Mgr Alfred Rotich évêque du diocèse de Kericho Mgr Alfred Rotich évêque du diocèse de Kericho   (KCCB)

Kenya: l'évêque Rotich plaide pour la réconciliation

L'évêque du diocèse catholique de Kericho au Kenya, Alfred Rotich, a appelé les Kenyans à jouer leur rôle d'artisans de paix pour réconcilier la nation, déplorant les cas de violence, de migration et de conflits qui ont marqué la population. C'était à l'occasion de la journée nationale de prière au sanctuaire marial de Subukia, organisée le week-end dernier.

Vatican-News avec Rose Achiego Ande – Nairobi

L'évêque du diocèse catholique de Kericho au Kenya, Alfred Rotich, a appelé les Kenyans à jouer leur rôle d'artisans de paix pour réconcilier la nation, déplorant les cas de violence, de migration et de conflits qui ont marqué la population.

Dans un puissant message de réconciliation délivré lors de la journée nationale de prière au sanctuaire marial de Subukia, dans le comté de Nakuru au Kenya ce week-end, l'évêque Alfred Rotich a mis l'accent sur les problèmes mondiaux urgents de conflits et de souffrances, où des vies et des foyers ont été perdus. Il a déploré que certains conflits soient si profonds qu'ils conduisent au désespoir et, dans certains cas, au suicide. Citant Matthieu qui dit: «Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu» (Mt5,9), Mgr Rotich a souligné la profonde responsabilité qui découle de l'appartenance à l'Église catholique.

Les chrétiens, artisans de la paix

Dans un tel contexte d'obscurité et de douleur, Mgr Rotich a rappelé aux fidèles leur mission d'artisans de paix et a souligné que le chemin de la paix passait par trois éléments principaux: la miséricorde, la réconciliation et le cheminement ensemble. Selon Mgr Rotich, la miséricorde joue un rôle crucial en aidant les individus à passer de la détresse à la tranquillité. Elle rappelle l'amour inconditionnel et le pardon de Dieu. La réconciliation est le processus qui consiste à réparer les relations tendues et à réaliser l'unité au sein des familles, des communautés et de la nation dans son ensemble. C'est un appel à dépasser les divisions et les conflits. Cheminer ensemble signifie l'engagement d'accompagner les personnes dans la douleur, le désespoir ou les relations tendues dans leur cheminement vers la guérison et la réconciliation. C'est un acte de compassion et de solidarité.

Un choriste jouant un instrument traditionnel à la journée nationale de prière au Kenya.
Un choriste jouant un instrument traditionnel à la journée nationale de prière au Kenya.

Cheminer ensemble comme une famille réconciliée

Le thème de la journée de prière de cette année, «Cheminer ensemble comme une famille réconciliée», était en résonance avec le synode en cours à Rome, dirigé par le pape François, qui vise à discerner comment l'Église peut cheminer ensemble comme une famille réconciliée. L'évêque s'est inspiré du récit biblique de la mission de Jean-Baptiste et de ses interactions avec Hérode. Le rejet par ce dernier de la miséricorde de Dieu et son refus de se repentir de ses péchés ont conduit au destin tragique de Jean-Baptiste. Cette histoire illustre comment le péché d'une personne peut nuire à d'autres et constitue le fondement de l'appel à cheminer ensemble dans la réconciliation. Il a identifié plusieurs raisons pour lesquelles la réconciliation au Kenya a été confrontée à des défis au fil des ans. Ces raisons sont les suivantes.

Le contexte historique: L'héritage du colonialisme, qui a utilisé des tactiques de division, semé les graines de la discorde tribale et créé des divisions durables entre les divers groupes ethniques du Kenya.

Les faux pas de la politique multipartite: L'introduction du multipartisme, qui visait à la démocratisation, s'est souvent alignée sur les affiliations tribales et a alimenté les divisions.

Culture de la corruption: La corruption généralisée a érodé la confiance du public dans les institutions et les services gouvernementaux, entraînant une déchéance morale et compromettant les principes éthiques.

Négligence de la réconciliation: La réconciliation a souvent été reléguée au second plan, ce qui a conduit à des ressentiments non résolus, enracinés dans des griefs historiques, des divisions tribales et des différends politiques.

Pour relever ces défis et s'engager sur la voie de la réconciliation, l'évêque Rotich a proposé trois actions concrètes:

-       Former des équipes d'anciens crédibles: Mettre en place des équipes d'anciens respectés, issus de milieux divers, pour traiter les conflits locaux et les tensions transfrontalières.

-       Former des comités de réconciliation: Créer des comités locaux au sein des petites communautés chrétiennes afin d'identifier et de traiter les principaux sujets de discorde et de demander conseil au niveau national.

-       Adopter des modes alternatifs de résolution des conflits: Promouvoir la médiation et l'arbitrage comme moyens de résoudre les conflits et de promouvoir le dialogue.


Cultiver les attitudes nécessaires à la réconciliation

Il a conclu son message en exhortant tous les Kényans à considérer la réconciliation comme un appel pratique, soulignant que la réconciliation est un voyage et non un événement. Il a encouragé tout le monde à répondre à l'appel à être des artisans de paix, en rappelant l'importance de la vérité, de l'humilité, de l'empathie, de l'absence de jugement et de la patience dans le processus de réconciliation. Le message a laissé un impact puissant sur les fidèles rassemblés, inspirant l'espoir qu'en cheminant ensemble comme une famille réconciliée, le Kenya peut surmonter ses divisions et émerger comme un phare de l'unité, de la paix et de la réconciliation en Afrique et au-delà. Le message de Mgr Rotich rappelle que la réconciliation est un processus continu et vital, qui exige la participation active des individus et des communautés à la guérison et à la construction d'une société harmonieuse.

Cette année, la journée nationale de prière a été animée par le siège métropolitain de Nairobi. Plusieurs évêques, de nombreux prêtres et religieux ont participé à l'événement, qui a attiré plus de 50 000 pèlerins. La Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) organise chaque année des prières nationales. La prochaine journée de prière sera célébrée le 5 octobre 2024.

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12 octobre 2023, 17:03