Que se passe-t-il après la mort du Pape?
Lisa Zengarini – Cité du Vatican
La mort d'un Pape déclenche une chaîne d'événements, des traditions qui marquent les moments allant du décès du Pape et de ses funérailles au début du conclave et à l'élection de son successeur. Mais que se passe-t-il réellement au Vatican pendant la période de «Siège vacant»?
Principaux changements introduits en 1996 par Universi Dominici Gregis
Promulguée par le Pape saint Jean-Paul II le 22 février 1996, jour de la solennité de la Chaire de Pierre, la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis a révisé et mis à jour les normes en vigueur jusqu'alors concernant la succession apostolique sur le Siège de Pierre, réglementées par la Constitution apostolique Romano Pontifici Eligendo (1975) du Pape Paul VI. Le document est scindé en deux parties:
La première régit la vacance du siège apostolique ou Sede Vacante, c'est-à-dire la période entre la cessation du gouvernement de l'Église par le Pape et l'élection de son successeur.
La seconde décrit les procédures pour la préparation et la conduite de l'élection du Pontife romain.
Comme indiqué dans l'introduction, la révision de ces normes a été motivée par «la nécessité de tenir compte de la révision générale de la loi canonique […]. Après cette révision, inspirée par le deuxième Concile œcuménique du Vatican». «Dans la formulation de la nouvelle discipline, tout en tenant compte des exigences de notre temps, j'ai pris soin de ne pas dévier en substance de la ligne de la sage et vénérable tradition en vigueur jusqu'à présent». La Constitution confirme partiellement les règles préexistantes concernant l'élection du nouveau Pape.
Points essentiels
Le Collège des cardinaux reste l'organe responsable de l'élection du Pape, selon une tradition millénaire inscrite dans des normes canoniques précises: «S'il appartient en vérité au dépôt de la foi que le pouvoir du Souverain Pontife provient directement du Christ, dont il est le Vicaire sur la terre, il est aussi hors de doute que ce pouvoir suprême dans l'Église lui est conféré par l'élection légitime acceptée par lui, conjointement à la consécration épiscopale». À la date du 21 avril 2025, le Collège comprenait 135 cardinaux électeurs (Universi Dominici Gregis a fixé une limite de 120 cardinaux électeurs), dont 108 ont été nommés par le Pape François, et 117 non-électeurs. Les cardinaux ayant atteint l'âge de 80 ans le jour du début du Siège vacant sont exclus. Les cardinaux âgés de plus de 80 ans peuvent toutefois participer aux réunions préparatoires (congrégations générales précédant l'élection).
Le collège des électeurs est composé exclusivement de cardinaux: «En eux, s'expriment, comme en une admirable synthèse, les deux aspects qui caractérisent la figure et la charge du Pontife Romain: Romain, parce qu'identifié à la personne de l'Évêque de l'Église qui est à Rome et, donc, en relation étroite avec le clergé de cette Ville, représenté par les Cardinaux des titres presbytéraux et diaconaux de Rome, et avec les Cardinaux Évêques des sièges suburbicaires; Pontife de l'Église universelle, parce qu'il est appelé à prendre de manière visible la charge du Pasteur invisible qui guide le troupeau tout entier vers les pâturages de la vie éternelle. L'universalité de l'Église est du reste bien représentée dans la composition même du Collège cardinalice, qui rassemble des Cardinaux de tous les continents.»
Le conclave, en tant qu'«institution ancienne», est confirmé comme le cadre de l'élection du nouveau Pape. Jean-Paul II a réaffirmé sa structure essentielle et a ordonné que toutes les procédures d'élection se déroulent exclusivement dans la chapelle Sixtine du Palais apostolique: «Un examen historique attentif confirme non seulement l'opportunité contingente de cette institution, en raison des circonstances où elle est apparue et où elle a été peu à peu définie de manière normative, mais aussi sa constante utilité pour le déroulement ordonné, diligent et régulier des actes de l'élection elle-même, particulièrement dans les périodes de tension et de trouble. Pour cela précisément, tout en étant conscient de l'évaluation des théologiens et des canonistes de chaque époque, qui de manière concordante reconnaissent que cette institution n'est pas, de par sa nature, nécessaire à l'élection valide du Pontife Romain, je confirme par cette Constitution la permanence de sa structure essentielle».
