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L’Asif se félicite des progrès accomplis, promet de ne pas «baisser la garde»

«Le développement du réseau de coopération internationale et son renforcement sont des objectifs constants et prioritaires», affirme le président de l'Autorité de surveillance et d’information financière à l'occasion de la publication du rapport 2021 de l’institution.

Entretien avec Carmelo Barbagallo, président de l'Autorité de Surveillance et d'Information Financière (Asif), alors que lundi 13 juin est publié le rapport 2021 de cette institution du Saint-Siège et de l'État de la Cité du Vatican en charge de la surveillance, de la prévention et de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme .

Dans l'introduction du rapport, vous expliquez que 2021 a été «une année de consolidation». Pouvez-vous expliquer pourquoi, et nous donner quelques exemples?

Ces dernières années ont été marquées par plusieurs changements majeurs pour l'Autorité, que j'ai le privilège de présider depuis novembre 2019. Les changements ont concerné l'organisation interne de l'Asif, à travers l'approbation par le Saint-Père d’un nouveau statut qui prévoit une articulation interne plus fonctionnelle, en trois bureaux (Bureau de surveillance, Bureau d'information financière et Bureau des affaires réglementaires et juridiques), ainsi qu'une plus grande adhésion aux principes organisationnels de la Curie romaine. Ces changements ont également touché la composition du conseil d'administration, la nomination d'une nouvelle direction faisant autorité et le renforcement du personnel. Il faut aussi souligner la signature d'importants accords de coopération avec d'autres autorités.

Enfin, l'évaluation -avec un résultat largement positif- de la juridiction du Vatican par Moneyval vient couronner tous ces changements. Il était nécessaire de les consolider, c'est ce qui s'est passé en 2021 et nous continuons à le faire. La consolidation des procédures de travail, la pleine intégration des nouvelles ressources, dans l'intention de valoriser tous les collègues, et la contribution de plus en plus professionnelle des bureaux en sont des exemples.

Quelle est l'importance de l'évaluation Moneyval et où en sommes-nous dans le processus de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme?

L'évaluation Moneyval fait partie du circuit mondial de prévention et de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Elle revêt une importance fondamentale pour la capacité financière et la réputation des juridictions qui y adhèrent. Toute évaluation négative aurait eu des répercussions sur le chemin de transparence entrepris depuis longtemps par le Saint-Siège, risquant également de compliquer les relations financières d'entités telles que l'IOR et l'APSA avec leurs homologues étrangers. À l'inverse, l'excellent travail réalisé au cours des années précédentes et, surtout, au cours des toutes dernières années, a permis d'éviter que cela ne se produise.

Il n'est toutefois pas permis de baisser la garde en ce qui concerne l'efficacité de la prévention et de contraste car il est indispensable de mener une action de perfectionnement continu, qui - conformément aux normes internationales - prévoit de fréquents moments de vérification. L'activité de coordination de la juridiction dans la mise en œuvre des recommandations reçues de Moneyval que mène l'Asif, en collaboration avec le Comité de sécurité financière, va dans ce sens.

Comment définiriez-vous la relation entre l'Asif et les différentes autorités et dicastères du Saint-Siège?

La collaboration entre l'Asif et les autorités et dicastères du Saint-Siège est essentielle pour la pleine efficacité de l'action de prévention et de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Consciente de cela, l'Asif s'engage constamment à maintenir un dialogue proactif avec tous les acteurs impliqués dans cette action, dans le respect des prérogatives et des rôles assignés par les règlements internes et en accord avec les normes internationales. Au cours des dernières années, les possibilités de dialogue et de travail en commun se sont intensifiées. Je mentionne, mais seulement à titre d'exemple, les réunions systématiques avec le Bureau du Promoteur de la Justice, la Gendarmerie et le Bureau du Réviseur Général.

Quelles mesures ont été prises pour améliorer le travail d’informations financières, en particulier par le biais des relations internationales avec d'autres organismes homologues?

Le développement du réseau de coopération internationale et son renforcement sont des objectifs constants et prioritaires de l'Asif. Ceci est particulièrement important pour une juridiction comme le Vatican et compte tenu de la présence capillaire de l'Église dans le monde. L'un des instruments utilisés par l'Asif à cet égard est la signature de protocoles d'accord. En 2021, nous en avons signé trois supplémentaires. Dans ce contexte, l'Asif attache une importance particulière à sa participation au Groupe Egmont, un instrument essentiel pour intensifier les relations avec les autorités étrangères similaires.

Le seul intermédiaire financier supervisé par l'Asif est l'Istituto per le Opere di Religione (IOR), comment jugez-vous le travail effectué par la «banque du Vatican» et quelles mesures doivent maintenant être prises?

L'IOR s'est depuis longtemps engagé dans une voie vertueuse qui la distingue sensiblement de certains tristes événements du passé. Cette évolution a été favorisée par une action positive de réorganisation, toujours en cours, visant à rendre la gestion de l'Institut de plus en plus efficace, efficiente et fiable. En outre, en termes de prévention et de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, la meilleure attestation de l'action positive menée jusqu'à présent est donnée par le jugement exprimé par Moneyval lors de sa récente évaluation, qui était pleinement favorable tant en ce qui concerne les contrôles mis en place par l'Institut qu'en ce qui concerne la supervision par l'Asif. La route est donc balisée. Il s'agit maintenant de continuer à le parcourir avec conviction, en sachant l'importance pour la juridiction d'une institution financière comme l'IOR et en ayant la certitude que l'Asif continuera à suivre l'institution surveillée avec une attention accrue et incisive.

En 2021, l'Asif a reçu 104 déclarations d'activités suspectes: que pouvez-vous nous dire à leur sujet?

L'analyse et l'évaluation des rapports d'activités suspectes font partie des tâches les plus importantes et les plus sensibles confiées à l'Asif. Une partie importante des analyses effectuées est transmise aux autorités chargées de l'enquête afin qu'elles poursuivent leurs investigations sur d'éventuels profils criminels. En ce qui concerne la composition des rapports, nous constatons que la plupart d'entre eux proviennent traditionnellement de l'IOR. Nous notons également dans le rapport une tendance constante à l'amélioration de leur qualité, qui se poursuit depuis 2017. L'intensification des mesures préventives prises par l'IOR et la mise en œuvre de plus en plus consciente d'une approche fondée sur le risque y contribuent.

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13 juin 2022, 11:42