Le Pape à l'Action catholique italienne: "pas de synodalité sans l'Esprit"
Le Saint-Père a articulé sa réflexion autour de trois pivots: action, catholique et italienne.
Pour le Pape, nous devons toujours nous rappeler «de qui» est l’action. Les Évangiles nous assurent qu’elle appartient toujours au Seigneur, c’est «lui qui en a l’exclusivité, marchant “incognito” dans l’histoire que nous habitons». Cela ne doit pas nous déresponsabiliser, mais nous renvoyer à notre «identité de disciples-missionnaires», en ayant à l’esprit que l’Esprit est la source de la mission, qu’il en est la cause et non un des effets. Nous lui restons dociles lorsque nous accueillons les imprévus auxquels la pandémie ne cesse d’ailleurs de nous confronter, a déclaré le Pape. Cette docilité à l’Esprit est «révolutionnaire» et cruciale, car sans elle, nous tombons dans «la tentation du fonctionnalisme» et la «servitude de l’organigramme».
Et de poursuivre en évoquant les caractéristiques de l’œuvre de l’Action catholique ; tout d’abord la gratuité, fruit mature du don de soi, qui «vous demande de vous consacrer à vos communautés locales, (…) d’écouter vos territoires, en en sentant les besoins, en tissant des relations fraternels». «L’élan missionnaire ne se place pas dans une logique de conquête mais dans celle du don», at-il insisté. La seconde caractéristique est celle de la douceur et de l’humilité, «clés pour vivre le service, non pour occuper des espaces mais pour amorcer des processus».
Le laïcat, richesse pour l'Église
La parole «catholique», -et c’est le second pivot de la réflexion de François-, signifie que «la mission de l’Église n’a pas de frontières» et que le missionnaire doit «se faire proche», a fortiori durant ce temps de pandémie qui a rendu encore plus évidente la valeur de la proximité fraternelle. Pour le Pape, l’Action catholique est aujourd’hui la preuve «que la distance ne peut jamais devenir indifférence».
Dans ce domaine, l’association peut agir de manière concrète, précisément parce qu’elle est une association de laïcs, a-t-il argué. «La tentation est encore très répandue de penser que la promotion des laïcs - face à tant de besoins ecclésiaux - passe par une plus grande implication des laïcs dans les “choses des prêtres”. Avec le risque de finir par cléricaliser les laïcs. Mais vous, pour être valorisés, vous n’avez pas besoin de devenir autre chose que ce que vous êtes par le baptême», a ajouté le Pape pour qui le laïcat est une «richesse pour la catholicité de l’Église».
Ainsi, selon François, l’Action catholique peut aider l’Église et toute la société «à repenser ensemble quel type d’humanité nous voulons être, quelle terre nous voulons habiter, quel monde nous voulons construire». En ces temps de pandémie, qui risque de générer d’incommensurables conséquences, la question à se poser est: «que pouvons-nous apprendre de ce temps et de cette souffrance ?» «Nous mettre à l’écoute de ce temps est un exercice de fidélité auquel nous ne pouvons nous soustraire», a-t-il ajouté.
Pas de synodalité sans l'Esprit
Enfin, l’Action catholique a toujours été insérée dans l’histoire italienne, «génératrice d’espérance pour tout le pays». Une Église en dialogue est une Église synodale, a souligné encore l’évêque de Rome avant de préciser: «nous devons être précis quand nous parlons de synodalité, du chemin synodal, ce n'est pas un parlement, la synodalité n'est pas seulement la discussion des problèmes, des différentes choses qui sont dans la société. La synodalité ne cherche pas à obtenir un accord majoritaire sur les solutions pastorales. Ca c’est un parlement catholique, mais ce n'est pas la synodalité, car l'Esprit fait défaut (…) Il ne peut y avoir de synodalité sans l’Esprit, et il n’y a pas d’Esprit sans prière.»
Et sur ce point l’Action catholique peut constituer une «importante ressource pour l’Église italienne, qui s’interroge sur comment mûrir ce style à tous ses niveaux».
«Votre contribution la plus précieuse peut venir, une fois de plus, de votre laïcité, qui est un antidote à l'autoréférentialité. Faire synode, ce n'est pas se regarder dans le miroir, mais marcher ensemble derrière le Seigneur et vers le peuple. La laïcité est aussi un antidote à l'abstraction: un chemin synodal doit conduire à faire des choix. Et ces choix, pour être praticables, doivent partir de la réalité. Ne pas la laisser telle quelle, évidemment, mais essayer d'avoir un impact sur elle, la transformer selon le projet du Royaume de Dieu», a conclu le Pape.
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