«Étant donné le caractère sacré de l'acte et donc qu'il doit se dérouler dans un lieu approprié où, d'une part, les actions liturgiques puissent se conjuguer avec les formalités juridiques et où, d'autre part, il soit rendu plus facile aux électeurs de disposer leur esprit à accueillir les motions intérieures de l'Esprit Saint, je décide que l'élection continuera à se dérouler dans la Chapelle Sixtine, où tout concourt à entretenir le sentiment de la présence de Dieu, devant qui chacun devra se présenter un jour pour être jugé». Comme par le passé, la nécessité de préserver l'élection du Pontife romain des influences extérieures et de la confier à un corps électoral qualifié et prédéterminé est reconnue. En outre, les procédures du Conclave visent non seulement à assurer la liberté, mais aussi à garantir l'indépendance de jugement de chaque cardinal électeur, en les protégeant de toute curiosité indue et de toute pression inappropriée.
Trois changements principaux ont été introduits par la Constitution Universi Dominici Gregis
Pendant toute la durée de l'élection, les résidences des cardinaux électeurs et des personnes chargées de veiller au bon déroulement de l'élection sont situées à la Maison Sainte-Marthe, dans la Cité du Vatican. Auparavant, les cardinaux n'étaient pas autorisés à quitter la chapelle Sixtine pendant toute la durée du scrutin.
Les cardinaux électeurs ne peuvent voter pour l'élection du Pape qu'à bulletin secret. Cette disposition supprime les possibilités d'élection par acclamation ou par inspiration (quasi ex inspiratione) prévues par les règlements précédents, qui n'étaient plus adaptées pour refléter la pensée d'un corps électoral aussi vaste et diversifié. L'élection par compromis (per compromissum) a également été supprimée car elle était difficile à mettre en œuvre et pouvait conduire à une certaine irresponsabilité des électeurs qui, dans ce cas, ne seraient pas tenus d'exprimer un vote personnel. Selon ce mode d'élection, si plusieurs tours de scrutin ne permettent pas de dégager un candidat ayant la majorité requise, les cardinaux-électeurs peuvent convenir à l'unanimité d'un compromis, en adoptant un autre critère de majorité.
En ce qui concerne les votes requis pour l'élection valide du nouveau Pape, le paragraphe 75 de Universi Dominici Gregis établissait initialement qu'après le 33e ou le 34e tour de scrutin, si aucun consensus n'était atteint, le vote pouvait se poursuivre, seule la majorité absolue étant suffisante. Cette disposition a toutefois été modifiée par le Pape Benoît XVI dans le Motu Proprio Aliquibus mutationibus in normis de electione Romani Pontificis, signé le 11 juin 2007 et promulgué le 26 juin de la même année. Ce texte rétablit la règle traditionnelle selon laquelle, pour que l'élection du nouveau Pape soit valide, une majorité qualifiée des deux tiers des voix des cardinaux électeurs présents est toujours requise.
Le siège vacant
Le terme «Sede Vacante» (siège vacant, en latin) désigne la période qui s'écoule entre la fin du gouvernement de l'Église par un Pape et l'élection de son successeur. Cette période est régie par la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, publiée par le Pape saint Jean-Paul II le 22 février 1996.
Qui «gère» le siège vacant?
Selon ses dispositions, pendant la vacance du siège apostolique, le gouvernement de l'Église est confié au collège des cardinaux. Toutefois, leur autorité est limitée à la gestion des affaires ordinaires ou urgentes et à la préparation de l'élection du nouveau Pape. Le Collège des cardinaux assume également tous les pouvoirs civils du Souverain pontife en ce qui concerne le gouvernement de la Cité du Vatican. Toutefois, il n'est pas compétent pour les questions qui relevaient exclusivement de la prérogative du Pape de son vivant.
Qu'advient-il des chefs de la Curie romaine pendant la Sede Vacante?
