Le Pape François accueilli au Mozambique comme un pèlerin de réconciliation
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Le Pape François est arrivé ce mercredi soir au Mozambique, première étape de son 31ème voyage apostolique qui le conduira aussi à Madagascar et sur l’île Maurice.
Le Saint-Père restera dans ce pays lusophone deux jours, jusqu’à vendredi. Une visite sur les traces de saint Jean Paul II, venu en 1988, et centrée autour du thème "Espérance, paix et réconciliation". Elle intervient juste après l’accord d’août dernier entre le président mozambicain et le chef de la Renamo, ex-rébellion devenue le principal parti d’opposition, signé vingt-sept ans après la fin de la guerre civile qui avait fait un million de morts.
Le Pape ira à la rencontre d’une population encore très éprouvée après le passage dévastateur il y a six mois des cyclones Idai et Kenneth. Une population «en attente de signes d’espérance» comme en témoigne le père Angelo Romano de la communauté San't Egidio, très engagé sur le dossier mozambicain. Il nous présente le visage de ce pays engagé sur la voie de la réconciliation et insiste sur l’importance de cette visite du Pape, «très attendu par l’ensemble du peuple mozambicain».
Quelle est la situation du Mozambique à l’heure de la visite du Pape ?
C’est un pays jeune, dont la majorité des habitants est née après la fin de la guerre civile. Le Mozambique nourrit beaucoup d'espoir pour le futur et pas seulement d'ordre économique mais également concernant le développement et la croissance de la vie démocratique. D'importantes réformes constitutionnelles ont été approuvées et ont préparé le chemin pour l'accord de paix qui a été signé au mois d'août dernier.
Traditionnellement, il y a de très bonnes relations entre les chrétiens et les musulmans et les autres communautés religieuses. Le Mozambique est un pays de cohabitation. Aujourd’hui, les anciens ennemis, ceux qui se sont affrontés lors de la guerre civile, siègent ensemble au parlement.
Donc, je pense que la venue du Pape est importante pour confirmer le pays sur le chemin de la réconciliation, et pour le regard qu'il porte sur les questions environnementales. Ces thèmes sont au centre de ce déplacement du Pape et suscitent beaucoup d’attentes.
Le Pape François se rend au Mozambique un mois après l’accord signé entre le président et le chef de la Renamo, ex-mouvement rebelle mozambicain. Cet accord ne fait pas l’unanimité en raison notamment des divisions au sein même de la Renamo. Dans quelle mesure la parole du Pape peut-elle peser pour consolider cet accord ? Lui donner une impulsion ?
Le Pape est reconnu par tous comme un homme de paix, un témoin de paix. On a besoin de son apport, de son appui pour bien vivre la mise en place de l’accord. Parce qu’un accord de paix a besoin d’un climat favorable pour être appliqué. Sa visite est importante car elle donne à toute la population mozambicaine un signe visible que le pays est sur le bon chemin.
La visite du Pape intervient six mois après deux cyclones dévastateurs. La population, éprouvée, attend des paroles d’encouragement et d’espérance de la part du du Pape François ?
Absolument, on a besoin d’espérance. On a besoin de soutenir les efforts énormes que la population de toute la région Sofala [plein centre du Mozambique] est en train de faire pour la reconstruction. Il y a un effort énorme à faire et je pense que les gens ont besoin de regarder avec espoir le futur, d’écouter un mot d’encouragement.
Dans le même temps, je pense qu’il faut regarder les victimes de cette catastrophe comme des victimes, en partie, du changement climatique.
Durant ces deux jours, le Pape rencontrera les religieux et religieuses, séminaristes et personnes consacrées. Quel rôle l’Église doit jouer dans cette phase particulière qu’est en train de vivre le pays ?
Je pense que l’Église en tant que témoin de l’Évangile et selon les indications du Pape, doit être dans la rue, aux côtés de la population mozambicaine, des jeunes du Mozambique et des pauvres, comme des opérateurs de paix. Elle doit manifester de l’importance pour les chrétiens de témoigner de leur foi, même à l’intérieur du débat social et politique.
On a besoin d’une contribution des chrétiens avec les autres croyants, pour construire le bien commun. Je pense que le document qui a été signé à Abou Dhabi est très important pour le Mozambique, un pays de cohabitation islamo-chrétienne, pour mettre au centre le bien commun et instaurer une véritable collaboration entre les croyants.
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