Un manifestation de chrétiens dalits à Pondichery, le 5 janvier 2021. Un manifestation de chrétiens dalits à Pondichery, le 5 janvier 2021. 

L’Inde toujours entravée par les discriminations

L’Union des catholiques d’Inde dénonce la persistance des vexations à l’égard des minorités, dans le contexte hostile du suprématisme hindou au pouvoir au niveau du gouvernement fédéral et de plusieurs États.

VNS - Lois anti-conversion de plus en plus strictes, attaques contre des églises et des prêtres dans plusieurs villages, blocage des financements étrangers aux organisations religieuses non-hindoues, fake news alimentées par les autorités pour diffuser une image négative des minorités, exclusion des dalits chrétiens et musulmans des avantages publics réservés par la loi à ces castes défavorisées, et, encore une fois, discrimination dans l'accès aux fonctions publiques et ingérence de la politique dans les écoles. La vie des communautés chrétiennes est de plus en plus difficile en Inde. Cette situation est dénoncée par la All India Catholic Union (AICU), l'Union des catholiques d’Inde, qui demande au gouvernement fédéral de prendre des mesures décisives pour mettre fin aux attaques et à la discrimination.

«Les communautés chrétiennes ont connu une augmentation drastique des persécutions organisées et systématiques à leur encontre, qui ont l'intention déclarée de les annihiler et de les éradiquer» du pays, s’attriste l'Aicu dans une note publiée ces derniers jours. «À l'approche du 75e anniversaire de l'indépendance du pays vis-à-vis de la domination coloniale (le 15 août 2022, l’Inde fêtera les 75 ans de son indépendance, ndr), ses communautés religieuses et ethniques, ses dalits et ses femmes sont confrontés au défi redoutable de sauvegarder leurs droits de l'homme et leurs libertés civiles, inscrits dans la Constitution et les traités des Nations-Unies», écrit l'organisation catholique indienne, qui dénonce également la connivence de la police avec les auteurs de violences qui restent souvent impunis.

Un récit suprématiste propagé par le gouvernement Modi

L'AICU remet indirectement en question le nationalisme du Baratiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi: «Au cours des sept dernières années et demie, nous avons assisté à la propagation d'un nouveau récit: la fusion du nationalisme avec l'identité religieuse, qui aliène et isole automatiquement les minorités. Le slogan "Une nation, une culture, un peuple" est devenu un mantra», dénonce l'association catholique indienne.

Elle appelle donc à «contrer et réfuter» ce récit qui favorise la «disharmonie» sous couvert de patriotisme, de religion et de développement économique. «Les chrétiens partagent un héritage commun, une histoire collective avec leurs compatriotes indiens et ont contribué au développement du pays», rappelle l'Aicu, qui invite enfin toutes les congrégations religieuses et les responsables d'Église à collaborer plus étroitement pour suivre l'évolution de la situation des minorités dans le pays.

Une dégradation palpable depuis 2014

L'hostilité à l'égard des chrétiens en Inde s'est accrue ces dernières années et a grimpé en flèche surtout après l'installation du gouvernement Modi, proche des franges hindoues les plus radicales. Cette hostilité, alimentée par l'idéologie Hindutva qui considère l'hindouisme comme une identité ethnique, culturelle et politique exclusive en opposition avec la laïcité de l'État inscrite dans la Constitution indienne, est à l'origine d’attaques de plus en plus fréquentes et violentes contre les chrétiens.

Les États qui arrivent en tête de liste des violences sectaires antichrétiennes sont le Tamil Nadu, l'Uttar Pradesh, le Chattisgarh, le Madhya Pradesh, l'Orissa, le Karnataka, le Maharashtra et l'Andra Pradesh. À cela s'ajoute la prolifération de lois restreignant les droits des minorités, telles que les lois anti-conversion, qui ciblent en réalité surtout les musulmans, mais dont les chrétiens font également les frais.

Vatican News Service - LZ

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08 juillet 2021, 16:22