À la mort du Pape, tous les chefs de dicastère de la Curie romaine sont démis de leur fonction, à quelques exceptions près afin de maintenir le fonctionnement régulier du Vatican. Ceux qui conservent leurs fonctions sont les suivants: le Camerlingue (actuellement le cardinal Kevin Farrell), qui a pour tâche de superviser et d'administrer les biens et les droits temporels du Siège apostolique pendant sa vacance; le pénitencier majeur (cardinal Angelo De Donatis); le cardinal vicaire général pour le diocèse de Rome (cardinal Baldassare Reina); le cardinal archiprêtre de la basilique vaticane et vicaire général pour la Cité du Vatican (cardinal Mauro Gambetti); l'aumônier de Sa Sainteté (Cardinal Konrad Krajewski); le Substitut pour les affaires générales de la Secrétairerie d'État (l’archevêque Edgar Peña Parra); le Secrétaire pour les relations avec les États (l’archevêque Paul Richard Gallagher); et le Maître des célébrations liturgiques pontificales (l’archevêque Diego Giovanni Ravelli). Les secrétaires des dicastères restent également en fonction.
Que fait le Collège des Cardinaux pendant la vacance du Siège?
Pendant la Sede Vacante, le Collège des cardinaux (les cardinaux sont normalement tous attendus à Rome, sauf en cas d'empêchement pour des raisons de santé) se réunit en deux types de congrégations cardinalices:
En congrégations générales, qui regroupent l'ensemble du Collège des cardinaux (y compris ceux qui ont dépassé la limite d'âge pour l'élection du nouveau Pape). Ces congrégations générales se tiennent au Palais apostolique et sont présidées par le doyen du Collège (le cardinal Giovanni Battista Re). En cas d'empêchement du doyen et du sous-doyen, c'est le cardinal électeur le plus âgé qui assure la présidence.
En congrégations particulières, qui sont composées du cardinal Camerlingue de la Sainte Église romaine et de trois cardinaux, un de chaque ordre (évêques, prêtres et diacres), tirés au sort parmi les cardinaux électeurs. Ces trois cardinaux assistants exercent leur mandat pendant trois jours, après quoi ils sont remplacés par un nouveau trio aléatoire. Ce processus se poursuit même pendant l'élection. La Congrégation particulière s'occupe des affaires ordinaires quotidiennes, tandis que les questions plus sérieuses doivent être soumises à la congrégation générale.
Quelles sont les décisions les plus urgentes prises par les congrégations générales?
Les congrégations générales (tenues avant le début du processus électoral) doivent délibérer rapidement sur les décisions clés suivantes (à l'exclusion des procédures liées à la mort du pape):
Préparer l'hébergement des cardinaux à la Domus Sanctae Marthae et aménager la chapelle Sixtine pour les procédures électorales.
Confier à deux ecclésiastiques éminents et moralement autorisés la tâche de présenter aux cardinaux deux réflexions sur les défis actuels de l'Église et le choix éclairé du nouveau Pape, et fixer la date de ces réflexions.
Détruire l'Anneau du Pêcheur et le Sceau de Plomb, qui servaient à authentifier les Lettres Apostoliques.
Fixer la date et l'heure du début du conclave.
Que se passe-t-il immédiatement avant le début de l'élection?
L'élection est précédée d'une célébration eucharistique, la messe votive Pro Eligendo Papa, à laquelle assistent les cardinaux électeurs avant de se rendre en procession solennelle à la chapelle Sixtine, où le conclave commence à élire le nouveau Pape. À la fin de la procession à l'intérieur de la chapelle Sixtine, chaque cardinal électeur prête le serment prévu au paragraphe 53 de l'Universi Dominici Gregis. Par ce serment, ils s'engagent, s'ils sont élus, à remplir fidèlement le Munus Petrinum en tant que pasteur de l'Église universelle. Ils s'engagent également à garder le secret absolu sur tout ce qui concerne l'élection du Pontife romain et à s'abstenir de soutenir toute tentative d'ingérence extérieure dans l'élection.
À ce moment-là, le Maître des célébrations liturgiques pontificales proclame l’«extra omnes», ce qui signifie que toutes les personnes étrangères au conclave doivent quitter la chapelle Sixtine. Seuls restent le Maître des célébrations liturgiques pontificales et l'ecclésiastique désigné pour prononcer la deuxième méditation. Cette méditation met l'accent sur la grave responsabilité qui incombe aux électeurs et sur la nécessité d'agir avec des intentions pures pour le bien de l'Église universelle, en n'ayant que Dieu devant les yeux.
Une fois la méditation terminée, l'ecclésiastique et le maître des célébrations liturgiques pontificales se retirent. Les cardinaux électeurs récitent ensuite des prières selon l'Ordo Sacrorum Rituum Conclavis et écoutent le cardinal doyen, qui leur demande s'ils sont prêts à procéder au vote ou s'ils ont besoin d'éclaircissements concernant les règles et les procédures décrites dans Universi Dominici Gregis.
