Le Saint-Siège fait évoluer la formation de son appareil diplomatique
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Par un chirographe intitulé «Le ministère pétrinien» signé du Souverain pontife le 25 mars et paru le 15 avril, l’Académie pontificale ecclésiastique devient une personnalité juridique publique et confèrera les grades académiques de deuxième et troisième cycle en sciences diplomatiques, à l’instar d’autres universités pontificales. Ainsi la pluriséculaire école des nonces devient un Institut académique en sciences diplomatiques. Ce changement de statut est immédiat, plein et définitif. L'établissement de la place de la Minerve à Rome devient par la même occasion partie intégrante de la Secrétairerie d’État dans le cadre de laquelle elle opère et dans la structure de laquelle elle s’insère à titre spécial. Selon un communiqué du Saint-Siège, cette décision s’inscrit dans une vision plus large de mise à jour et de qualification des études ecclésiastiques selon les paramètres internationaux de l’enseignement supérieur, comme le processus de Bologne.
Dans ce renouvellement, le Pape attire l’attention sur la nécessité d’un lien étroit avec les disciplines ecclésiastiques, les méthodes de travail de la Curie romaine, les besoins des Églises locales et, plus largement, avec l’œuvre d’évangélisation, l’action de l’Église et ses rapports avec la culture et la société humaine.
La double mission ecclésiale et temporelle d'une diplomatie singulière
L’Académie pontificale ecclésiastique offrira ainsi un programme de formation qui intègre des compétences juridiques, historiques, politiques, économiques et linguistiques, avec une base scientifique solide. L’objectif est de fournir aux étudiants, qui sont de jeunes prêtres des diocèses du monde entier, une préparation complète et adéquate pour la mission diplomatique qui leur est confiée par le Saint-Siège.
Cet itinéraire de formation requiert des compétences et des capacités d’interprétation, une solide aptitude au discernement et la disponibilité d’affronter les défis d’une Église appelée à vivre de manière de plus en plus synodale. Dans ce cadre, sont indispensables des qualités personnelles «telles que la proximité, l’écoute, le témoignage cohérent, le dialogue et la disposition fraternelle, à combiner avec l’humilité et la douceur qui caractérisent la vocation sacerdotale à l’exemple du Bon Pasteur», résume le Saint-Siège ce mardi. L’horizon demeure celui d’une action diplomatique inspirée par l’Évangile, capable de construire des ponts, de surmonter les obstacles et de promouvoir des chemins concrets de paix, de liberté religieuse et de coopération entre les nations.
Une préparation plus adéquate aux besoins de l’époque
Le chirographe de l’évêque de Rome rappelle que la mission confiée aux diplomates pontificaux inclut aussi la représentation du Pape auprès des pouvoirs publics dans des pays où l’annonce du salut s’exerce aussi dans les territoires où l’Église est une communauté naissante; ou dans les instances internationales où, par l’intermédiaire de ses représentants, le Siège de Pierre prête attention aux débats, en évalue les contenus et, à la lumière de la dimension éthique et religieuse qui lui est propre, propose une lecture des grands thèmes qui concernent l’aujourd’hui et l’avenir de la famille humaine.
Afin de «s’acquitter convenablement de ses fonctions», le diplomate doit développer une méthode de travail et un style de vie qui lui permettent de comprendre pleinement la dynamique des relations internationales et de bien interpréter les objectifs et les difficultés qu’une Église de plus en plus synodale doit affronter, a ajouté le Successeur de Pierre dans cet acte.
Citant la constitution apostolique Veritatis Gaudium (La joie de la vérité) sur les universités et les facultés ecclésiastiques publiée en 2018, le Pape explique qu’il ne s’agit pas seulement d’assurer une formation académique et scientifique de haut niveau, mais aussi de veiller à ce que celle-ci constitue une action ecclésiale appelée à la nécessaire confrontation avec la réalité de notre monde «surtout à une époque comme la nôtre marquée par les changements rapides, constants et considérables dans le domaine des sciences et des technologies».
Les statuts de l'Académie, anciennement nommée Académie des nobles ecclésiastiques, avaient été réformés par Pie VI en 1775, Léon XII en 1829 et Léon XIII en 1879. Les Papes Pie XII, Jean XXIII et Paul VI et de nombreux Secrétaires d’État du Saint-Siège y ont étudiés.
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