Le Saint-Siège souligne l’importance d’une mémoire véridique de l'Holocauste
À l’occasion de la Journée de la mémoire des victimes de la Shoah, instaurée par les Nations unies le 27 janvier de chaque année - jour anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, Mgr Janusz Urbańczyk a pris la parole ce jeudi matin à Vienne au siège de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe où il représente le Saint-Siège.
L’extermination de six millions de juifs européens par l’Allemagne nazie commémorée ce jeudi «rappellent de la manière la plus radicale le danger de ne pas tenir compte de la dignité humaine intrinsèque des personnes et invitent à un engagement collectif pour "dire [...]: Plus jamais ça !"», souligne le prélat.
Inviter les jeunes au dialogue
Comme le faisait le Pape la veille, Mgr Urbańczyk insiste sur l’importance de la transmission auprès de jeunes générations afin de pouvoir construire «un avenir où la dignité humaine ne sera plus jamais piétinée par des idéologies racistes», un avenir dans lequel «l'iniquité indicible de la Shoah» ne sera plus jamais possible. Il appelle à un engagement personnel et une implication directe pour apprendre à connaitre le judaïsme en entrant en dialogue avec l’autre. «Le dialogue peut être un outil puissant pour combattre les préjugés et favoriser la reconnaissance de la dignité humaine», note-t-il.
La «cruauté indicible» que représente la Shoah doit continuer à être évoquée et condamnée, afin qu'elle reste un «souvenir vivant». Le représentant du Saint-Siège souligne en outre l'importance d'un souvenir «sincère» et de la préservation d’une «mémoire véridique de l'Holocauste» surtout, précise-t-il, avec le temps qui passe.
Mise en garde contre les réseaux sociaux
«Au fur et à mesure, des distorsions, dont le négationnisme et le révisionnisme, apparaissent et déforment l'importance du souvenir de cet événement horrible, tant pour les individus que pour les groupes. Ces distorsions permettent à la menace de l'antisémitisme de rôder en Europe et ailleurs » déplore le représentant du Saint-Siège à l’OSCE. Soulignons que le 20 janvier dernier, les chefs des diplomaties allemande et israélienne s’inquiétaient également de la monté « dramatique » du négationnisme dans le monde alors que l’Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution appelant tous les États à lutter contre la négation de l’Holocauste et l’antisémitisme.
Le prélat a mis en garde contre les réseaux sociaux, nouveaux vecteurs de négationnisme et de révisionnisme: «Malheureusement, la désinformation sur l'Holocauste trouve de nouveaux moyens d'émerger, y compris sur les réseaux sociaux, et gagne du terrain, ce qui aura un effet délétère sur les individus et les institutions».
10 actes antisémites par jour selon un rapport
Un rapport publié lundi 24 janvier par l’Agence juive et l’Organisation sioniste mondiale parlait d’une augmentation spectaculaire du nombre de conspirations antisémites y étant publiées. L’AFP se fait écho d’une enquête sur les réseaux sociaux entre 2020 et 2021 qui a révélé plus de 60 millions de liens établis entre la Shoah et a Covid-19, en majorité en anglais, hébreu et espagnol. Ce jeudi, pour lutter contrer le négationnisme en ligne, l’Unesco et le Congrès juif mondial ont annoncé avoir noué un partenariat avec le réseau social TikTok où 17% des contenus posté ayant trait à cette question nie ou déforme l'Holocauste. Les utilisateurs s'intéressant au sujet verront désormais apparaître «en tête de leurs résultats de recherches une bannière les invitant à visiter le site du CJM et de l'Unesco: www.aboutholocaust.org», a fait savoir l'agence onusienne dans un communiqué.
Le conspirationniste, le négationnisme ou la banalisation des crimes contre l’humanité commis par les nazis ne sont pas sans conséquences. Les actes à motifs antisémites ont atteint leur plus haut niveau en dix ans avec plus de dix incidents par jours, selon l’Agence juive et l’Organisation sioniste mondiale.
Près de 50% de ces actes se sont produits en Europe, près de 30% aux Etats Unis. Il s’agit essentiellement de destructions, d’actes de vandalisme, de profanations. Les agressions physiques ou verbales représenteraient moins de du tiers des incidents enregistrés estime les auteurs du rapport.
Aujourd’hui, le Saint-Siège par la voix de son représentant à l’OSCE invite enfin à s’opposer «fermement» et «sans équivoque» à l'antisémitisme, sous toutes ses formes et manifestations, et à tout ce qui peut y conduire.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici