Le Pape recevant le métropolite Hilarion en audience Le Pape recevant le métropolite Hilarion en audience 

Métropolite Hilarion: les chrétiens promeuvent l'esprit de fraternité

Le métropolite russe, président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, reçu au Vatican, a remis au Pape l'édition russe du livre “Prière, le souffle d'une vie nouvelle”, préfacé par le Patriarche Kirill de Moscou.

P. Benedict Mayaki SJ et Francesca Sabatinelli - Cité du Vatican

«Nous sommes nombreux, nous sommes différents, et pourtant nous sommes un, nous sommes l'Église» : c'est ce que l'on peut lire dans les pages du livre du Pape, Prière, le souffle d'une vie nouvelle, sorti en 2019, aux éditions de la LEV (Librairie éditrice du Vatican) consacré au rôle de la prière dans la vie chrétienne et préfacé par le patriarche Kirill de Moscou. Un volume qui recueille les paroles les plus significatives du Pape sur la prière et en particulier la catéchèse sur le “Notre Père”.

Dans sa préface, Kirill, comme le Pape, soutient combien il est important «à une époque marquée par la crise de la communication» de souligner que «dans la prière du Notre Père, qui nous a été enseignée par Jésus, le pronom 'je' n'est pas utilisé, puisque chacun de nous présente cette prière à notre Père céleste au nom de toute l'humanité». 

L'édition russe du livre a été présentée  au Pape par S.E Hilarion Alfeev, métropolite de Volokolamsk, président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou. Ces jours-ci, Hilarion est à Rome pour participer à la rencontre internationale “Peuples frères, Terre future”, organisée par la Communauté de Sant'Egidio, qui s'ouvre aujourd'hui et qui verra demain, lors de la cérémonie de clôture, la participation du Pape. Il répond aux questions de Vatican News :

Vous avez présenté au Pape François l'édition russe du livre Prière : Le souffle d'une vie nouvelle préfacé par le patriarche Kirill de Moscou et de toute les Russie. Le livre recueille les paroles du Pape sur la prière et en particulier, sa catéchèse sur le “Notre Père”. D'un point de vue œcuménique, quelle est la valeur du contenu de ce livre ?

 Je pense qu'il est important que les lecteurs russes sachent que le Pape François n'est pas seulement un chef d'Église, uniquement impliqué dans l'administration de l'Église catholique romaine, mais qu'il est aussi un homme de prière. L'expérience de la prière est quelque chose qui unit tous les chrétiens. Et les leçons qu'il donne à ses ouailles seront précieuses pour les lecteurs russes, surtout, bien sûr, pour les catholiques russophones. Mais je crois aussi que certains lecteurs orthodoxes pourront profiter de ses leçons.

Ce lundi 4 octobre, le Pape François, ainsi que d'autres chefs religieux, ont appelé les dirigeants du monde à travailler ensemble pour prendre soin de la création. Comment voyez-vous la coopération entre les religions dans cette importante frontière de dialogue qu'est la protection de notre planète ?

Nous n'avons qu'une seule maison et c'est notre maison commune. Nous ne pouvons pas la diviser en sections, nous ne pouvons pas dire que cette section sera exclusivement réservée aux chrétiens, une autre exclusivement aux musulmans, une autre encore aux juifs, etc. Nous avons cette maison mondiale et nous sommes tous responsables de sa protection. La situation écologique à laquelle nous sommes confrontés est décrite par certains comme dangereuse, par d'autres comme désastreuse. Et nous pensons qu'il est grand temps d'envoyer un signal fort aux dirigeants politiques pour leur dire que nous sommes conscients des dangers de cette situation, qu'elle nous préoccupe et que nous leur demandons d'assumer la responsabilité de l'avenir de notre planète.

Nous-mêmes - les chefs religieux - ne pouvons pas faire grand-chose à cet égard. Mais les dirigeants politiques sont ceux entre les mains desquels se trouvent de nombreuses décisions à prendre. Et nous aimerions que ces décisions soient prises. Pour rendre notre planète propre, pour arrêter la pollution et pour prévenir les catastrophes à venir, comme la fonte des glaces, dont parlent de nombreux savants et scientifiques.

Jeudi prochain, 7 octobre, des représentants de différentes confessions et cultures se réuniront dans un esprit de fraternité à Rome pour la rencontre “Peuples frères, terre future”. Pour le Pape François, la fraternité est le défi de ce siècle. En effet, pour lui, «un monde sans fraternité est un monde d'ennemis». De quoi avons-nous besoin pour que cette valeur de fraternité s'enracine dans les sociétés, et qu'apporte l'accent mis par le Pape sur ce point au dialogue œcuménique et interreligieux ?

Comme nous avons une seule maison, nous constituons aussi une seule famille: la famille des êtres humains créés à l'image de Dieu. Les gens sont différents. Ils sont différents par leur race, par leurs origines ethniques, par leur statut social. Et bien sûr, ils sont différents dans leurs affiliations religieuses. Il y en a qui ne croient pas en Dieu, ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas été créés par Dieu ou qu'ils n'ont pas été créés à l'image de Dieu.

Ainsi, pour nous, chaque être humain est notre prochain et est notre frère ou notre sœur. Par conséquent, l'esprit de fraternité, l'esprit de camaraderie et  d'amitié est l'esprit qui devrait être promu par les chrétiens ; et je crois qu'il est important que les Églises chrétiennes soient impliquées dans le dialogue interreligieux, dans les activités interreligieuses.

Dans l'Église orthodoxe russe, nous mettons fortement l'accent sur ce point. Par exemple, dans la Fédération de Russie, nous avons un organisme qui s'appelle le Conseil interreligieux de Russie. Il est dirigé par le patriarche de Moscou, mais il comprend les dirigeants de toutes les confessions religieuses traditionnelles du pays qui sont au nombre de quatre : le christianisme orthodoxe, le judaïsme, le bouddhisme et l'islam. Tous ces chefs religieux sont donc présents au sein de cette organisation.

Nous discutons de questions communes, nous arrivons à des positions communes. Et ces positions communes, nous les présentons aux autorités de la Fédération de Russie. Nous réagissons également à tous les événements importants de la société, y compris certains événements tristes qui se produisent de temps en temps, comme les attaques terroristes. Nous voulons nous assurer que personne ne confonde ce qui se passe pour des raisons politiques ou ethniques avec une sorte de haine interreligieuse. Nous encourageons le dialogue interreligieux et nous pensons que chaque Église chrétienne a la responsabilité de le promouvoir.

 

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06 octobre 2021, 13:54