Recherche

Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège. Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège. 

Cardinal Parolin: le Pape en Bulgarie et Macédoine du Nord, un messager de paix

Le 29e voyage apostolique du Saint-Père le mènera sur les pas des saints Cyrille et Méthode.

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

«Mettre en relief ce qui unit» est l’une des opportunités mises en évidence par le Secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, à l’approche du voyage apostolique du Pape François en Bulgarie et en Macédoine du Nord, du 5 au 7 mai.

Éminence, qu’est-ce que le Pape apportera ?

Je partirais justement du logo de cette visite en Bulgarie, c’est-à-dire le rappel à l’encyclique de saint Jean XXIII, Pacem in Terris. Le Pape sera justement un porteur de paix en ce sens, un témoin du Christ ressuscité, vu que nous sommes encore dans le temps pascal, dans lequel nous rappelons les apparitions de Jésus ressuscité à ses disciples, où le premier salut a été justement : «La paix soit avec vous, je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix». Je crois que le thème de la paix dont le Pape se fait porteur dans cette visite peut se développer dans deux directions : d’une part, dans le rappel à ce qui selon l’encyclique de Jean XXIII, sont les fondements de la paix, sans lesquels on ne peut pas construire une vraie paix, une paix sûre, stable, et qui sont la vérité, la justice, la liberté et l’amour ; dans le même temps, en rappelant la figure de Jean XXIII, qui a été justement un grand ami de la Bulgarie où il a vécu 10 ans comme visiteur apostolique et ensuite comme délégué apostolique, le Pape veut dire que la paix se construit à travers ces attitudes dont Jean XXIII a été un témoin, c’est-à-dire la recherche de l’amitié, la douceur, l’amabilité, la rencontre avec l’autre, la mise en relief de ce qui unit plus que de ce qui divise… C’étaient les grandes caractéristiques de la figure et du pontificat de Jean XXIII qui déjà émergeaient au temps dans lequel il assumait sa mission de représentant pontifical. Je crois que c’est un peu sur ces lignes que se placera la contribution du Pape François dans ce voyage.

Parmi les moments significatifs à Sofia, la prière devant le trône des saints Cyrille et Méthode, la rencontre avec les représentants des différentes confessions religieuses, comme la visite au Patriarche Néophyte…

Il me semble que cette visite – nous venons de parler de Jean XXIII – se situe autour des quelques figures du présent et du passé particulièrement significatives, comme celles des deux saints, des deux frères Cyrille et Méthode, qui étaient des saints de l’Église du premier millénaire, donc de l’Église indivise, mais où déjà s’expérimentaient des tensions qui ensuite mèneraient, malheureusement, à la fracture, à la division, et leur recherche de l’unité, avec leur désir d’évangéliser des peuples nouveaux, des peuples inconnus, à travers la création et l’utilisation de méthodes nouvelles, de langages nouveaux. Je crois que le sens de cette rencontre se situe justement dans une dimension de fraternité, donc souligner l’œcuménisme comme un parcours de fraternité, se reconnaître frères dans l’unique Seigneur, donc toute la tentative de surmonter les divisions, les tensions qui persistent encore, et dans le même temps, se retrouver dans la mission fondamentale des chrétiens : celle de porter l’Évangile au monde, en sachant que l’efficacité de cette évangélisation sera d’autant plus profonde et plus incisive que nous serons unis et que nous dirons ensemble la Parole de salut que le Seigneur nous a confié.

Le Pape apportera sa proximité aux personnes qui vivent dans un camp de réfugiés. Encore une fois il souligne la nécessité de construire des ponts et d’abattre des murs…

Le magistère du Pape, pour ce qui concerne le phénomène des migrations, tourne autour de ces quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer, et il accompagne ce magistère avec des gestes très concrets. Il l’a fait à de très nombreuses occasion, aussi dans d’autres voyages, d’autres situations. Aussi ici il veut souligner cet aspect, en tenant compte du fait que protéger veut dire aussi défendre et protéger la dignité de chacun de nos frères qui se trouvent dans un situation de vulnérabilité et, souvent, de marginalisation. Donc c’est un geste qui se situe à l’intérieur d’une préoccupation que le Pape a toujours exprimé à un niveau d’enseignement, mais surtout à un niveau concret de rapprochement avec les personnes qui se trouvent dans des situations de difficulté.

La visite en Macédoine de Nord, à Skopje, la ville qui a donné naissance à sainte Mère Teresa de Calcutta, sera marquée aussi par l’attention aux pauvres…

Nous nous souvenons de Jean XXIII, des saints Cyrille et Méthode, et ensuite de Mère Teresa, qui est une figure dominante. Moi-même quand je suis allé en Macédoine il y a quelques années, j’ai pu constater quelle affection, quelle dévotion, il y a vis-à-vis de Mère Teresa. Naturellement, cette attention aux pauvres, aux marginaux et à ceux qui se trouvent dans le besoin est une attention très concrète. Mère Teresa se comparait à une goutte d’eau dans la mer, mais elle disait que s’il n’y a pas cette goutte, la mer manque de quelque chose. Je crois que c’est l’enseignement fondamental que nous devons apprendre et que le Pape certainement proposera de nouveau, et sur lequel il insistera : une charité concrète, faite d’attention envers les personnes qui se trouvent dans une situation de pauvreté, pour les aider à les faire sortir de cette situation, les faire grandir.

Quel est le défi de ce voyage ?

Je crois qu’il n’y a pas de défis, mais des opportunités dans ce voyage, surtout en tenant compte de la situation géographique et historique de la Bulgarie qui est un carrefour de rencontres, de peuples, de groupes… Donc encore une fois relancer le thème de la rencontre, de la culture de la rencontre et de la diversité qui doit devenir une occasion d’enrichissement réciproque de façon à ce que tous puissent grandir et puissent se développer dans toutes les dimensions comme individus et aussi comme communautés, en tenant compte du fait qu’il s’agit, en Macédoine du Nord, d’une réalité multi-ethnique et multi-religieuse.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

03 mai 2019, 15:44