Bolivie: une présidente par intérim prend les rênes d’un pays fracturé
Après plusieurs jours de confusion institutionnelle, la Bolivie a finalement un nouveau chef de l’État. La sénatrice de l’opposition Jeanine Anez est devenue présidente par intérim, devenant la deuxième femme à prendre la tête du pays, après Lidia Gueiler Tejada, qui fut chef de l’État bolivien de 1979 à 1980.
Dans son premier discours, la nouvelle présidente a assuré de son engagement à «assumer toutes les initiatives nécessaires pour pacifier le pays» et pour guider la Bolivie vers de nouvelles élections. Sa nomination a été contestée par Evo Morales, qui a démissionné dimanche 10 novembre et s’est enfui au Mexique. L’ancien président socialiste, qui avait dirigé le pays durant près de 14 ans, a dénoncé «un subtil coup d’État». La présidente a toutefois assuré l'organisation prochaine de nouvelles élections, dans le délai le plus raisonnable possible.
Le risque d’une guerre civile
Evo Morales a renoncé à la charge présidentielle après de fortes pressions venues notamment de l’armée, dans un contexte de manifestations massives de l’opposition liées à l’annonce contestée de sa réélection dès le premier tour de l’élection présidentielle du 20 octobre dernier. L’Organisation des États Américains (OEA), chargée d’une enquête sur le processus électorale, avait publié un rapport dénonçant de graves irrégularités.
Les affrontements qui se sont déroulés depuis trois semaines ont fait au moins sept morts et de très nombreux blessés, certains observateurs évoquant un risque de guerre civile ou de sécession, tant le pays est polarisé. Ces divisions se retrouvent aussi sur le plan géographique, avec un soutien massif à Evo Morales dans des villages andins et certaines villes ouvrières comme Cochabamba, et un soutien plus marqué pour l’opposition dans des villes plus riches et cosmopolites comme Santa Cruz.
Les évêques appellent à la réconciliation nationale
Les évêques de Bolivie ont lancé un nouvel appel pour la paix à travers un communiqué publié hier et intitulé «Nous appelons à la compréhension et à la paix entre tous les Boliviens». «Le futur de la Bolivie se construit dans le respect des normes constitutionnelles et en assurant des garanties aux représentants du peuple en charge, pour qu’ils agissent en conscience et en cherchant le bien commun», écrivent-ils. Ils exhortent à «construire une Bolivie en paix», et demandent aux politiques de «favoriser une sortie constitutionnelle à la situation créée». Les leaders civils et les mouvements sociaux sont en outre exhortés à maintenir la paix.
Les évêques de la Bolivie rappellent par ailleurs que «Jésus-Christ nous invite à chercher la paix avec tous». Et ils expriment un souhait : «Que règne la paix dans le pays, qu’il n’y ait plus d’agression des uns contre les autres, que les idées ne soient pas la cause d’affrontements violents». «Les positions politiques doivent servir à construire un pays dans le progrès et dans la liberté, et non pas par des affrontements entre frères», insistent-ils. L’appel se conclue avec cette invitation: «Regardons le futur avec espérance et, à travers la paix, continuons à construire la Bolivie.»
Dimanche dernier, le Pape François lors de l’Angélus avait confié la situation en Bolivie aux prières des fidèles : «Je désire confier à vos prières la situation de la Bolivie bien-aimée, proche de ma patrie. J’invite tous les Boliviens, en particulier les acteurs politiques et sociaux, à attendre avec un esprit constructif, et sans aucune condition préalable, dans un climat de paix et de sérénité, les résultats du processus de révision des élections, qui est actuellement en cours. En paix.»
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