Le marché chiite de Sadr City dans l'est de Bagdad, après un attentat revendiqué par l'EI, en juillet 2020. Le marché chiite de Sadr City dans l'est de Bagdad, après un attentat revendiqué par l'EI, en juillet 2020.  

Quelle place pour la vengeance dans les actions terroristes ?

La vengeance, moteur des actions terroristes dans le monde entier, reste aujourd’hui un sujet peu développé dans les études sur le terrorisme. Myriam Benraad, professeure associée en relations internationales à l’Ileri (l’Institut libre d’étude des relations internationales) et à l’université internationale Schiller à Paris en France, s’est penchée sur la place de la vengeance dans le terrorisme dans son ouvrage Terrorisme, les affres de la vengeance, publié aux Éditions Le Cavalier Bleu.

Marine Henriot – Cité du Vatican 

En octobre 2019, Abou Ibrahim Al-Hachimi Al-Qourachi, prenait la tête de l’organisation de l’État Islamique (EI), après la mort de son prédecesseur, Abou Bakr al-Baghdadi, tué dans une opération de l’armée américaine dans le nord de la Syrie. Une des premières paroles prononcées par le nouveau chef des terroristes fut pour appeler à la vengeance de cette mort.

«Ce qui est frappant, si l’on s’intéresse aux attentats terroristes de ces dernières décennies en Europe ou ailleurs, c’est que l’on a une motivation vengeresse quasi constante», analyse Myriam Benraad, professeure associée en relations internationales à l’Ileri (l’Institut libre d’étude des relations internationales) et à l’université internationale Schiller à Paris en France. «Le désir de vengeance anime systématiquement les terroristes», détaille l’auteure de Terrorisme, les affres de la vengeance, publié aux Éditions Le Cavalier Bleu.

La vengeance, un tabou ?

Cette notion de vengeance était jusqu’à aujourd’hui un angle mort dans les études sur le terrorisme. «J’attribue ce défaut d’attention au fait que, en tout cas dans les sociétés occidentales, nous avons fait de la vengeance un tabou», explique Myriam Benraad. Par exemple, lors des procès des attentats du 13 novembre à Paris, «un certain nombre de magistrats ou de juristes ont insisté sur le fait qu’ils n’étaient pas dans une logique de vengeance, afin d’évacuer d’emblée la vengeance de ce procès», alors qu’il s’agit là d’une notion très présente pour les accusés,  comme l’a répété le terroriste Salah Abdeslam durant le procès: «de toute façon, nous nous vengerons».

Entretien avec Myriam Benraad
"Terrorisme, les affres de la vengeance", publié aux éditions du Cavalier Bleu
"Terrorisme, les affres de la vengeance", publié aux éditions du Cavalier Bleu

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15 décembre 2021, 13:58