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Petit-séminaire saint Pie X: cinq témoins entendus dans le procès sur les abus présumés

Dixième audience du procès contre le père Martinelli, accusé d'avoir abusé d'un camarade de classe, alors qu'ils avaient entre 13 et 19 ans, au sein de l’institut confié au diocèse de Côme, et contre l'ancien recteur, le père Radice, accusé d’avoir fait obstruction à l'enquête. L’actuel vice-recteur, ordonné avec le premier accusé, trois autres anciens élèves et un ancien gendarme en service dans la basilique ont été entendus. La prochaine audience est prévue le 7 juin.

Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican

Les deux prévenus, Don Gabriele Martinelli, 28 ans, et l'ancien recteur du petit-séminaire saint Pie X, Don Enrico Radice, aujourd'hui âgé de 71 ans, tous deux incardinés dans le diocèse de Côme, continuent de nier les faits qui sont reprochés. Au cours de l'audience, qui a duré un peu plus de trois heures et vingt minutes, plusieurs témoins ont été entendus, dont un ancien gendarme et d’anciens élèves du petit-séminaire.

Andrea Garzola, 25 ans, de Castelfranco Veneto, élève au petit-séminaire de 2010 à 2013 a été le premier à témoigner ; il a confirmé avoir été «touché» de manière équivoque par Martinelli, entre janvier et mars 2013, lors d'un jeu transformé en dispute, après une réaction de colère. «Nous ne nous sommes plus jamais parlé, jusqu'à la fin de l'année », a-t-il assuré. Mais il a été contredit par ce que rapporte K.J., l'ancien élève polonais qui a envoyé les premières lettres de plainte anonymes, et qui lui aurait raconté les violences présumées de Martinelli envers L.G., la victime présumée, plus jeune d'un an, également originaire de Côme, et qui s'est constituée partie civile au procès. Garzola a déclaré devant le tribunal qu'il ne se souvenait pas de ce qu'il avait dit au cours de l'enquête. «Je pense que je voulais oublier beaucoup de choses», a-t-il dit.


L'ami de la victime présumée: «je ne pense pas qu'il m'ait menti»

C’est ensuite M.B. qui a été entendu. Âgé de 28 ans, bientôt ordonné prêtre, étudiant au petit-séminaire durant les trois dernières années de lycées (2009-2012), il est un ami et compagnon de classe de L.G. qu’il n'a cependant pas vu «depuis environ deux ans». Il affirme que son ami lui a rapidement confié «les attentions sexuelles de Martinelli sur lui et G.P. (un autre étudiant), qui dans son cas auraient commencé avant même mon arrivée au petit-séminaire». Confidences faites «avec un sentiment de désagrément et de malaise». Le témoin a partagé la chambre avec la victime présumée pendant un ou deux ans, mais lorsqu'on lui a demandé s'il avait déjà vu ou entendu Martinelli entrer la nuit pour molester L.G., il a répondu: «non, j'ai le sommeil lourd». Il a toutefois conclu: «il me reste difficile de penser que mon ami m'a menti pendant trois ans juste pour se venger de Martinelli».

L'ancien élève convaincu par L.G. d'entrer à saint Pie X

La Cour a ensuite entendu l'ancien élève Thomas Compagnoni, 21 ans, qui a confirmé être entré au petit-séminaire sur suggestion de L.G. «qui avait eu une bonne expérience». À l'été 2012 (L.G. allait quitter saint-Pie X quelques mois plus tard), «il m'a fortement conseillé d'aller à Rome. Il m'a tellement enthousiasmé que, sur un coup de tête, j'y suis allé». La victime présumée, L.G., n'a en revanche pas signalé l'agression.

Don Vicini: pourquoi L.G. est-il revenu s'il a subi des violences ?

Enfin, l'actuel vice-recteur de saint-Pie X, Don Francesco Vicini, pair de Martinelli, avec qui il était élève à la fois au petit-séminaire et au séminaire (ils sont devenus diacres et prêtres ensemble), et qui pendant un an a partagé une chambre avec L.G., a déclaré n'avoir jamais été témoin ou entendu parler d'épisodes d'abus jusqu'à l'arrivée des premières lettres anonymes en juillet 2013. «Les allégations sont peut-être le résultat d'un désir de se venger des torts prétendument subis», a-t-il déclaré, ajoutant que la victime présumée était «très jalouse» du rôle de confiance que le recteur avait attribué à Martinelli. «Je ne comprends pas comment L.G. a pu retourner chaque année dans un endroit où il prétend maintenant avoir subi des violences», a-t-il conclu.

Prochaine audience le 7 juin dans une nouvelle salle d'audience

Lors de la prochaine audience, fixée au 7 juin à 9h30, les témoins seront Don Ambrogio Marinoni, ancien vice-recteur et économe du petit-séminaire au moment des faits, trois autres prêtres et un laïc. L'audience se tiendra dans une nouvelle salle d'audience: une ancienne salle polyvalente du complexe des Musées du Vatican, avec un accès indépendant. Elle sera utilisée par le Tribunal du Vatican pour les procès qui nécessitent la présence d'un plus grand nombre de personnes, comme celui-ci, afin de respecter les normes anti-Covid.

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13 mai 2021, 12:52