Des heurts ont opposé ce jeudi manifestants et forces de l'ordre dans un quartier nord de Conakry Des heurts ont opposé ce jeudi manifestants et forces de l'ordre dans un quartier nord de Conakry 

Référendum en Guinée: la Cédéao annule sa mission dans le pays

La Cédéao n’est pas la bienvenue en Guinée : la communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest devait envoyer une mission de chefs d’État sur place ce vendredi pour discuter avec le président Alpha Condé du référendum constitutionnel prévu ce dimanche; mais le dirigeant guinéen n’a pas souhaité la recevoir.

Cette mission de «bonne volonté» comme le précise la cédéao devait être pilotée par les chefs d’État du Niger, du Nigeria, du Burkina Faso et du Ghana, et son objectif était de trouver un compromis avec les autorités guinéennes sur le référendum de dimanche; mission annulée donc et l’on apprend dans le même temps que la cédéao n’enverra pas d’observateurs pour le scrutin,  compte tenu de la situation sur le terrain, qui n’est pas sans risque.

Car de fait, la double élection de dimanche s’annonce pour le moins tendue, pas tant en raison du scrutin législatif que du référendum sur la Constitution qui fait bien l’unanimité contre lui et suscite un vaste mouvement de contestation.

Car pour la société civile et l’opposition, rassemblée sous la bannière du Front national pour la défense de la Constitution, cette consultation n’est guère plus qu’une manipulation, une manœuvre de Condé, élu en 2010 et 2015, pour briguer un 3e mandat lors de l’élection présidentielle prévue en fin d’année, alors que la présente constitution ne le lui permet pas. L’opposition manifeste depuis octobre et ses rassemblements sont violemment réprimés par les forces de l’ordre -on compte à ce jour une trenatine de morts et des centaines de blessés.

A l’aune de cette atmosphère délétère, tout est à craindre pour la journée de dimanche. L’armée devrait se déployer en masse pour assurer la sécurité du vote, mais les organisations de défense des Droits de l’Homme s’inquiètent : le pays pourrait basculer dans un cycle de violences et de répression incontrôlable.

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28 février 2020, 08:22