Le Pape vénérant le Crucifix lors de la célébration de la Passion, le 15 avril 2022. Le Pape vénérant le Crucifix lors de la célébration de la Passion, le 15 avril 2022. 

Célébration de la Passion: avec le Christ, «passer à ce qui ne passe pas»

À l’occasion de la Passion du Seigneur, célébrée ce vendredi 15 avril en la basilique Saint-Pierre, le cardinal Raniero Cantalamessa, chargé par le Saint-Père de prononcer l'homélie, a proposé une méditation sur le dialogue entre le Christ et Pilate. À l’image de ce dernier, l’homme d’aujourd’hui continuer de tourner le dos à Celui qui est venu annoncer au monde la Vérité : le Christ, a souligné le prédicateur de la Maison pontificale.

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Dans le récit de la Passion, l'évangéliste Jean accorde une importance particulière au dialogue de Jésus avec Pilate. Tout commence par la question de Pilate: «Es-tu le roi des Juifs ?» Jésus veut faire comprendre à ce dernier que la question est plus sérieuse qu'il ne le pense, mais qu'elle n'a de sens que s’il ne se contente pas de répéter une accusation formulée par d'autres. Il demande donc à son tour: «Dis-tu cela de toi-même, ou bien d'autres te l'ont dit à mon sujet?»

«En déclarant qu'il est roi, Jésus s'expose à la mort ; mais au lieu de se disculper en le niant, il l'affirme avec force», a expliqué le cardinal Raniero Cantalamessa. Jésus laisse filtrer son origine supérieure : «Je suis venu dans le monde...» : il a donc mystérieusement existé avant la vie terrestre. Il est venu sur la terre pour être le témoin de la vérité. Et considère Pilate comme une âme qui a besoin de lumière et de vérité, et non comme un juge. «Jésus est plus intéressé par le sort de Pilate que par le sien. Par son appel à accueillir la vérité, il veut l'amener à rentrer en lui-même, à regarder les choses d'un autre œil, à se placer au-dessus de la dispute momentanée avec les Juifs», a noté le prédicateur de la Maison pontificale. Par son appel à accueillir la vérité, Jésus veut amener Pilate à rentrer en lui-même, à regarder les choses d'un autre œil, à se placer au-dessus de la dispute momentanée avec les Juifs. 

Oser annoncer la Vérité

Aujourd'hui encore, comme hier, l'homme ne cesse de se demander : «Qu'est-ce que la vérité ?». Mais à l'image de Pilate, il tourne distraitement le dos à Celui qui a dit «Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité» et «Je suis la Vérité !». 

«Grâce à internet, j'ai suivi d'innombrables débats sur religion et science, sur foi et athéisme (...) sans que le nom de Jésus ne soit jamais mentionné», a témoigné le cardinal Cantalamessa. «Tout se passe comme si un homme appelé Jésus-Christ n'avait jamais existé dans le monde.» Le mot «Dieu» devient ainsi un récipient vide, que chacun peut remplir à sa guise. Mais c'est précisément pour cela que Dieu a pris soin de donner un contenu à son nom : «Le Verbe s'est fait chair». La Vérité s'est faite chair, d'où l'effort acharné des hommes de laisser le Christ en dehors du discours sur Dieu, a expliqué le prélat capucin, face aux 3500 fidèles environ réunis dans la basilique Saint-Pierre. 

“Si j'avais le courage de l'apôtre Paul, je devrais moi aussi crier: «nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu !»”

Le mal qui nous entoure est encore plus absurde et désespérant sans la foi en un triomphe final de la vérité, a remarqué le cardinal Cantalamessa. Citant les mots du philosophe existentialiste S. Kierkegaard, dans le Traité du désespoir, la maladie mortelle, il note : «Frères et sœurs athées, agnostiques ou encore en recherche (...) on parle beaucoup de la misère humaine, on parle beaucoup des vies gâchées. Mais la seule vie gâchée est celle de l'homme qui ne se rend jamais compte, parce qu'il ne l'a jamais eue, au sens le plus profond, l'impression qu'il existe un Dieu et qu'il - lui-même, son ego - se tient devant ce Dieu.» 

La résurrection de Jésus d'entre les morts, que nous allons célébrer dans deux jours, est la promesse et la garantie que ce triomphe aura lieu, car il a déjà commencé avec Lui. «Si j'avais le courage de l'apôtre Paul, je devrais moi aussi crier : "nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu !"», a lancé le religieux. Lui invite à ne pas sortir de ce monde comme Pilate est sorti du prétoire, avec cette question en suspens : «Qu'est-ce que la vérité ?». «C'est trop important. Il s'agit de savoir si nous avons vécu pour quelque chose, ou en vain.» 

Pâques: accepter de passer au Christ

Cette année, nous célébrons Pâques, non pas au son joyeux des cloches, mais avec dans les oreilles le bruit de bombes et d'explosions non loin d'ici, a rappelé le cardinal Cantalamessa. «Rappelons-nous ce que Jésus a répondu un jour à la nouvelle du sang qu’avait fait verser Pilate et de l'effondrement de la tour de Siloé : "Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même." Si vous ne changez pas vos lances en faucilles, vos épées en socs et vos missiles en usines et en maisons, vous périrez tous de la même manière !», a-t-il lancé.

L'ordre du monde peut changer d'un jour à l'autre. Tout passe, tout vieillit, tout disparaît. «Il n'y a qu'un seul moyen d'échapper au courant du temps qui entraîne tout derrière lui : passer à ce qui ne passe pas ! Mettre les pieds sur la terre ferme !» Pâques signifie passage : chacun de nous est aujourd'hui invité à faire de cette année une vraie Pâque, à passer à Celui qui ne passe pas : le Christ, a conclu le cardinal italien.

Revoir l'intégralité de la célébration, commentée en français

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15 avril 2022, 17:37