Des volontaires lors d'une distribution de vivres à Beyrouth (Liban), le 7 août 2020 Des volontaires lors d'une distribution de vivres à Beyrouth (Liban), le 7 août 2020  

Plus de 50 agences catholiques font le point sur la crise en Syrie et en Irak

L'urgence humanitaire, la tragédie des réfugiés, la fuite des chrétiens de leurs lieux d'origine: tels sont quelques-uns des thèmes au centre de la quatrième rencontre promue par le Dicastère pour le Service du développement humain intégral qui s’est déroulée ce jeudi 10 décembre afin de réfléchir aux problèmes affectant les populations de Syrie, d'Irak et des pays voisins.

«Tout effort - petit ou grand - fait pour favoriser le processus de paix, c'est comme mettre une brique dans la construction d'une société juste, ouverte à l'accueil, et où chacun peut trouver un endroit pour vivre en paix». Tel est l'encouragement que le Pape François a adressé, dans un message vidéo, aux participants à la réunion sur la crise humanitaire syrienne et irakienne, promue par le Dicastère pour le Service du développement humain intégral. Cette rencontre, qui s'est tenue ce jeudi après-midi en ligne (via Zoom), afin de respecter les mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, a réuni une cinquantaine d'organisations caritatives catholiques, des représentants des épiscopats locaux et des institutions ecclésiales et congrégations religieuses travaillant en Syrie, en Irak et dans les pays voisins, ainsi que des nonces apostoliques de la région.

Ce quatrième rendez-vous a été ouvert par Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États, qui a lu le discours du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État, lequel n'a pas pu y assister personnellement.

Aider particulièrement la Syrie et le Liban

Dans son discours d'introduction, le cardinal Pietro Parolin a reconnu que dans la région, le tableau général est «caractérisé par la crise économique, aggravée par l'impasse politique ou même la crise institutionnelle et, plus récemment, par la pandémie de Covid-19». Face à cette situation «d'une gravité absolue», qui «suscite de vives inquiétudes», le cardinal encourage chacun à poursuivre «ses projets en Irak, en Jordanie et en Turquie», mais demande un engagement particulier en Syrie et au Liban. C'est surtout la Syrie, ravagée par près de dix ans de conflit, qui occupe les réflexions du secrétaire d'État. «Aujourd'hui plus que jamais, insiste-t-il, nous ne devons pas détourner l'attention des besoins de la population, nous devons renouveler en tant qu'Église notre engagement caritatif aux côtés des plus fragiles et des plus nécessiteux, en promouvant également des actions innovantes, sans oublier la formation de nos travailleurs, tant professionnelle que spirituelle». Le Liban lui aussi, «frappé par l'effondrement du système financier, la crise socio-économique et l'explosion du port de Beyrouth», est évoqué. Il est urgent de «s'engager fortement, non seulement dans la reconstruction mais aussi dans le soutien aux écoles et hôpitaux catholiques, deux pierres angulaires de la présence chrétienne dans le pays et dans toute la région».

Les quatre sessions de la réunion - situation politique et diplomatique; l'Église en Syrie et en Irak; la question du retour des migrants et personnes déplacées; les agences catholiques: de l'urgence au développement - ont été ponctuées de discours et de débats.

Relever les défis «avec sincérité et courage»

Le premier temps a été ouvert par Mgr Paul Richard Gallagher, qui a présenté un résumé de la situation sociopolitique au Moyen-Orient, en particulier concernant l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie et la Jordanie. Face aux «tensions et conflits» qui traversent la région, le prélat a souhaité que les «récents accords d’Abraham» puissent favoriser «une plus grande stabilité», et que les différents défis sur le terrain, «de l'humanitaire au politique», soient «relevés avec sincérité et courage». «Chaque fois que des diocèses, des paroisses, des associations, des bénévoles ou des individus travaillent pour soutenir ceux qui sont abandonnés ou dans le besoin, a conclu le prélat en assurant de l'engagement constant du Saint-Siège en faveur de la paix, l'Évangile acquiert une nouvelle force d'attraction». Le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, a quant à lui une nouvelle fois apporté son témoignage personnel sur les conséquences humaines et matérielles de la crise dans le pays. Un drame qui, selon des sources des Nations unies, voit encore 11 millions de personnes en besoin d'assistance.

Le rôle des chrétiens dans la renaissance de ces pays

La situation des communautés chrétiennes résidant dans les pays touchés par la guerre a été au centre du discours du cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales. Face à la «blessure» de l'émigration, qui touche particulièrement les jeunes, le cardinal a souhaité que tout soit fait pour éviter un «Moyen-Orient monochrome qui ne reflèterait pas du tout sa riche réalité humaine et historique». Dans cette vaste région, a-t-il souligné, il y a des hommes et des femmes qui souhaitent «retourner sur leur propre terre» afin de «reconstruire leurs rêves», réussissant également à saisir les opportunités possibles des crises actuelles. «Les chrétiens sont appelés, comme tous les citoyens, à contribuer à la naissance d'une nouvelle Syrie, d'un nouvel Irak, selon leur propre identité énoncée dans les principes de non-violence, de dialogue, de respect de la dignité humaine, des droits de l'homme et des libertés fondamentales, de pluralisme, de démocratie, de citoyenneté, d'État de droit, de séparation de la religion et de l'État», a expliqué le cardinal Sandri. Le thème des migrants et des personnes déplacées a ensuite été abordé par le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.

Voir au-delà de l’urgence

La réunion a été clôturée par le cardinal Peter K.A. Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du développement humain intégral, et le secrétaire général de Caritas Internationalis, Aloysius John, qui ont réfléchi au rôle des agences catholiques et à la manière dont elles peuvent promouvoir le passage de l'urgence au développement intégral. Le cardinal a souligné qu'«il est nécessaire de donner aux gens un signe d'espoir concret, afin de leur permettre de retourner dans leur pays et de vivre en sécurité». Le secrétaire général de Caritas Internationalis a, pour sa part, décrit l'aide matérielle que l'organisation offre «pour soutenir, accompagner et défendre» les «victimes innocentes» des conflits, en particulier les «très nombreuses minorités chrétiennes qui sont les plus vulnérables». Un engagement qui ne se limite pas à une simple réponse à l'urgence, mais qui est aussi un accompagnement vers l'avenir, vers l'autonomie et une vie digne.

Les propositions de Caritas internationalis

Caritas Internationalis a enfin présenté trois propositions: la levée immédiate des sanctions pour alléger les souffrances de la population locale et permettre aux organisations humanitaires de répondre aux besoins urgents liés à l'approche de l'hiver et à la pandémie de Covid-19; une augmentation des ressources financières à allouer aux programmes d'aide visant à reconstruire le tissu social et à répondre aux besoins des communautés locales; un soutien accru aux programmes des organisations de la société civile visant à fournir une aide humanitaire et à promouvoir la réhabilitation et le développement.

 

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10 décembre 2020, 19:37