Tuerie de Pittsburg: un rabbin s’oppose à la peine de mort pour le tireur
Samedi 27 octobre 2018, Robert Bowers, 46 ans, faisait irruption dans la synagogue The tree of Life (arbre de vie) de Pittsburg en Pennsylvanie et ouvrait le feu sur les fidèles juifs qui y étaient réunis pour l’office de Shabbat, tuant 11 personnes, blessant 6 autres. Jusque-là inconnu des services de police, le tireur n’avait pourtant jamais caché sa haine viscérale des juifs sur les réseaux sociaux, proférant à leur encontre et à de multiples reprises des insultes et de virulentes menaces. Cette attaque antisémite, probablement la plus meurtrière de l’histoire des États-Unis, fait risquer à Bowers la peine capitale.
Catholiques et juifs contre la peine de mort
Une condamnation que veut toutefois lui éviter le rabbin Perlman, lui-même rescapé de l’attentat. La communauté Or Hadash qu’il dirige, -l’une des trois qu’abrite la synagogue Tree of life-, a perdu 3 fidèles, tués de sang-froid par Bowers. «Nos deux traditions religieuses, écrit Perlman à Barr, catholique pour vous, et juive pour moi, s’opposent vigoureusement à la peine de mort». Bien que la fameuse Loi du Talion, mentionnée par la Bible, prévoit la peine de mort pour certaines transgressions, le Talmud estime pour sa part qu’un tribunal qui prononce cette même peine plus d’une fois en 70 ans peut être considéré comme un «tribunal sanguinaire», rappelle le rabbin.
«Les récents papes et les évêques se sont élevés contre la peine de mort. Je sais que vous êtes un catholique engagé et que vous ne laisserez pas l’Histoire se souvenir de vous de cette manière», écrit encore Perlman, certain que le procureur général, -nommé à ce poste par Donald Trump en février dernier-, prendra en considération ses «chères valeurs chrétiennes» dans son verdict.
Ne pas rouvrir les blessures
Si le rabbin rejette la condamnation à mort, il requiert en revanche la prison à vie pour le criminel et s’en explique: «Je voudrais que le tueur de Pittsburgh soit incarcéré sans possibilité de libération conditionnelle pour le reste de sa vie. Il devrait réfléchir si l’adhésion au fantasme séparatiste blanc contre le peuple juif en valait vraiment la peine. Laissez-le vivre avec ça pour toujours. En ce qui me concerne, je ne veux pas que ce voyou puisse causer encore une douleur à ma communauté».
Et de fait, celle-ci reste terriblement éprouvée, étreinte par la douleur et l’anxiété, surtout à l’approche du 1er anniversaire de cette tragédie. «Nous pansons toujours nos plaies, physiques et émotionnelles, et je ne veux pas les voir s’ouvrir à nouveau», conclut le rabbin Perlman.
Cette tuerie avait bouleversé le pays tout entier. Le Pape François lui-même avait réagi dès le lendemain, lors de l’Angélus dominical, priant pour les victimes et parlant ainsi: «nous sommes tous frappés par cet acte inhumain de violence. Que le Seigneur nous aide à éteindre les foyers de haine qui se développent dans nos sociétés, en renforçant le sens de l’humanité, le respect de la vie, les valeurs morales et civiques, et la sainte crainte de Dieu qui est Amour et père de tous»
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