Des migrants centraméricains en attente de recevoir leur visa humanitaire à la frontière entre le Guatemala et le Mexique Des migrants centraméricains en attente de recevoir leur visa humanitaire à la frontière entre le Guatemala et le Mexique 

Immigration: les évêques mexicains vent debout contre l’accord avec les États-Unis

La conférence épiscopale mexicaine s’est vivement opposée à l’accord provisoire conclu entre Mexico et Washington sur la suspension du flux migratoire sur le continent américain, informe un communiqué de l’épiscopat publié mardi 11 juin. Quatre jours plus tôt, les deux États scellaient un accord «anti-migrants».

«C’est une décision contradictoire. Si nous avons rejeté la construction d’un mur à la frontière, nous ne pouvons nous enfoncer dans un autre mur». Ainsi les évêques mexicains se sont vertement opposés à la décision du gouvernement de renforcer la présence militaire à la frontière avec le Guatemala pour stopper l’immigration clandestine, selon les termes d’un accord provisoire avec Washington conclu vendredi 7 juin.

Un accord bilatéral inédit

Cet accord épargne essentiellement le Mexique des  tarifs commerciaux que Washington comptait appliquer à partir de ce lundi. Selon la déclaration commune des deux pays, le Mexique s'est engagé à prendre des «mesures sans précédent», notamment le déploiement de sa Garde nationale, ainsi que des actions contre les réseaux de passeurs, de transport et de financement de l'immigration clandestine.

Donald Trump saluait d’ailleurs sur Twitter un « accord historique » entre les deux voisins. «Il existera désormais une formidable coopération entre les Etats-Unis et le Mexique, comme il n'en a pas existé depuis des décennies», s'était-il félicité dans la foulée, ajoutant: «Le Mexique n'était pas coopératif sur le problème de la frontière, mais j'ai désormais la confiance absolue qu'il le sera et qu'il voudra régler ce problème, en particulier après avoir parlé à son président.»

«Les migrants ne sont pas une monnaie d’échange»

Les évêques mexicains ne l’entendent pas ainsi. Par l’intermédiaire du cardinal Lopez, le  président de la conférence épiscopale, ils critiquent la perception du migrant «comme monnaie d’échange». «Aucune négociation ne doit être placée au-dessus de ce que l’Église et la société civile défendent depuis des années: la non-criminalisation des migrants et des défenseurs des droits de l’homme, qui se battent souvent pour la dignité. En tant que membres de la famille humaine, nous ne pouvons pas rester indifférents à la souffrance dans laquelle vivent beaucoup d’entre eux et qui exige notre aide humanitaire et le respect sans restriction de leurs droits fondamentaux», ont-ils exhorté.

Promouvoir le développement humain intégral

Dans ce contexte, selon les évêques du pays centraméricain, moins que d’empêcher le passage des migrants sud-américains en sol mexicain, il s’agirait donc plutôt de développer et promouvoir le développement humain intégral au sud du continent.

«Le Mexique n’est pas isolé, c’est un pays frère qui doit aider les pays d’Amérique centrale à adopter une stratégie au service du bien commun», ont-ils poursuivi appelant les gouvernements américain et mexicains à s’engager dans «un dialogue bilatéral constructif et des négociations transparentes». En effet, «il en va de notre humanité», ont-ils alerté.  

Selon des chiffres cités par l’AFP, les arrestations d'étrangers sur le territoire mexicain sont passées de 8 248 personnes en janvier à 23 679 en mai. Le grande majorité des personnes arrêtées sont principalement de nationalité hondurienne.

 

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11 juin 2019, 14:50