Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège. Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège.  

Cardinal Parolin: le Pape demande d'être les témoins d'une Église tournée vers le monde

Budapest et la Slovaquie attendent le Pape François. À Šaštin en Slovaquie, le Saint-Père confiera à la Vierge tous ceux qui se trouvent dans des situations de fragilité, souligne le Secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin. Entretien.

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

Le Pape se prépare à partir pour son 34ème voyage apostolique: il clôturera le Congrès eucharistique à Budapest dimanche 12 septembre, puis visitera la Slovaquie. L'arrivée du successeur de Pierre est très attendue. Une double visite apostolique, rappelle le Secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, que le Pape lui-même a annoncé à son retour d'Irak, et qui est née du désir et de la prière. Le pèlerinage au sanctuaire national de Šaštin, a-t-il souligné, sera un «pèlerinage qui a lieu après l'opération chirurgicale que le Pape a subie, donc dans un certain sens aussi pour remercier la Vierge pour le succès de cette opération». 

Cardinal Pietro Parolin: Le Pape lui-même, au cours de l'interview à son retour d'Irak, a annoncé son désir, son intention qui, comme souvent dans les voyages, est née, dit-il, de la prière: le désir, l'intention d'aller présider la messe de clôture du Congrès eucharistique international de Budapest, qui avait déjà été reportée à cause du covid, et puis justement, étant donné la proximité, d'aller aussi en Slovaquie et de visiter le pays.

L'archevêque de Budapest, le cardinal Erdö, a répété que la Hongrie a besoin de la lumière de la foi pour ressentir et approfondir la fraternité avec tous les peuples. Quels fruits attendez-vous du Congrès eucharistique?

Les congrès eucharistiques sont des occasions de célébration, de réflexion, d'étude, d'approfondissement du mystère de l'Eucharistie, et c'est pourquoi le Congrès international de Budapest partage également ce but. En fait, ces jours-ci, tous ces moments, à la fois festifs et plus académiques, d'approfondissement, ont lieu. Le Congrès eucharistique doit ensuite conduire à une vie qui est eucharistique: il y a quelques jours, j'ai relu le discours, l'homélie que le Pape François a prononcée -en 2018 à Molfetta, à l'occasion du 25e anniversaire de la mort de Don Tonino Bello et à ce moment-là, il a dit, entre autres choses: «Dans chaque paroisse, dans chaque église, il devrait y avoir cette inscription : "Après la messe, tu ne vis plus pour toi, mais tu vis pour les autres"». Je crois que c'est le sens de ce que disait le cardinal Erdö, c'est-à-dire que l'Eucharistie nous plonge dans l'amour du Christ, dans la vie même du Christ qui est un amour aux dimensions universelles, et doit donc nous rendre capables de voir en tout homme, en toute personne, un frère dont nous devons porter les fardeaux.

En Slovaquie, le Pape sera accueilli par une population où le souvenir des saints Cyrille et Méthode est vivant: une visite qui réaffirme le pont spirituel du dialogue entre l'Orient et l'Occident...

La figure des saints Cyrille et Méthode a profondément marqué toute l'histoire de la nation slovaque: dans la Constitution elle-même, dans le préambule, je crois qu'on parle d'eux comme des pères spirituels et culturels de la nation. Et Jean-Paul II, dans le Slavorum Apostoli, parle d'eux comme d'un pont entre l'Orient et l'Occident. Ce que nous pouvons saisir de ces saints -et je crois que leur message est actuel, pérenne, entre autres, ils sont aussi patrons de l'Europe, voulus par Jean-Paul II- c'est cette capacité, d'abord, l’inculturation de l'Évangile.

Ils savaient parler aux gens de leur temps, ils savaient annoncer l'Évangile dans des catégories qui leur étaient accessibles, et c'est une invitation à faire ce que le Pape François nous demande de faire quand il parle d'une Église sortante, d'une Église qui doit être entièrement orientée vers l'évangélisation du monde: être orienté vers l'évangélisation du monde signifie trouver le bon langage pour que le monde puisse recevoir l'annonce de l'Évangile. Donc, d'une part cette inculturation, cette poussée missionnaire, et d'autre part, aussi le fait de savoir insérer cette diversité de spiritualité, de formes d'expression de la spiritualité, de culture de la langue dans l'unité catholique qui devient ainsi une unité symphonique, et non uniforme.

Le programme de la visite est chargé, avec notamment une rencontre avec la communauté rom, signe de l'attention portée par le Pape à cette réalité...

Cette rencontre s'inscrit dans la continuité de la rencontre que le Pape a eue en Roumanie il y a deux ans avec la communauté rom, où il a exprimé du plus profond de son cœur toute la douleur pour les souffrances que cette communauté avait subies, que cette communauté avait dû endurer au fil du temps: cette forte participation du Pape à la douleur des gens, et donc aussi la demande de pardon pour la part de responsabilité que nous avons pu avoir -l'Église ou les hommes d'Église- dans cette situation. Et en même temps, cela devient aussi, d'une part, l'attention à cette population, donc le respect, mais aussi l'appréciation des valeurs qu'elle exprime -et elles sont nombreuses: de la valeur de la famille à la valeur de la solidarité, de l'hospitalité, de l'attention aux personnes âgées et ainsi de suite- et d'autre part, l'effort qui est fait pour les intégrer pleinement dans la société.

Le Pape présidera la messe au sanctuaire national de Šaštin, le jour de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, patronne de la Slovaquie. C'est une étape que le Pape ne voulait pas manquer...

Certes, et dans un certain sens, il a prolongé son voyage pour participer à cette fête populaire de grande dévotion à la patronne de la Slovaquie. Je crois que, d'une part, c'est une indication de la grande considération que le Pape a toujours accordée à la religiosité populaire, à la piété populaire, mais surtout à la dévotion à la Vierge, qu'il a expérimentée directement en Amérique latine, en Argentine, dans tous les pays de ce continent, mais qui est aussi fortement enracinée en Europe. Ce sanctuaire de Šaštin est un exemple de l'importance de la dévotion à la Vierge pour la vie de foi d'un peuple, d'une communauté. En même temps, je voudrais aussi souligner le fait que ce pèlerinage a lieu après l'opération chirurgicale du Pape, donc, dans un certain sens, c'est aussi une façon de remercier la Vierge, certes, pour le succès de cette opération, mais aussi de lui confier tous ceux qui se trouvent dans des situations de fragilité, de vulnérabilité, de souffrance, y compris physique, comme il l'a vécu en cette période, surtout en tenant compte de la situation, de la contingence de la pandémie qui continue, malheureusement, à faire souffrir de nombreux pays.

Éminence, dans quel esprit le Pape part-il?

Il l'a dit lui-même, dimanche dernier, après l'angélus du 5 septembre. Il a dit: «Désir...», il y a donc un grand désir de rencontrer ces fidèles, de rencontrer ces Églises, en tenant compte du fait que les voyages apostoliques se sont raréfiés à cause du covid-19, le Pape ressent le besoin, précisément, intensément, de reprendre cette forme d'exercice de son ministère pétrinien et cette possibilité de contact avec les gens qui caractérise son style et sa manière d'être.

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10 septembre 2021, 15:28