Les archevêques et évêques du Burkina Faso en compagnie du nonce apostolique Mgr Crotty. Les archevêques et évêques du Burkina Faso en compagnie du nonce apostolique Mgr Crotty.  

Mgr Dabiré: de même que Christ a vaincu le mal, nous vaincrons le terrorisme

Les archevêques et évêques du Burkina Faso ont dans leur message de Pâques exhorté le peuple de Dieu, les hommes et femmes de bonne volonté à l’espérance, à la prière, et à l’engagement dans l’unité et la solidarité national, au moment où le Burkina Faso traverse une grave crise sécuritaire et humanitaire de plus en plus préoccupante. Mgr Laurent Dabiré, président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger revient sur ce message dans une interview accordée à Radio Vatican.

Entretien réalisé par Françoise Niamien - Cité du Vatican

«Depuis une dizaine d’années le Burkina Faso traverse une période d’instabilité. Le pays est le théâtre d’attaques terroristes occasionnant une situation humanitaire inédite. Le peuple burkinabè a souffert et continue de souffrir», rappelle Mgr Laurent Dabiré, l’évêque de Dori et président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger.
En effet, le Burkina Faso, théâtre de deux coups d'Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes. Les violences ont fait depuis plus de 10.000 morts civils et militaires selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.

«La Pâques du Seigneur est donc l’occasion pour nous en tant que pasteurs, de prendre la parole pour adresser un message d’encouragement, de réconfort et d’espérance mais surtout d’engagement pour soutenir les efforts de ce peuple burkinabé meurtri», précise le président de la conférence épiscopale.

Si dans leur message, les évêques burkinabés expriment leur grande tristesse et leur douleur «devant cette guerre qui nous est imposée et qui apporte chaque jour son lot de malheurs et de détresse», l’évêque de Dori souligne que «nous ne nous devons pas cesser d’espérer parce que Dieu nous appel avenir meilleur».


Une situation sécuritaire et humanitaire très préoccupante

Au moins un million de burkinabés se sont exilés dans les pays limitrophes du fait des attaques terroristes qui en plus des milliers de morts, ne cessent de causer la fermeture ou la destruction d’infrastructures publiques tels que des centres de santé, des écoles. Des églises et autres lieux de cultes sont également la cible de ces attaques.

Sur le plan humanitaire selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu, OCHA, les besoins des personnes affectées ont augmenté à la fois en termes de gravité et d’échelle géographique par rapport à 2022. Un Burkinabè sur 5, soit 4,7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire. Selon l’organisme onusien «La situation humanitaire au Burkina Faso en 2023 est plus préoccupante que jamais».

«Parmi les impacts de cette crise sécuritaire outre les urgences humanitaires, les plus insidieux sont les traumatismes psychosociaux et la banalisation de la vie humaine» révèle en outre le message pascal.

Déplorant des attaques terroristes néfastes pour toute la communauté, Mgr Dabiré a dénoncé «des complicités internes qui compliquent la situation au Burkina Faso».

Pour une plus grande aide

Si l’évêque de Dori se félicite de «l’aide des amis du Burkina Faso dans son combat contre le terrorisme», il estime toutefois que le soutien de la communauté internationale est en deçà au regard de la gravité de la situation qui prévaut dans les zones aux mains des terroristes.

«Nous souhaiterions bénéficier d’un soutien plus conséquent. Pas seulement pour le Burkina Faso mais pour tout le Sahel en proie au terrorisme. Le Sahel pourrait bénéficier du tiers de l’aide a porté à l’Ukraine dans cette guerre qui l’oppose à la Russie», plaide le président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger. «Un véritable soutien nous aiderait dans la reconquête de nos territoires pour soutenir le développement, la construction de la paix et le soulagement des populations qui ont été dispersées et déstabilisées par les attaques terrorisme» a laissé entendre l’évêque burkinabé.

Poursuivre les réformes

Dans son message de Pâques, l’épiscopat burkinabè a adressé ses encouragements aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) burkinabés «pour leur patriotisme, leur sens de la responsabilité et leur détermination à reconquérir l’intégrité du territoire national, à sécuriser les populations aussi à œuvrer à leur retour dans leur localité et région d’origine». Les FDS sont invités à l’unité et à la fraternité dans chaque corps.

Il a également adressé ses félicitations et encouragements aux populations des villes et des campagnes qui, malgré les difficultés du moment, «initient, développent et mettent en l’œuvre des actions de solidarité et de partage au profit des victimes des attaques».

En outre les évêques se réjouissent de constater chez leurs concitoyens en particulier les plus jeunes un regain du patriotisme et l’exaltation des valeurs d’intégrité.

Aux autorités politiques du pays, les 17 archevêques et évêques burkinabés
les ont enjoint dans leur message à poursuivre «résolument les réformes nécessaires pour une gouvernance politique et économique plus efficace et plus équitable, à créer les conditions objectives de mobilisation des ressource humaine économique et financière et matérielle plus efficaces en vue d’une meilleure répartition des richesses au profit de tous».

L’épiscopat burkinabé a enfin exhorté les croyants ou adeptes de toutes les communautés religieuses ou coutumières en particulier les leaders de ces communautés à «conjuguer leurs les efforts à renforcer l’esprit de concertation et d’échanger et à l’intensification de la prière et les œuvres de miséricordes afin de promouvoir le vivre ensemble».

Entretien avec Mgr Laurent Dabiré

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

11 avril 2023, 13:26