Manifestation à Bamako, au Mali, le 10 juillet 2020. Manifestation à Bamako, au Mali, le 10 juillet 2020. 

Au Mali, un vent de contestation contre IBK

Depuis le 5 juin, une opposition composée de plusieurs groupes demande la démission du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. C’est la décision de la Cour constitutionnelle de modifier les résultats des législatives du printemps en faveur du président qui a mis le feu aux poudres.

Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican 

Ce vendredi 17 juillet devait être une nouvelle grande journée de manifestation au Mali. Mais devant les violences de la semaine passée, au moins 11 personnes sont mortes dans des affrontements avec les forces de l’ordre en marge des manifestations, et avec l’appui de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), la journée de manifestation qui était annoncée à haut risque est finalement une journée de prière et de recueillement en mémoire des victimes des précédents rassemblements.

Si elle est composée de plusieurs groupes comme le RFP (Rassemblement des Forces Patriotiques), de plusieurs mouvances religieuses et politiques et de la société civile, l’opposition, rassemblée sous la bannière du Mouvement M5, est pourtant massive et homogène explique André Bourgeot, spécialiste du Mali, directeur de recherche émérite au CNRS. «Cette diversité incarne la diversité de la nation malienne qui veut de se reconstituer». L’objectif de l’opposition : le départ pur et simple du président Ibrahim Boubacar Keïta, communément appelé "IBK", au pouvoir depuis maintenant 7 ans. 

Au moment de l’élection d’IBK, les espoirs des Maliens étaient pourtant grands, mais le pouvoir se retrouve finalement impuissant face aux groupes liés à Al-Qaïda et à l’organisation de l’Etat islamique qui pullulent dans le pays. «Les deux tiers du territoire national ne sont plus du tout sous l'autorité du gouvernement en place, qui n’est plus du tout en mesure d’assurer ses fonctions régaliennes», nous détaille le chercheur André Bourgeot.

Des problèmes d’insécurités, mais également structurels : la pauvreté est extrême et affecte 40 % des habitants, les routes et les hôpitaux tardent à se développer. L’élite est accusée de se partager le gâteau. Les images récemment diffusées à son insu du fils du président prenant du bon temps sur un yacht à l'étranger n'ont fait que confirmer les a priori.

Pourquoi maintenant ?

Le feu de la contestation a pris dans la foulée des élections du législatives du printemps, maintenues malgré le coronavirus qui venait de faire son arrivée dans le pays et l'enlèvement du leader de l’opposition, Soumaïla Cissé, toujours aujourd’hui en captivité. 

Après les élections, la Cour constitutionnelle a inversé une trentaine de résultats, dont une dizaine au profit du parti du président, ravivant la défiance envers les institutions.

Entretien avec André Bourgeot

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17 juillet 2020, 11:54