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Le cardinal Pietro Parolin en septembre 2018 Le cardinal Pietro Parolin en septembre 2018 

Les nonces invités à «être les premiers gardiens et observateurs» de la loi

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, a présidé ce 12 juin la messe d’ouverture de la réunion des représentants pontificaux, rassemblés au Vatican durant trois jours. Dans son homélie, il a montré comment la réalisation de leur mission doit se conformer au rapport de Jésus à la Loi et à ce que dit l’apôtre Paul de son propre ministère.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Les nonces apostoliques et autres représentants pontificaux (soit des observateurs permanents) convoqués par le Pape François ont donc participé ce matin à la messe en la Basilique Saint-Pierre, premier temps spirituel de leur réunion qui s’achèvera le 15 juin.

Fidélité en toutes choses

Dans son homélie, le cardinal Pietro Parolin s’est appuyé sur les textes du jour, et en premier lieu sur l’Évangile, issu de saint Matthieu (Mt 5, 17-19). Ce passage permet de mieux comprendre l’attitude du Seigneur vis-à-vis de la Loi mosaïque. Jésus «est totalement obéissant au Père et en observe la Loi, jusque dans les détails les plus infimes», a fait remarquer le Secrétaire d’État du Saint-Siège. Il affirme en ce sens: «Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes» (v. 17), ou encore «(…) pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise» (v. 18). Comme l’a rappelé le cardinal Parolin, «c’est justement dans les réalités les plus petites que les fidélités les plus grandes sont vécues !».

Mais d'une manière générale, Jésus place la Loi «au niveau de la justice la plus élevée: celle de l’amour». Ainsi, il la «libère de ces plâtres sclérosants, de ces armatures extérieures, il en fait exploser les contradictions, il en fait percevoir le sens, l’âme, la logique de fond, il en révèle les conséquences, la richesse et les potentialités pour le présent».

Une action «exemplaire» et une «conduite cristalline»

De cette lecture de l’Évangile, le cardinal Parolin a tiré deux enseignements destinés aux représentants pontificaux.

Tout d’abord, «surveiller notre rapport avec la loi», «surtout la loi canonique, sans exclure non plus la loi civile», a-t-il précisé. «Nous devons en être les premiers gardiens et observateurs», a-t-il poursuivi, soulignant que l’action des représentants du Saint-Siège «doit être toujours exemplaire et notre conduite cristalline». Il a rappelé que ce service diplomatique «et tous les systèmes juridiques» du monde devraient être orientés vers «le bien de l’homme et de chaque homme», «au respect de ses droits, à la construction d’une société plus juste, à une coexistence dans la paix». En d’autres termes, «la loi doit être toujours et uniquement au service de l’humanité».

Ensuite, l’Évangile indiquant que «le sommet de la loi est l’amour», l’action des représentants pontificaux doit elle aussi être imprégnée par l’amour, quel que soit le contexte où elle s’exerce – autrement dit, que le pays offre des conditions favorables ou non à la vie de l’Église. «Rien et personne ne pourra nous empêcher d’aimer», a affirmé le cardinal Parolin, exhortant l’assemblée à un «amour passionné pour le Christ et pour son Église, un amour généreux pour les hommes, pour les populations auprès desquelles nous sommes envoyés, et surtout, pour les pauvres».

Grandeur de la mission et petitesse du ministre

Dans un second temps, le Secrétaire d’État du Saint-Siège est revenu sur la lecture du jour, issue de la deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens (2 Co 3, 4-11). L’Apôtre y compare la mission des «ministres d’une Alliance nouvelle, fondée non pas sur la lettre mais dans l’Esprit» (v. 6) à celle de Moïse et des fils d’Israël, qui exerçaient le «ministère de la mort, celui de la Loi gravée en lettres sur des pierres» (v. 7). Ce qu’il en dit «a deux implications directes», aux yeux du cardinal Parolin: «la hauteur démesurée du ministère, et dans le même temps, la relativisation du ministre». «Chaque ministère de l’Église, y compris celui de la représentation pontificale, a-t-il précisé, ne jouit pas d’une gloire propre, mais doit refléter uniquement celle de la Nouvelle Alliance dans le Christ».

«Notre ministère est très grand, revêtu lui aussi de gloire divine, mais notre personne de ministre reste marquée par la pauvreté et la limite», a-t-il insisté. Le représentant pontifical doit par conséquent avoir de «l’estime pour le devoir accompli», tout en demeurant «dans une sincère humilité» vis-à-vis de lui-même.

S’identifier au Christ et à son message

Le témoignage de Saint Paul montre par ailleurs que «son existence est totalement impliquée dans le ministère qu’il exerce», et qu'il «est pleinement impliqué dans le message qu’il porte». Les représentants du Saint-Siège ont été invités à suivre l’exemple de l’Apôtre: ils sont appelés «à se laisser transfigurer par l’annonce qu’ils portent», comme «les messagers doivent faire corps avec le message qu’ils annoncent». Plus encore, «non seulement le style pastoral du Saint-Père», que représentent ces diplomates du Saint-Siège, «doit se rendre présent» en eux, mais leur «cœur de pasteur et d’évêque doit s’identifier toujours davantage avec l’Évangile lui-même et avec la Nouvelle Alliance de Jésus».

Cette attitude «fera de nous des hommes de grande foi, d’humilité authentique, d’amour passionné pour le Seigneur et pour les hommes, et de dévouement inconditionnel pour l’Église, épouse du Christ», a assuré le cardinal Parolin à l’assemblée. «Ce seront les lettres de créance les plus belles qui rendront “glorieux” votre ministère», a-t-il ajouté, en référence à la gloire mentionnée par saint Paul.

L’homélie du Secrétaire d'État du Saint-Siège s’est conclue par une dernière citation de l’Apôtre des nations: dans sa lettre aux Ephésiens (Ep 6, 19-20), celui-ci se dit «ambassadeur» de l’Évangile, dans ses «chaînes» - Paul est alors en captivité. Le cardinal Parolin a donc invité les nonces apostoliques et autres représentants pontificaux à prier pour que leur service les tienne «“enchaînés” à l’Évangile du Christ de manière irréversible», afin de devenir «de joyeux et courageux “ambassadeurs dans les chaînes”, “prisonniers” pour toujours de la loi de l’amour».

 

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12 juin 2019, 14:25