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Traite des êtres humains : Oser parler ouvertement du phénomène

La conférence internationale sur la traite des personnes s'est terminée au Vatican jeudi 11 avril 2019, par une audience avec le Pape François dans la salle du synode. Organisée par la section Migrants et Refugiés du dicastère pour le service du développement humain intégrale du Saint-Siège, la conférence a réuni environ 200 personnes provenant du monde entier. Les participants ont réfléchi sur la traite des personnes, à partir d’un document élaboré par la section Migrants et Refugiés, et contenant des orientations pastorales sur le sujet.

Entretien réalisé par Cédric Mouzou, SJ – Cité du Vatican

Des milliers de personnes dans les pays en développement, poussées par la pauvreté, les guerres, la discrimination et l’injustice, deviennent tous les ans victimes des réseaux de trafiquants, d’après le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, UNICEF. Aussi la traite des êtres humains affecte-t-elle presque toutes les nations d'Afrique où sévit la pauvreté, porte ouverte à l’enracinement de ce phénomène. Cette situation de pauvreté extrême, explique le père Lambert Tonomou, Coordinateur Régional pour l’Afrique à la Section des Migrants et Réfugiés, pousse beaucoup de personnes, notamment des jeunes filles issues des familles pauvres, à finir dans le phénomène de la traite des êtres humains.

Ecoutez le père Lambert Tonomou

La traite des êtres humains est une réalité de notre temps. Une réalité qu’on observe dans presque tous les coins du monde. L’Afrique en particulier est très touchée par le phénomène. La traite des êtres humains trouve sa cause première dans la pauvreté extrême qui pousse beaucoup de personnes notamment des jeunes filles issues des familles pauvres à finir dans le phénomène de la traite des êtres humains. C’est un phénomène qui enlève aux êtres humains leur dignité, viole les droits des personnes qui en sont victimes. Organiser une rencontre sur la traite des êtres humains au niveau de l'Eglise, c'est répondre à l'invitation du Saint-Père, qui ne cesse d'inviter l'Eglise dans le monde à se pencher sur ce problème. C’est un phénomène qui touche parfois de très près nos paroisses, nos diocèses, nos familles. Il faut donc éveiller la conscience de l'Eglise sur ce phénomène pour sauver beaucoup des vies humaines et préserver la dignité de beaucoup de personnes. Comme section Migrants et Refugiés à qui le Saint-Père a confié la réflexion et le travail sur le phénomène des migrants, des réfugiés, des déplacés internes et donc aussi des personnes victimes de la traite des êtres humains, nous avons trouvé nécessaire de lancer une invitation à tous nos partenaires pour réfléchir ensemble sur comment mettre en pratique les orientations pastorales qui ont été produites, afin de donner des réponses adéquates aux personnes qui sont victimes de la traite mais surtout à l'Eglise et aux Eglises locales qui devront surtout se pencher sur ce phénomène pour trouver la solution afin d’aider le Saint-Père dans la lutte contre ce mal qui touche beaucoup de nos frères les plus petits et les plus vulnérables.

Quelle est la valeur de ces orientations pastorales pour les institutions de l’Eglise en Afrique qui luttent contre ce trafic ?

Ces orientations viennent à point nommé. Elles témoignent de la réflexion commune de l'Eglise pour lutter contre le phénomène de la traite des êtres humains. Ainsi comme réflexion commune, ces orientations pastorales vont aider l’Eglise, les évêques, les prêtres, les congrégations religieuses et les laïcs dans la mise en place d’une pastorale qui puisse aider les personnes victimes de la traite des êtres humains, comment soutenir ces victimes et comment les accompagner dans leur réinsertion au niveau de la communauté locale, de la paroisse et de la famille. J’estime que ces orientations pastorales sont d'une très grande aide pour les Eglises locales surtout pour l'Eglise à l'africaine.

Etant donné que le phénomène de la traite des êtres humains est un phénomène subtil, comment s'y prendre pour déceler ou démanteler les réseaux de trafiquants ?

Comme le rappelle souvent le Saint-Père, il faut commencer par designer ce mal par son nom. La première chose que l’Eglise doit faire, c’est de parler ouvertement de la traite des êtres humains. Les milieux propices pour en parler peuvent être : les rencontres diocésaines, les causeries-débats, les visites pastorales…
Ainsi il faut tout d’abord parler de la traite ; parce que dès qu'on ne parle pas, le phénomène de la traite va continuer à ronger nos sociétés. Donc, il faut en parler malgré les difficultés. Aussi, la lutte contre la traite est une entreprise à réaliser en collaboration avec tous les acteurs qui travaillent dans ce domaine. En prenant en compte la complexité du problème, on ne peut que l’affronter dans la collaboration. L'Eglise propose des voies et moyens sur des dispositions à prendre pour affronter le phénomène de la traite des êtres humains, surtout comment mettre la personne humaine, victime de la traite, au centre des actions, avec ses droits, ses aspirations.
 

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12 avril 2019, 11:48