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Sauver les langues autochtones menacées d’extinction

D’après l’Unesco, quelque 600 langues ont disparu au siècle dernier et depuis, une langue continuerait de disparaître tous les quinze jours. Trois mille langues seraient aujourd’hui menacées et avec ces dialectes, ce sont l'histoire, l’identité et la dignité de peuples autochtones qui sont à risque. Entretien avec l’ONG Survival.

Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican

Les peuples autochtones, mis à l’honneur par une journée mondiale ce vendredi 9 août, comptent environ 370 millions de personnes dans 90 pays à travers le monde, en Amérique latine, en Asie ou en Afrique.

Bien qu’ils ne représentent que 5% de la population mondiale, ils constituent aujourd’hui 15% des individus les plus marginalisés de la planète, selon des chiffres onusiens.

En raison de l’exploitation économique de l'environnement, ils sont actuellement en voie d’extinction et avec eux leurs langues, de moins en moins transmises aux jeunes générations. Pourtant, la sauvegarde de leurs dialectes apparaît cruciale pour la protection de leur identité, de leur dignité et de leur héritage culturel. La connaissance de leur territoire, leurs lois coutumières sont irremplaçables. Leur disparition porte atteinte à la diversité dans le monde. 

L’ONG Survival milite pour la défense de ces peuples et de leur identité linguistique. Elle participe à leur protection, en insistant sur l’importance d’éducation en langue autochtone. Aylin Sahin est chargée de la communication de Survival:

Entretien avec Aylin Sahin

À travers le monde, les langues traditionnelles sont, chaque jour un peu plus condamnées à disparaître. Et avec ces dialectes, c'est l'histoire des villages et des cultures qui est menacée.

C'est pour sauver ce qui peut encore l'être que l'UNESCO a fait de l'année 2019, l'année des langues autochtones, consacrée à celles historiquement marginalisées. L'objectif de cette initiative est de faire prendre conscience des risques critiques auxquels ces langues sont confrontées et de leur valeur en tant que vecteurs de la culture, des systèmes de connaissances et des modes de vie.

Dans la petite ville de Santa María Ixcatlán, au Mexique, ils ne sont plus qu'une petite dizaine à parler l'Ixcatec. Maria Salazar est l'une d'entre eux: «Quand mes parents m'ont inscrite à l'école, il y avait quelques professeurs qui se mettaient en colère parce que nous parlions Ixcatec. Ils nous disaient que ce n'était pas bien, que l'espagnol était mieux. Certains nous l'interdisait. J'avais un professeur qui nous frappait, qui nous attrapait par le bras et nous disait de ne pas parler Ixcatec car il ne comprenait pas. C'est pour cela que nous avons arrêté».

Au Pérou, l'Institut national de radio et de télévision va à contre-courant. En 2016, Hugo Coya, président de l'institut, a lancé la première émission en Quechua. Avant de faire des programmes en Aymara et Ashaninka. «Nous avons un tiers de la population au Pérou qui parle une langue traditionnelle et c'est à partir de là que nous avons commencé ce processus d'augmentation et de création d'émissions en langues autochtones sur nos antennes».

Au Paraguay, la langue Maka est parlée couramment et naturellement. Dans ce petit village de 400 familles, 2 000 habitants luttent quotidiennement pour garder leur langue et leurs coutumes en vie. À seulement 40 kilomètres de la capitale, Asunción, c'est loin d'être chose aisée. Blas Duarte enseigne aux enfants, non seulement à parler le Maka mais également à le lire et à l'écrire.

Malgré les efforts de l'UNESCO et des gouvernements, les militants dénoncent le manque d'engagement politique et les réformes prises interviennent souvent tardivement pour éviter une catastrophe.

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10 août 2019, 15:42