Audience générale: la foi est la confiance dans l’invisible
Jean-Charles Putzolu - Cité du Vatican
Mercredi dernier, François avait préparé les fidèles aux vertus théologales, les présentant comme un don de l’Esprit Saint. Elles accompagnent la vie du chrétien et grâce à elles, il peut marcher à la suite du Christ. L’Église catholique reconnait trois vertus théologales: la foi, l’espérance et la charité.
C’est sur la foi ce mercredi 1er mai, que le Saint-Père s’est attardé; la foi qui a pour père Abraham. Et François de développer: «Lorsqu'il accepta de quitter la terre de ses ancêtres pour aller vers celle que Dieu lui montrerait, il aurait sans doute été jugé fou: pourquoi quitter le connu pour l'inconnu, le certain pour l'incertain? Mais Abraham s'est mis en route, comme s'il voyait l'invisible».
La définition de la foi
En réalité, dans cet exemple, le Pape illustre la définition de la foi donnée par le Catéchisme de l’Église catholique: “La foi est la vertu théologale par laquelle nous croyons en Dieu et à tout ce qu’Il nous a dit et révélé. (…) Par la foi, l’homme s’en remet tout entier et librement à Dieu”. Le Catéchisme lui-même se réfère à la Constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine du Concile Vatican II (votée par les pères conciliaires le 8 septembre 1965 et promulguée par le Pape Paul VI le 18 novembre de la même année, ndlr) pour cette définition. Abraham s’en est donc librement et entièrement remis à Dieu. «Et c'est encore cet invisible qui le fera monter sur la montagne avec son fils Isaac, le seul fils de la promesse, qui ne sera épargné qu'au dernier moment du sacrifice», continue le Saint-Père, précisant le développement de son affirmation initiale: «Dans cette foi, Abraham devient le père d'une longue lignée d'enfants», un père de la Foi.
Le Successeur de Pierre continue d’illustrer la vertu théologale de la foi avec deux autres exemples: Moise et Marie. Le premier est «l’homme de foi». Il accepte la voix de Dieu alors qu’il aurait eu de multiples raisons de douter. Pourtant, il a fait confiance au Seigneur «et a même défendu le peuple qui en revanche manquait si souvent de foi». Marie démontre sa foi la plus profonde par son “oui” au Seigneur: "Voici la servante du Seigneur: qu'il me soit fait selon ta parole". Là aussi, lorsque l’ange Gabriel frappe à sa porte pour lui annoncer qu’elle enfantera le Messie, elle aurait eu une issue facile en refermant la porte de son cœur. Au contraire, «le cœur plein de confiance en Dieu, Marie s'engage sur une route dont elle ne connaît ni le tracé ni les dangers».
La foi pour surmonter la tempête
Abraham, Moise, Marie, ont en commun leur abandon à Dieu, avec confiance. Ils ont accueilli Dieu. Et François de poursuivre: «Être chrétien ce n'est pas d'abord accepter une culture, avec les valeurs qui l'accompagnent, mais accueillir et chérir un lien entre soi et Dieu». Le Pape enchaine avec la traversée en barque du lac de Galilée: Jésus et ses disciples, dans cet épisode biblique relaté aussi bien par Marc que Mathieu, sont pris dans une tempête et les vagues sont si fortes qu’elles commencent à remplir d’eau les barques sur lesquelles ils se sont engagés. Au même moment, les disciples réveillent Jésus qui s’était endormi. Celui-ci menaça la mer et le vent en lançant un “silence, tais-toi!” qui mit fin à la tempête. Se tournant vers les disciples il leur dit: “Pourquoi êtes-vous si craintifs? N’avez-vous pas encore la foi?”.
Si François a recours à ce récit, c’est pour indiquer aux fidèles qui l’écoutent dans la salle Paul VI au Vatican, quel est «le grand ennemi de la foi». Ce n’est ni l’intelligence, ni la raison, «mais simplement la peur».
La foi est le premier don à accueillir dans la vie chrétienne. Un don «à accueillir et à demander chaque jour pour qu’il se renouvelle en nous». Il ne s’agit pas d’un don mineur, mais d’un don essentiel demandé au jour du baptême. Lorsque, devant les fonts baptismaux, le prêtre demande aux parents: “Que demandez-vous à l'Église de Dieu?”, ceux-ci répondent: “la foi, le baptême!”.
En demandant la foi pour leurs enfants, les parents s’assurent que leurs progénitures, «au milieu des épreuves de la vie», ne se noieront pas «dans la peur», qu’ils auront toujours un père dans les cieux, Dieu, qui ne les abandonnera jamais.
Hommes de peu de foi
Mais «la foi n’est pas l’apanage de tous». L’évêque de Rome termine sa catéchèse reconnaissant que «même nous, qui sommes croyants, nous nous rendons souvent compte que nous n'en avons qu'une petite parcelle», et c’est un reproche que fait Jésus à ses disciples sur le lac de Galilée. Cette foi, insiste François, «est le don le plus heureux, la seule vertu qu’il nous est permis d’envier». Un homme de foi «est habité par une force qui n'est pas seulement humaine»; la foi fait jaillir la grâce et ouvre l’esprit au mystère de Dieu. Cette foi peut et doit grandir. Chacun peut passer du statut d’«homme de peu de foi» à «homme foi». Pour cela il faut, comme les disciples, s’adresser au Seigneur et lui demander: «augmente en nous la foi».
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