Des manifestants devant le parlement à Tunis, le 26 juillet. Des manifestants devant le parlement à Tunis, le 26 juillet. 

Mgr Antoniazzi : «Dieu n'abandonne pas le peuple tunisien»

L'archevêque de Tunis revient sur la période de troubles actuels que vit la Tunisie après la décision du président de limoger son premier ministre et de suspendre les travaux du parlement. La crise et les craintes pour l'avenir ne doivent pas faire perdre espoir rappelle-t-il.

Propos recueillis par Gabriella Ceraso-Cité du Vatican

La Tunisie est de nouveau dans la tourmente. Le 25 juillet au soir, le président Kaïs Saïed a ordonné la suspension des travaux du Parlement pour un mois, limogé du chef du gouvernement Hichem Mechichi et s'est octroyé le pouvoir exécutif. Depuis de longs mois il était en conflit avec le principal parti au parlement, Ennahda qui appuyait le premier ministre, sans pour autant que celui-ci n'en fasse partie. Derrière la lièsse de nombreux Tunisiens, heureux de voir écarté un pouvoir incapable de résoudre la crise économique et sociale, les interrogations sont nombreuses concernant l'avenir du pays, berceau des printemps arabes début 2011.

Pour l'heure, les intentions du chef de l'Etat tunisien sont floues. La communauté internationale, Union Européenne en tête a demandé un retour rapide de la stabilité des institutions dans le pays. Les Etats-Unis ont eux exhorté les différentes composantes politiques à ne pas «dilapider» les fragiles progrès de la toute jeune démocratie tunisienne. Après avoir dénoncé un «coup d'État contre la révolution et la Constitution», le parti Ennahda a appelé ce mardi à la tenue d'élections anticipées. 

Le pays retient donc son souffle. Mgr Ilario Antoniazzi, l'archevêque de Tunis revient sur ces dernières heures, le climat d'attente dans le pays et les espoirs de toute une population.

“Nous-même comme Église nous rejoignons le peuple dans l'espoir de cet avenir meilleur”

«Actuellement nous attendons. Après que le président de la République a limogé le premier ministre, le peuple est sorti faire la fête, à deux heures du matin. Il s'agissait pour eux de supprimer un mal représenté par le gouvernement qui ne faisait pas son devoir, était corrompu. Maintenant le peuple tunisien attend quels nouveaux pas fera le président. Ce n'est pas très clair encore mais l'attente est grande, il y a une grande espérance en un avenir meilleur. Nous-même, comme Église, nous rejoignons le peuple dans l'espoir de cet avenir meilleur. Nous avons constaté le désespoir du peuple. Il n'y a pas de travail, l'économie dégringole et l'épidémie de Covid 19 est très forte. Tout fait machine arrière sauf le Covid. C'est pour cette raison que le peuple a célébré la décision du président de la République

Que va faire le président? Nous comme Église, essayons d'entretenir l'espoir du peuple tunisien. Comment donner de l'espoir dans un moment aussi difficile? Ce n'est pas une mission facile. Tout d'abord il y a la fierté des Tunisiens d'appartenir à ce peuple. Ce peuple a tellement vécu de choses dans son histoire, mais il s'est toujours relevé. La Tunisie est un petit pays, l'un des plus petits d'Afrique, mais un pays-pilote pour beaucoup de choses. Cette fierté est très présente dans le peuple tunisien, qui y croit. Il faut compter sur cette force, sur ce courage, sur l'esprit d'initiative qui ne manque pas ici. Il y a cette fierté et le fait de tenir bon, malgré tout. Un autre aspect important est que le peuple tunisien croit en Dieu. Nous sommes en pleine tempête à présent mais l'espoir reste grand, que d'abord le président puisse faire les bons choix, et que Dieu est là. Le danger est de tomber dans la tentation que Dieu nous a abandonné. Non, il dort peut-être, mais il est bien présent et l'on peut ainsi regarder l'avenir avec un certain espoir».

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27 juillet 2021, 13:12