Le Premier ministre français Édouard Philippe à l'Assemblée Nationale, le 21 janvier 2020 Le Premier ministre français Édouard Philippe à l'Assemblée Nationale, le 21 janvier 2020 

Bioéthique: Mgr d’Ornellas adresse une lettre ouverte à Édouard Philippe

Lundi 27 janvier, le quotidien français La Croix a publié une lettre ouverte de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de bioéthique de la Conférence des évêques de France (CEF), dans laquelle le prélat interpelle le Premier ministre Édouard Philippe sur la loi de bioéthique actuellement examinée au Sénat.

«Monsieur le Premier ministre, Votre responsabilité gouvernementale est grande. Le débat démocratique est vital pour vous aider à l’assumer». C’est en des termes aussi clairs que fermes que débute la lettre de Mgr d’Ornellas, écrite suite à l’entretien accordé par le Premier ministre français au journal La Croix le 24 janvier dernier. Une interview largement dédiée à la réforme des retraites, mais où une question concernant la PMA l’a conduit à répondre: «le débat a été de très grande qualité. Je tiens aussi à saluer l’attitude des Français qui s’y opposent, qui ont manifesté de façon pacifique».  

Priorité à la raison éthique

Ces propos ont fait réagir l’archevêque de Rennes. «Sur des sujets aussi sensibles qui ébranlent des repères majeurs pour la vie des êtres humains en société, le discours de la méthode n’est pas suffisant», estime-t-il. «D’autres personnalités – et non des moindres, croyantes et incroyantes – ont exprimé leur opposition à bien des points de ce projet de loi. Suffit-il de les cataloguer dans le registre des opposants – par bonheur pacifiques – pour conclure le débat ?», s’interroge Mgr d’Ornellas.

À nouveau, - Mgr d’Ornellas a déjà publié deux livres sur la bioéthique en 2019 - l’archevêque se fait le défenseur des «arguments de la raison éthique», «à considérer en priorité pour que la loi reste indicatrice et gardienne du “bien commun”». Il met en garde Édouard Philippe contre «l’eugénisme libéral, fruit d’un individualisme et d’une peur exacerbés par le pouvoir exercé sans discernement du dépistage génétique».

Puis il interpelle le Premier ministre par une série de questions, notamment sur le «maintien du pacte social» invoqué par Édouard Philippe à propos du projet de loi de réforme des retraites, et qu’il serait bon, selon Mgr d’Ornellas, d’appliquer aussi pour celui de bioéthique.

Sauver la fraternité

L’archevêque aborde ensuite les notions de «fraternité» et de «dignité», sans référence religieuse, mais en rappelant que la fraternité «exige que soit reconnue la même dignité avec les mêmes “droits fondamentaux” chez tous les êtres humains, sans distinction générationnelle». La dignité nécessite quant à elle «la reconnaissance juridique de l’unité de la personne dans ses dimensions biologique, psychique et spirituelle». «Le pacte social et la justice trouvent leur force apaisante dans le respect de cette “dignité” d’où découle la mise en œuvre de la “fraternité”», poursuit Mgr d’Ornellas. Et si le projet de loi est voté et promulgué, prévient-il, «il fragilisera un peu plus notre “fraternité”» à laquelle «sont attachés les Français».

Le responsable du groupe de bioéthique de la CEF invoque donc «un “supplément d’âme” quand les techniques rendent possible l’invraisemblable». Il attire enfin l’attention d’Édouard Philippe sur l’urgence «de relier le pacte social et solidaire qui établit de justes liens les uns avec les autres en vue de nos retraites, au pacte social et solidaire qui impose de ne pas manipuler à volonté les liens fondamentaux qui nous permettent de naître et d’être éduqués».

(Avec La Croix

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28 janvier 2020, 12:01