À l'ONU, le Saint-Siège dénonce le fait que la liberté religieuse est aujourd'hui violée dans près d'un tiers des pays du monde. À l'ONU, le Saint-Siège dénonce le fait que la liberté religieuse est aujourd'hui violée dans près d'un tiers des pays du monde. 

Le Saint-Siège à l'ONU: la liberté religieuse bafouée dans près d'un tiers du monde

Lors de la 55ème session du Conseil des droits de l'Homme qui se tient actuellement à Genève, Mgr Balestrero, observateur du Saint-Siège auprès des Nations unies, a tiré la sonnette d'alarme sur les nombreuses violations des droits de l'homme dans le monde. Il a souligné que «dans les processus décisionnels et dans la diplomatie multilatérale, la dignité humaine doit être placée au centre, et doit être le principe directeur dans le développement et l'utilisation de l'intelligence artificielle»

Vatican News 

Il y a encore trop de violations des droits de l'homme dans le monde, de la liberté de pensée, de conscience et de religion; et la discrimination ainsi que la persécution des croyants continuent d'augmenter. Face à cette situation, l'observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies et d'autres organisations internationales à Genève, tire la sonnette d'alarme. Mgr Ettore Balestrero, s'est exprimé à l'occasion de la 55e session du Conseil des droits de l'homme, dans une déclaration, le 28 février, au siège suisse des Nations unies. Selon le nonce apostolique, «la liberté religieuse est violée dans près d'un tiers des pays du monde», et quelque 4,9 milliards de personnes sont concernées, indiquent les données de l'Aide à l'Église en détresse. Tandis que dans certains pays occidentaux, la discrimination et la censure religieuse sont perpétrées sous la bannière de la tolérance et de l'inclusion, et que la législation visant à lutter contre l'incitation à la haine, est souvent instrumentalisée pour remettre en cause le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Le diplomate espère qu'au cours des travaux du Conseil des droits de l'homme, les violations persistantes des droits fondamentaux seront identifiées et traitées, que les causes profondes seront déterminées, et que des mesures actives seront prises pour y mettre fin.

La dignité de la personne humaine au centre des décisions

Comme l'écrit le Pape François dans Laudate Deum, «le monde devient tellement multipolaire, et en même temps tellement complexe, qu’un cadre différent pour une coopération efficace est nécessaire», rappelle le représentant du Saint-Siège. Il est nécessaire selon lui de «réagir avec des mécanismes globaux» aux défis «environnementaux, sanitaires, culturels et sociaux, surtout pour consolider le respect des droits humains les plus fondamentaux», en mettant en œuvre «une nouvelle procédure pour la prise de décision et pour la légitimation de ces décisions». Mais également, en plaçant au centre la dignité de la personne humaine, que la Déclaration universelle des droits de l'homme reconnaît comme le fondement de la paix, des droits de l'homme, de la justice et de la liberté. De cette manière, a ajouté Mgr Balestrero, «les agences dédiées au bien commun et aux questions techniques pourraient surmonter la paralysie actuelle due à la polarisation idéologique et à l'exploitation par les États individuels». En outre, la défense des valeurs enracinées dans la dignité humaine améliorerait la diplomatie multilatérale. Pour atteindre cet objectif, il importe de reconstruire «une vision partagée de notre nature intrinsèque, qui implique des obligations et des normes morales qui peuvent être comprises par la raison humaine et qui doivent être respectées».


Intelligence artificielle et droits humains fondamentaux

Pour l'observateur permanent du Saint-Siège, «la dignité humaine doit devenir le principe directeur également dans le développement et l'utilisation de l'intelligence artificielle». «Les progrès dans ce domaine doivent respecter les droits humains fondamentaux», être au service du potentiel humain et non le concurrencer; «favoriser et non entraver les relations personnelles, la fraternité, l'esprit critique et la capacité de discernement». En outre, «le respect de la dignité humaine exige que l'on rejette toute tentative de réduire l'unicité de la personne humaine à son identification, ou à sa réduction à un algorithme ou à un ensemble de données», a poursuivi Mgr Balestrero. L'on ne peut donc pas «permettre à des systèmes sophistiqués de décider de manière autonome du sort des êtres humains». Par conséquent, «le développement de l'intelligence artificielle ne peut être considéré comme un succès», qu'en agissant de manière responsable, et en défendant les valeurs humaines fondamentales.

Le risque de colonisation idéologique

Aux représentants des pays de l'ONU, Ettore Balestrero a souligné de nombreux problèmes actuels qui «découlent d'un manque de respect pour la dignité humaine» et du fait que «nous ne reconnaissons pas que nous sommes interconnectés». Entre autres, les tentatives d'introduire de «nouveaux droits», pas toujours cohérents avec ce qui est bon pour la personne humaine, «conduisent à une "colonisation idéologique" qui menace la dignité humaine, créant des divisions entre les cultures, les sociétés et les États, au lieu de favoriser l'unité et la paix». Il faut au contraire grandir «sur les bases d'une juste compréhension de la fraternité universelle et du respect de la sacralité de toute vie humaine» de tous, sans distinction, selon les propos tenus par le Pape à l'ONU le 25 septembre 2015. «Les principes de fraternité humaine et de solidarité doivent à nouveau être au centre de notre travail», a fait remarquer l'observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nation unies. Il considère la fraternité universelle comme «une condition essentielle pour la pleine réalisation des droits de l'homme dans le monde d'aujourd'hui».

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29 février 2024, 11:03