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La Chapelle Sixtine La Chapelle Sixtine 

La chapelle Sixtine se pare une semaine de tapisseries dessinées par Raphaël

Dans le cadre des célébrations du cinquième centenaire de la mort du peintre italien Raphaël, des tapisseries représentant pour la plupart des scènes des Actes des Apôtres seront exposées au Vatican, dans la chapelle Sixtine, du 17 au 23 février prochain. Jamais elles n’ont été montrées au public toutes ensemble et durant une telle durée.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Durant une semaine, et sans que ne change le prix habituel du billet d’entrée, les visiteurs des Musées du Vatican pourront admirer des merveilles supplémentaires en franchissant le seuil de la grandiose chapelle Sixtine.

Douze tapisseries réalisées à partir d’esquisses et de dessins préparatoires de l’un des génies de la Renaissance, Raphaël d’Urbino, seront suspendues à leurs crochets originels du XVIe siècle sur la partie inférieure des murs de la chapelle. Autrement dit, à l’emplacement pour lequel elles avaient été destinées à l’origine, selon le souhait du Pape Léon X de Médicis (1513-1521), désireux de compléter le message religieux de l’un des lieux les plus significatifs de la chrétienté, inauguré par son prédécesseur Jules II le jour de la Toussaint 1512. Après des artistes aussi éminents que Michel-Ange, Botticelli, Le Pérugin, Pinturicchio, Ghirlandaio, Rosselli, Signorelli, qui avaient déjà réalisé la plupart des fresques, Raphaël allait lui aussi laisser son empreinte.

Une confection belge

L’artiste italien et ses élèves préparèrent les dessins aux alentours du mois de juin 1515. Huit d'entre eux représentent des scènes des Actes des Apôtres, un la pêche miraculeuse en saint Luc, un autre la remise des clés par Jésus-Christ à saint Pierre, et deux sont des frises décoratives. Les tapisseries furent ensuite tissées à Bruxelles dans l’atelier de Pieter Van Aelst, lequel, grâce à de précieux fils d’or et d’argent habilement mêlés à des fils aux couleurs chatoyantes, parvint à composer d’admirables tableaux pour illustrer l’Évangile. Ce délicat travail dura six années, jusqu’en 1521.

Toutefois, les premières tapisseries arrivèrent au Vatican en 1519, où elles furent suspendues le 26 décembre aux murs de la chapelle Sixtine, à l’occasion de la messe de la saint Étienne. Le maître des cérémonies de l’époque, Paride de Grassi, en laisse un vivant souvenir dans son journal, décrivant la stupeur et l’admiration de toutes les personnes conviées face à la magnificence de ces œuvres et à la richesse iconographique des scènes composées par l’artiste d’Urbino et ses élèves. Les trois dernières tapisseries, Saint Paul en prison, La mort d’Ananie, et Saint Paul à Athènes, rejoignirent leur écrin vatican en 1521.

Des œuvres soigneusement protégées

À partir de cette date, le fait de parer la Chapelle Sixtine de tapisseries et des tissus précieux à l’occasion des célébrations liturgiques les plus solennelles devint une tradition. Toutefois, les recherches historico-scientifiques récentes n’ont pas permis d’en savoir davantage sur la disposition exacte des œuvres ni sur les raisons originelles précises de leur exposition.

À présent, ces tapisseries sont d’ordinaire conservées dans la Pinacothèque du Vatican, dans la salle VIII, également appelée salon de Raphaël, où elles sont exposées selon un roulement, pour des raisons de conservation.  Deux fois seulement, certaines d’entre elles ont fait l’objet d’une exposition plus spécifique, en 1983 puis en 2010… pendant une journée.

Ces sept jours sont donc une occasion rare de découvrir une facette méconnue de l’immense don artistique de Raffaello Sanzio, mort à Rome le 6 avril 1520, et à propos duquel le peintre Giorgio Vasari  écrivit: «On vit clairement dans la personne, non moins excellente que gracieuse, de Raphaël, à quel point le Ciel peut parfois se montrer généreux et bienveillant, en mettant – ou pour mieux dire – en déposant et accumulant en un seul individu les richesses infinies ou les trésors de ses innombrables grâces, qui sont de rares dons qu'Il ne distribue cependant que de temps à autre, et encore à des personnes différentes» (Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes).

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13 février 2020, 11:23