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Rapport Fides: 29 missionnaires tués dans le monde en 2019

Selon le rapport annuel de l’agence de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples publié ce lundi 30 décembre, 29 missionnaires dont 18 prêtres ont été tués au cours de l’année écoulée. Si les assassinats se concentraient par le passé dans un pays ou une zone géographique, il semble que ce ne soit plus le cas ; Fides parle d’«une mondialisation de la violence».

«Le martyre est l’air de la vie d’un chrétien, d’une communauté chrétienne. Il y aura toujours des martyrs parmi nous. C’est le signal que nous marchons sur la route de Jésus». C’est avec cette déclaration du Pape François prononcé lors de l’audience générale du 11 décembre dernier que s’ouvre ce rapport sur les missionnaires assassinés en 2019. Il est précisé que le terme «missionnaire» désigne l’ensemble des baptisés «quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi», et pas uniquement les missionnaires ad gentes au sens strict.

En 2019, 29 missionnaires ont été tués, dont 18 prêtres, un diacre permanent, deux religieux, deux religieuses et six laïcs, selon les informations recueillies tout au long de l’année par l’agence Fides.

L'Afrique, le continent le plus éprouvé

Avec 15 personnes tuées dont 12 prêtres, le plus grand nombre d’assassinats a été commis sur le continent africain et non en Amérique, comme ce fut le cas ces huit dernières années. Mais 12 missionnaires dont six prêtres et quatre laïcs ont tout de même été tués en Amérique centrale et latine.

L’agence Fides évoque «une mondialisation de la violence», car celle-ci ne s’exerce plus dans une zone géographique ou une nation spécifique, mais partout de manière diffuse. Cette année, des opérateurs pastoraux sont morts de façon violente dans 10 pays d’Afrique et huit d’Amérique latine. Une laïque a par ailleurs été tuée en Asie, aux Philippines, et une religieuse en Europe, au Portugal.

Victimes de voleurs

Au Burkina Faso, le père Siméon Yampa a été tué par des djihadistes alors qu’il célébrait la messe dans sa paroisse au centre du pays. Au Mexique, le catéchiste Margeli Lang Antonio est mort lors d’une attaque contre son église avant la première messe du jour au Chiapas. Néanmoins, note l’agence Fides, la plupart de ces homicides ne sont pas l’expression directe d’une haine envers la foi catholique, mais le fait de voleurs. Plusieurs prêtres, diacres et religieux, ont été retrouvés sans vie, tués à l’arme blanche, parfois pieds et poings liés, dans leur église ou au siège de leur congrégation. Leur vie a été fauchée au cours de cambriolage ou de tentatives de vols à mains armée, également sur la route, dans des pays marqués par une dégradation de l’autorité de l’État, affaiblie notamment par la corruption.

«Déstabilisation sociale»

Dans de tels contextes, s’en prendre aux religieux manifeste une volonté de «déstabilisation sociale» souligne l’agence Fides qui relaie les propos du directeur du Centre catholique multimédia du Mexique, pays où un prêtre et deux laïcs ont été tués cette année. Selon le Père Omar Sotelo Aguilar, SSP, «le prêtre et les communautés paroissiales favorisent la sécurité, l’éducation, les services sanitaires, les droits fondamentaux des migrants, des femmes et des enfants», de facto, estime-t-il, l’Église est «une réalité qui aide la population, en concurrence directe avec la criminalité organisée» qui sait qu’éliminer un prêtre, cela déstabilise une communauté entière, et permet aux cartels de travailler plus librement.

Fides estime que cette analyse fait sens dans de nombreux cas. L’agence cite, par exemple, l’assassinat au Nigeria du Père David Tanko alors qu’il se rendait au village de Takum pour jouer les médiateurs entre deux ethnies locales en conflit depuis des décennies, mais également l’assassinat barbare de Sœur Inès Nieves Sancho, 77 ans, en République centrafricaine. Cette religieuse œuvrait à l’insertion professionnelle de jeunes filles centrafricaines depuis des décennies. Elle évoque aussi le souvenir du Frère Paul McAuley, trouvé sans vie au Pérou où il se dédiait à l’instruction des jeunes indigènes et à la sauvegarde de l’Amazonie.

Multiplications des enlèvements

Cette année, au moins quatre missionnaires ont été tués lorsqu’ils se trouvaient aux mains de leurs ravisseurs. «La diffusion, sous diverses latitudes, des enlèvements de prêtres et de religieuses, se concluant parfois tragiquement ou se soldant par la libération des otages ou par leur disparition sous le manteau du silence, est une cause de préoccupation», explique l’agence Fides. Les prises d’otages contre une rançon seraient ainsi en augmentation au Nigeria. Dans la majeure partie des cas, les prêtres sont libérés après quelques jours de captivité, avec parfois des séquelles physiques et psychiques «dévastatrices». Ce phénomène serait également fréquent en Amérique latine.


L’agence Fides souligne enfin qu’il est «presque impossible» de dresser la liste des évêques, prêtres, religieuses, laïcs catholiques ou opérateurs humanitaires ou membres d’organisations internationales qui sont agressés, malmenés, volés ou menacés. Elle fait le même constat concernant les actes de violences ou de vandalisme visant les structures catholiques mises au service de l’ensemble de la population. «Une douleur particulière est provoquée par la profanation ou l’incendie criminel d’églises, la destruction de statues ou d’images sacrées, l’agression de fidèles alors qu’ils sont réunis en prière» ajoute le rapport de Fides.

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30 décembre 2019, 15:53