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Sr Caroline Chiogou : le monde attend beaucoup de la vie religieuse

L’Union Internationale des Supérieures Générales, UISG, a tenu du 6 au 10 mai 2019 à Rome son assemblée plénière sur le thème : « Semeuses d’espérance prophétique ». Les 850 supérieures générales venues de 80 pays ont réfléchi sur comment les religieuses peuvent être signe d’espérance dans un monde en proie à plusieurs maux. Les participantes ont porté leurs réflexions à différents niveaux de la vie de l’Eglise et de la société. Sœur Caroline Abou Chiogou, supérieure générale de la congrégation des sœurs Notre Dame de la Paix en Côte d’Ivoire, une congrégation diocésaine d’Abidjan, revient sur ces moments de formation et d’échanges.

Entretien réalisé par Françoise Niamien – Cité du Vatican

Nous avons travaillé à travers des sous-thèmes pour nous amener à prendre conscience, à nous sensibiliser et voir comment la vie religieuse peut répondre aujourd’hui à sa vocation de semeuse d’espérance prophétique dans un monde qui attend tant de la vie religieuse.

Ecoutez Sœur Caroline Abou Chiogou

Pourquoi faut-il rappeler à la religieuse sa vocation de semeuse d’Esperance Prophétique ?

La vie consacrée est tout d’abord un grand don de Dieu et l’Espérance est une grâce. La vie religieuse est cette expression de la vie du Christ. Elle est la vie à la suite du Christ. Nous ne sommes pas, certes, le Christ mais nous sommes ses disciples et de ce fait nous devons semer à sa suite et avec lui, l’Esperance en répondant à l’appel d’un monde qui de plus en plus aujourd’hui a tant besoin de nous, les consacré(e)s.

Et justement au sortir de cette assemblée plénière quelles sont les armes dont vous disposez désormais pour arriver à être cette semeuse d’Espérance ?

C’est vraiment une sensibilisation et une prise de conscience de ma responsabilité en tant que religieuse dans ce monde. Tout d’abord en tant que supérieure générale dans mon institut, dans mon pays la Côte d’Ivoire, et dans le monde. Pour y arriver, au cours de cette assemblée nous avons abordé plusieurs sous-thèmes entre autres la sauvegarde de l’environnement : Comment arriver à être semeuse d’Esperance à travers la sauvegarde de l’environnement ? Et là nous sommes parties de l’encyclique du Pape François Laudato Si’ où le Saint-Père nous fait prendre conscience de notre responsabilité envers la création.
Réunies en différents sous-groupes au cours de cette rencontre, nous les religieuses d’Afrique de l’Ouest avons décidé de commencer cette sensibilisation sur la sauvegarde de la nature par nos écoles. Former nos élèves mais d’abord former nos religieuses à la connaissance et à la prise en charge de la création pour être cette espérance pour la création.
Pour ce qui est de l’immigration, les jeunes veulent aller plus loin pour trouver le bien-être. Si nous en tant que religieuses nous arrivons à les sensibiliser, à les aider à travers plusieurs initiatives qui leur permettent de se prendre en charge nous éviterons au maximum tous ces morts dans la Méditerranée pour une quête de bien-être.
Etre semeuse d’Esperance aussi au niveau de la vie interculturelle. Il nous faut arriver à faire de nos diversités culturelles une richesse pour une vie communautaire réussie. Nous n’avons pas à se rejeter réciproquement nos cultures. Et nous en tant que religieuses semeuses d’espérance, il nous faut travailler dans ce sens.
Semeuses d’Espérances Prophétique, c’est aussi l’appel au dialogue inter-religieux. C’est à dire apprendre à regarder les autres religions avec un œil bon parce que chaque religion renferme des valeurs. Il faut donc arriver à travailler à se retrouver avec toutes ses valeurs pour être tout simplement les enfants d’un même Dieu.

Au terme de votre rencontre vous avez été reçues par le Pape. Le Saint Père est revenu sur la délicate question des abus sur les religieuses qu’il a qualifié de problème sérieux. Un problème qui selon lui constitue une honte, mais une honte qui est une grâce.

Effectivement, le pape a touché ce mal, c'est une plaie. Mais je dirais à la fois qu’en touchant ce mal le Saint-Père nous donne de l’espérance que nous pouvons nous en sortir. C’est avec respect et compassion que j’évoque la question des abus sur les religieuses. Mais nous pensons que le tout réside dans une prise de conscience pour nous en tant que supérieures. C’est une prise de conscience à être attentives à tout.
Il faut chercher comment prévenir et cette prévention pour moi passe d’abord par la formation à être responsable et à se prendre en charge. La formation est très importante parce qu'une personne qui n'est pas formée se laisse faire. C’est la formation de la personne et puis ne pas avoir peur d'en parler. Il faut avoir le courage d'en parler en levant tout tabou.

Le pape l'a également souligné dans son intervention : une femme ne doit pas entrer dans la vie religieuse pour être une domestique au service des prélats. Le service oui la servitude. Comment comprendre cela ?

Une mauvaise compréhension du service peut amener une personne à se faire esclave d’une autorité. La mission d’une religieuse n’est pas dans le faire. Ça a été peut-être une mauvaise compréhension mais je pense que des sœurs au service d’un prélat, la sœur ne vit pas cela comme un esclavage c'est un service d'Eglise qu’elle rend. Mais le pape a pleinement raison d'interpeller. Nous ne sommes pas des esclaves.

Que retenez-vous de rencontre ?

Ce que je retiens de cette assemblée c'est vraiment ma responsabilité de semeuse d’espérance. Une responsabilité que nous vivons déjà dans notre congrégation des Sœurs de Notre Dame de la Paix en Côte d’Ivoire. Une congrégation veille de 54 qui a pour charisme : rechercher et vivre de l’appel du Christ à travers la promotion humaine et spirituelle de la Femme et de la jeune fille en milieu rural comme urbain à travers des engagements sociaux. Une congrégation fondée par le premier cardinal ivoirien Bernard Yago le 29 juin 1965.
 

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21 mai 2019, 18:24