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Le cardinal Paul Poupard, président émérite des Conseils pontificaux de la Culture et pour le Dialogue interreligieux. Le cardinal Paul Poupard, président émérite des Conseils pontificaux de la Culture et pour le Dialogue interreligieux. 

Cardinal Poupard : se tourner vers le Seigneur face à l'épreuve

Le cardinal français Paul Poupard invite à prier pour les gouvernants, le personnel soignant, les victimes de la crise économique, de la pandémie et du terrorisme. L’ancien chef de dicastère a présidé ce dimanche la célébration solennelle de la saint Louis en l’église Saint-Louis des Français à Rome. Le président émérite du Conseil pontifical de la Culture s’est appuyé sur la «figure singulière et exemplaire» du monarque français du XIIIème siècle pour inviter chaque baptisé à témoigner de sa foi «en ces temps difficiles», en manifestant un «amour plénier pour Dieu et le prochain». Il nous propose une réflexion sur la sainteté.

À l’invitation de Laurent Bréguet, nouveau recteur de Saint-Louis-des-Français, le cardinal Paul Poupard, président émérite des conseils pontificaux de la Culture et du Dialogue interreligieux, a célébré, ce dimanche 18 octobre, la solennité de Saint-Louis dans l’église française située en plein cœur de Rome, en présence de l’ambassadrice de France près de le Saint-Siège et da la communauté catholique française résidant à Rome.

Saint Louis, un modèle de sainteté

En la solennité de la Saint Louis, le cardinal Poupard est revenu sur «la figure singulière et exemplaire» du monarque français du XIIIème siècle. Héritier dès ses douze ans du trône de France, père de onze enfants, il fut un roi de plein exercice qui a administra son royaume avec «droiture et équité» rapporte son compagnon le sire de Joinville. «Il rend la même justice pour tous, s’emploie à accroître le bien de tous les Français, avec le souci des plus pauvres, une vie frugale, les jeûnes les plus austères, avec un sens très aigu de la charité» poursuit le cardinal Poupard qui évoque la construction par Louis IX du joyau la Sainte-Chapelle à Paris pour accueillir la couronne d’épines et la mort à 56 ans de la peste du  monarque lors de sa seconde croisade.

«Qui serait-il le saint que nous attendons ?»

 «Autres temps, autres comportements. Mais toujours et pour tous le même appel à la sainteté» pour ceux qui croient au Christ, explique le cardinal Poupard. L’enseignement du Concile Vatican II a été récemment prolongé et actualisé par le Pape François qui, dans son exhortation Gaudete et Exultate, met l’accent sur «quelques expressions spirituelles indispensables pour comprendre le style de vie auquel le Seigneur nous appelle : endurance, patience, douceur, joie, audace et ferveur, en communauté, en prière constante (Chap. IV). C’est pour nous tous matière à méditation et résolution», affirme le cardinal Poupard.

L’ancien chef de dicastère qui a collaboré à la curie avec trois saints papes, s’interroge sur la figure du saint. Il conserve en mémoire cette citation de l’écrivain Georges Bernanos que lui avait rapporté le théologien Henri de Lubac : «Chaque vie de saint est comme une nouvelle floraison, l’effusion d’une miraculeuse édénique ingénuité». Le cardinal Poupard abonde dans ce sens, «la sainteté est l’œuvre du Saint Esprit, c’est la Nouveauté même, l’éternelle et insaisissable Nouveauté de Dieu» et livre sa définition du saint «que nous attendons». «Dans sa double nouveauté, le saint sera un ‘saint de toujours’, pauvre, humble dépossédé. Il aimera, il prendra l’Évangile à la lettre, il aura l’esprit des Béatitudes. À son tour, il sera un autre Christ, un homme dont tout l’idéal, toute la vie réelle sera de lui être configuré. Alors, à travers lui, le visage de Dieu transparaîtra», explique-t-il.

Discerner avec sagesse ce que nous avons à faire

Ni pape, ni roi, les baptisés sont cependant tous appelés à témoigner de leur foi, et le cardinal Poupard pose des mots sur la période historique difficile dans laquelle tous ont été «plongés soudain dans un tunnel enténébré d’où nous n’entrevoyons pas la sortie». Il énumère les deuils, la peur, la souffrance, la mort, le chômage, «l’étrange sentiment d’être soudain privés de toute tentative de lutter victorieusement contre le malheur galopant, et comme paralysés dans un sentiment glacé d’impuissance».

Le cardinal français suggère de s’en remettre à Dieu, face à ces trois plaies récurentes dans l’histoire de l’humanité : la peste, la faim la guerre. «’A peste fame bello libera nos Domine’. Que de fois j’ai chanté sans trop y penser cette invocation millénaire des litanies de Notre-Dame de Lorette», confie-t-il. Aujourd’hui, il invite chacun à demander au Seigneur de «nous donner de discerner avec sagesse ce que nous avons à faire jour après jour, avec la grâce de la force nécessaire pour l’accomplir», de le demander aussi pour ceux qui gouvernent «contraints de concilier les inconciliables exigences de la sécurité des personnes à assurer et, en même temps, de leur survie économique et sociale». Le cardinal Poupard propose de prier pour le personnel soignant, pour les victimes de la crise économique et de «redoubler» ces prières pour les défunts, «les victimes innocentes de la violence terroriste  et leurs familles endeuillées et désemparées». La France est sous le choc après la décapitation d’un enseignant par un jeune musulman parce qu’il avait montré à ses élèves des caricatures de Charlie Hebdo lors d’un cours sur la liberté d’expression.

Vivre un amour plénier pour Dieu et le prochain

Commentant les textes offerts ce dimanche par le Sanctoral pour la fête de saint Louis, il rapporte l’invitation du prophète Isaïe à «pratiquer la justice et la charité», à ne pas «nous dérober à nos semblables». Ceux qui répondent à cet appel, sont assurés de la grâce du Seigneur, dit la prière du Psalmiste. «L’homme de bien a pitié, il partage, son cœur est confiant, il ne craint pas. Vivant portrait de saint Louis» affirme le cardinal Poupard qui encourage à suivre «son exemple de foi vécue dans le double et même amour conjoint de Dieu et de notre prochain». D’ailleurs, dans l’Évangile de saint Mathieu lu ce dimanche, Jésus évoque les deux grands commandements : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit» ; «tu aimeras ton prochain comme toi-même». Un don de soi à faire «de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, pleinement», estime le cardinal Poupard qui demande à l’Esprit Saint de renouveler en chaque baptisé «notre faculté naturelle d’aimer» pleinement Dieu et le prochain, dont nous devons être frère.

Le cardinal Poupard qui conclut son homélie en portant au Créateur la prière suivante qui se trouve dans la troisième encyclique du Pape François Fratelli tutti publiée le 3 octobre dernier, veille de la fête du «Poverello» : «Seigneur et Père de l’humanité, toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité, insuffle en nos cœurs un esprit de frères et sœurs. Inspire- nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix. Aide- nous à créer des sociétés plus saines et un monde plus digne, sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerres. Que notre cœur s’ouvre à tous les peuples et nations de la terre, pour reconnaître le bien et la beauté que tu as semés en chacun pour forger des liens d’unité, des projets communs, des espérances partagées. Notre Dieu, Trinité d’amour, par la force communautaire de ton intimité divine, fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel. Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus, dans sa famille de Nazareth et dans la première communauté chrétienne.»

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18 octobre 2020, 14:39