Mesures visant à garantir la confidentialité et à prévenir les ingérences extérieures
Toutes les procédures électorales se déroulent exclusivement dans la chapelle Sixtine du palais apostolique du Vatican, qui reste complètement fermée jusqu'à la fin de l'élection. La Constitution apostolique du saint Pape Jean-Paul II insiste sur la nécessité de garantir le secret absolu sur tout ce qui se passe pendant le conclave et sur tout ce qui est directement ou indirectement lié à l'élection du Pape. Le document détaille toutes les précautions à prendre pour garantir la confidentialité et empêcher toute ingérence extérieure. Pendant toute la durée du processus électoral, les cardinaux électeurs doivent s'abstenir d'envoyer des lettres ou d'avoir des conversations, y compris des appels téléphoniques, sauf en cas d'extrême urgence. Il leur est interdit d'envoyer ou de recevoir des messages de quelque nature que ce soit, de recevoir des journaux ou des revues quelconques, de suivre des émissions de radio ou de télévision.
Nombre de voix et majorité requise pour l'élection
Pour élire valablement un nouveau Pape, la majorité des deux tiers des électeurs présents est requise. Si le nombre total d'électeurs n'est pas divisible par trois, un vote supplémentaire est nécessaire. Si le vote commence l'après-midi du premier jour, il n'y aura qu'un seul bulletin. Les jours suivants, deux scrutins ont lieu le matin et deux l'après-midi. Les procédures de vote sont détaillées dans Universi Dominici Gregis, y compris les dispositions pour les électeurs malades devant voter depuis leur chambre à la Domus Sanctae Marthae. Après le décompte des voix, tous les bulletins sont brûlés.
Que se passe-t-il si la majorité requise n'est pas atteinte?
Si les électeurs ne parviennent pas à un accord sur un candidat après trois jours de vote non concluant, une pause d'un jour maximum est accordée pour la prière, la libre discussion entre les électeurs et une brève exhortation spirituelle par le cardinal protodiacre (le cardinal Dominique Mamberti). Le vote reprend ensuite, et si aucune élection n'a lieu après sept tours de scrutin supplémentaires, une nouvelle pause est accordée. Ce processus se répète après sept autres bulletins infructueux. À ce stade, le camerlingue consulte les cardinaux sur la marche à suivre. Il est important de noter que l'article 75 de l'Universi Dominici Gregis a été modifié par le Motu Proprio publié par le Pape Benoît XVI le 26 juin 2007, qui a rétabli la règle traditionnelle exigeant une majorité des deux tiers des électeurs présents pour une élection valide du nouveau Pontife. Cette règle a également été confirmée dans le Motu Proprio De aliquibus mutationibus in normis de electione Romani Pontificis publié par le Pape Benoît XVI le 25 février 2013, qui précise que les votes doivent être calculés sur la base des électeurs présents et votants.
Que se passe-t-il immédiatement après l'élection d'un nouveau Pape?
Une fois l'élection réalisée, le dernier des cardinaux diacres appelle le secrétaire du Collège des cardinaux et le maître des célébrations liturgiques pontificales dans la chapelle Sixtine. Le doyen du Collège, au nom de tous les électeurs, demande le consentement du candidat élu en prononçant les mots suivants: «Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain pontife?». Après avoir reçu le consentement, il demande: «Quel nom voulez-vous que l'on vous donne?». Le Maître des célébrations liturgiques pontificales exerce les fonctions de notaire, avec deux officiers de cérémonie comme témoins, rédige le document d'acceptation et enregistre le nom choisi.
À partir de ce moment, le candidat élu acquiert la pleine et suprême autorité sur l'Église universelle. Le conclave prend alors fin avec effet immédiat. Le cardinal protodiacre annonce ensuite aux fidèles l'élection et le nom du nouveau Souverain pontife en prononçant la célèbre phrase: «Annuntio vobis gaudium magnum; Habemus Papam». Immédiatement après, le nouveau Pape donne la bénédiction apostolique Urbi et Orbi depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre. La dernière étape requise prévoit qu’après la cérémonie solennelle d'inauguration du pontificat et dans un délai approprié, le nouveau Pape prenne officiellement possession de la basilique Saint-Jean-de-Latran, cathédrale de l’évêque de Rome, selon le rite prescrit.
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