Défilé militaire à Alger le 5 juillet 2022 Défilé militaire à Alger le 5 juillet 2022 

L’Algérie fête les 60 ans de son indépendance

Malgré les cérémonies organisées par le pouvoir, les Algériens n’ont guère le cœur à la fête. La crise économique socio-économique et politique plombe l’atmosphère et pousse les jeunes à vouloir quitter un pays qui peine à profiter de ses atouts.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

L’Algérie célèbre, ce mardi 5 juillet, les 60 ans de son indépendance, acquise après près de huit années de guerre sanglante et cruelle avec la France, la puissance coloniale. Trois jours de festivités sont prévus dans le pays pour cet anniversaire. Lundi soir, un grand spectacle sur l’histoire millénaire de l’Algérie a été organisé et pour la première fois depuis trente-trois ans, une grande parade militaire est organisée ce jour dans la capitale.

Mais le cœur n’y est pas chez les Algériens, selon Kader Abderrahim, spécialiste de l’Algérie, maitre de conférence à Sciences Po Paris et auteur de Géopolitique de l’Algérie, aux éditions Bibliomonde. «Pour la population, c’est un triste anniversaire compte-tenu à la fois de la situation politique interne et de la situation économique et sociale du pays», estime le chercheur.


«C’est triste de voir qu’en soixante ans, certes l’Algérie refuse de couler, de sombrer, pour reprendre la formule du romancier algérien Yasmina Khadra, mais qu’elle fait du surplace depuis fort longtemps. Les dirigeants algériens aujourd’hui sont totalement incapables ou incompétents ou les deux, de promouvoir un nouveau projet politique et social qui permettrait à l’Algérie de faire face aux multiples défis auxquels elle est confrontée».

Un immense gâchis

Depuis l’indépendance, le régime dominé par le FLN, longtemps le seul parti autorisé, n’est pas parvenu à développer le pays pourtant riche de ressources naturelles. «C’est un immense gâchis», reconnait Kader Abderrahim. «C’est pratiquement trois générations» qui aujourd’hui se retrouvent dans une situation difficile, surtout «ceux qui n’ont pas bénéficié de l’État providence des années 1970 et 1980, et qui n’ont pas pu avoir une bonne formation universitaire ou technique» : ils se retrouvent les laissés-pour-compte de ce régime.

Ils n’ont qu’une idée en tête qui «est devenue maintenant une obsession», surtout chez les plus jeunes qui représentent la majorité de la population : «quitter le pays coûte que coûte» et «cela est absolument terrible parce qu’un pays sans jeunesse n’a pas beaucoup d’avenir», explique l’universitaire.

Entretien avec Kader Abderrahim, maitre de conférence à Sciences Po Paris


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05 juillet 2022, 12:32