Le Pape François en visite à la Grande synagogue de Rome -Tempio Maggiore di Roma-, le 17 janvier 2016. Le Pape François en visite à la Grande synagogue de Rome -Tempio Maggiore di Roma-, le 17 janvier 2016.  

Le cardinal Koch aux rabbins: le Pape n'a jamais dévalorisé la Torah

Le président de la Commission vaticane pour les relations religieuses avec le judaïsme a écrit une lettre aux rabbins Arussi et Sandmel concernant «les préoccupations» exprimées par certains membres de la communauté juive à propos des déclarations faites par le Pape François lors de l'audience générale du 11 août 2021. Le cardinal Koch soutient que «les affirmations positives pour le monde juif sont toujours venues du Saint Père».

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

«Le fait que la Torah soit cruciale pour le judaïsme moderne n'est en aucun cas remis en question». Et l'on ne peut en aucun cas supposer que le Pape François revient à «une prétendue doctrine du mépris». Le Saint-Siège répond ainsi aux «préoccupations» manifestées ces dernières semaines par certaines personnalités de la communauté juive mondiale à propos de certaines déclarations du Pape, notamment lors de l'audience générale du 11 août dernier, qui, selon eux, semblaient dévaloriser la Loi juive, la considérant comme obsolète.

Une demande d’éclaircissements

Dans ce contexte, le cardinal Kurt Koch, président non seulement du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens mais aussi de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, a envoyé une lettre au rabbin Rasson Arussi, président de la Commission du grand rabbinat d'Israël pour le dialogue avec le Saint-Siège (Jérusalem), qui, le 12 août au lendemain de l'audience générale, avait écrit une lettre au cardinal Koch en personne afin de demander un compte rendu des paroles du Pape dans le contexte d'une catéchèse sur la théologie de Saint Paul dans la Lettre aux Galates (cf. Gal 3,19. 21-22). 

 

Une lettre similaire a également été envoyée au cardinal suisse par le rabbin David Fox Sandmel, l'un des directeurs de l'Anti-Defamation League, organisation basée à New York, qui surveille et combat l'antisémitisme dans le monde.

Tous deux ont demandé des éclaircissements sur certains passages de la catéchèse, comme celui où le Pape affirme que la Loi «n'est pas le fondement de l'Alliance, parce qu'elle est venue plus tard, elle était nécessaire et juste, mais avant il y avait la promesse, l'Alliance»; ou celle dans laquelle il déclare ceci: «La Loi, cependant, ne donne pas la vie, elle n'offre pas l'accomplissement de la promesse, parce qu'elle n'est pas en mesure de l'accomplir. C'est un chemin qui vous fait avancer vers la rencontre».

Le Pape consulté pour répondre

Le cardinal Koch a répondu aux deux rabbins par une missive similaire quelques jours plus tard, se disant «désolé», comme il l'explique au début de la lettre, mais précisant qu'il avait d'abord voulu consulter le Pape. François lui-même a donc chargé le chef du dicastère de rédiger la réponse.

«Dans le discours du Saint-Père, la Torah n'est pas dévaluée», assure le cardinal Koch dès les premières lignes de la lettre. Dans sa catéchèse, «le Saint-Père ne fait aucune mention du judaïsme moderne; son discours est une réflexion sur la théologie paulinienne dans le contexte historique d'une époque spécifique. Le fait que la Torah soit cruciale pour le judaïsme moderne n'est en aucun cas remis en question», garantit le président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens.

La catéchèse de François

Le cardinal suisse revient sur le fond de la question, soulignant que l’évêque de Rome, dans sa réflexion, affirme expressément «que Paul n'était pas opposé à la loi mosaïque: au contraire, Paul observait cette loi, soulignait son origine divine et lui attribuait un rôle dans l'histoire du salut. La phrase: "La loi ne donne pas la vie, elle n'offre pas l'accomplissement de la promesse" ne doit pas être sortie de son contexte, mais être considérée dans le cadre général de la théologie paulinienne. La conviction chrétienne permanente est que Jésus-Christ est la nouvelle voie du salut. Toutefois, cela ne signifie pas que la Torah est diminuée ou qu'elle n'est plus reconnue comme la voie du salut pour les Juifs».

Lien avec le monde juif

Le cardinal invite ensuite à rappeler les «affirmations positives que le Pape François n'a cessé de faire sur le judaïsme» en ses années de pontificat, fruit d'une relation de profonde estime et de proximité avec le monde juif depuis Buenos Aires et scellée par la publication du livre Ciel et Terre, écrit conjointement avec le rabbin et ami de longue date, Abraham Skorka.

«Les confessions chrétiennes trouvent leur unité dans le Christ; le judaïsme trouve son unité dans la Torah», avait soutenu le Pape en 2015, recevant le Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ) au Vatican.

Pas de retour à une «doctrine du mépris»

À la lumière de ce discours, «on ne peut en aucun cas supposer que le Pape revienne à une soi-disant "doctrine du mépris"», a réaffirmé le cardinal Koch. «Le Pape François respecte pleinement les fondements du judaïsme et cherche toujours à approfondir les liens d'amitié entre les deux traditions religieuses.» Il est d'accord avec le contenu du document «Entre Jérusalem et Rome», publié en 2017, exposant que «les différences doctrinales sont essentielles et ne peuvent être discutées ou négociées...» Le cardinal dit espérer que cette réponse clarifie le contexte théologique des paroles du Saint-Père.

La lettre du cardinal Kurt Koch est rendue publique quelques jours après que le Pape ait publiquement exprimé ses meilleurs vœux lors de l'angélus du 5 septembre pour les anniversaires de Rosh Hashanah, nouvel an juif, et des deux fêtes de Yom Kippour et Sukkot.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

10 septembre 2021, 15:00