise humanitaire que vit la Somalie.

Tous les huit à dix ans, explique Mgr Bertin, il y a des crises liées à la sécheresse, puis à la famine. «Il est frappant de constater que nous sommes confrontés à une situation de désespoir pour de nombreuses personnes, notamment les plus pauvres, les plus fragiles». Et les enfants sont les plus vulnérables. Une situation provoquée par la sécheresse, mais aussi par d'autres facteurs: les institutions publiques, qui renaissent, «ne sont pas encore en mesure de faire face» à ce fléau.


À cela s'ajoute l'action des fondamentalistes islamiques contre les institutions étatiques actuelles. Des groupes tels qu'Al-Shabaab qui «rendent la vie extrêmement difficile aux citoyens somaliens mais aussi à ceux qui voudraient réagir en apportant leur aide à la population». Selon Mgr Bertin, la population se réfugie dans les grandes villes, gouvernées soit par l'exécutif fédéral, soit par les gouvernements locaux.

Divers camps de personnes déplacées sont donc formés, et dans certains, les autorités locales, les agences de la communauté internationale, diverses organisations humanitaires et Caritas peuvent y entrer. Mais la situation dans le pays est généralement très instable. «Pour rencontrer les personnes les plus touchées par la famine, nous devrons nous déplacer avec une petite armée; nous sommes alors obligés de nous en remettre aux médiations locales», affirme-t-il, soulignant qu’ils sont dans l’obligation «d'être comme des médecins à distance», intervenant de façon éloignée.

«Lorsque nous nous sommes rendus à Mogadiscio en août», déclare Mgr Bertin, «nous sommes restés dans la zone de l'aéroport et, grâce à l'escorte qui nous a été fournie, nous avons pu rencontrer quelques personnes. Ceux qui sont étrangers, cependant, attirent le regard de ceux qui ne veulent pas que la communauté internationale intervienne». «On voit l'intervention des agents humanitaires, comme une occasion de s'enrichir ou d'affaiblir, encore plus, les institutions étatiques renaissantes», déplore l'administrateur apostolique de Mogadiscio.

Mgr Giorgio Bertin

L'avertissement de l'Unicef

L’Unicef alerte sur la situation dramatique en Somalie. Chaque minute, un enfant est hospitalisé pour malnutrition aiguë sévère, et les enfants souffrant de cela, ont jusqu'à 11 fois plus de risques de mourir de diarrhée et de rougeole, que les enfants bien nourris. L’Association de Défense des droits de l’Enfance, fait ce qu'elle peut, entre la distribution de soins, de nourriture et d'eau potable, mais les problèmes de financement demeurent. Et pour la cinquième fois consécutive, le pays est confronté à l'échec de la saison des pluies, ce qui entraîne une sécheresse sans précédent, la pire depuis 40 ans, qui touche quelque 8 millions de personnes et fait planer le spectre d'une famine si l'aide humanitaire n'arrive pas dans les prochains jours.

La famine touche aussi les personnes déplacées

Un million de personnes déplacées paient également le prix fort de cette grave famine. Parmi les districts les plus touchés, figurent ceux de Baidoa et de Burhakaba, dans la région de la Baie, et une aide humanitaire immédiate sera décisive pour ces endroits d'ici la fin de l'année, comme l'a souligné l'Office des Nations unies pour les affaires humanitaires à Genève. L'équipe humanitaire en Somalie a donc revu à la hausse son plan d'intervention, et son appel de fonds pour cette année, soit une augmentation de 55% par rapport au lancement du plan à l'hiver 2022. L'appel aux donateurs porte sur un montant de 2,26 milliards de dollars (contre 1,46 million de dollars précédemment), pour aider 7,6 millions de personnes, soit plus de deux millions de plus que dans un passé récent.

Le nœud de l'insécurité

Dans ce scénario dramatique, il y a aussi la question de la sécurité. Cette semaine, huit civils ont perdu la vie dans deux attentats à la bombe. Selon les médias locaux, la première explosion a eu lieu à un poste de contrôle de la police, la seconde près du bâtiment de l'administration régionale dans le district de Jajab. Au moins cinq personnes ont été blessées, dont des civils.

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20 octobre 2022, 15:56