La Salle du Synode, ici lors du Synode sur la Famille en 2015. La Salle du Synode, ici lors du Synode sur la Famille en 2015.  Éditorial

Quatre jours qui laisseront une empreinte

Du 21 au 24 février se déroulera au Vatican la Rencontre pour la protection des mineurs, avec comme axes prioritaires la prise de conscience, l’écoute des victimes, la responsabilité des évêques et la transparence.

Andrea Tornielli - Cité du Vatican 

La Rencontre sur la protection des mineurs qui se déroule au Vatican est destinée «à laisser une empreinte». La voix des enfants et des jeunes victimes sans défense de ces violences infâmes ne restera pas sans écoute. Leur cri est destiné à enfreindre la barrière du silence qui a trop longtemps empêché de comprendre.

Le premier objectif, dans la lignée du témoignage personnel des deux derniers Papes, qui ont systématiquement rencontré les survivants, les ont écoutés, ont pleuré et prié avec eux, est donc la prise de conscience que l’abus sur mineurs, de la part de clercs et de religieux, représente un acte abominable. Un acte qui transperce pour toujours l’âme des garçons et des filles confiés par leurs parents aux prêtres pour qu’ils les éduquent dans la foi.

Il ne s’agit pas avant tout d’une question de lois et de normes, ni de subtilités bureaucratiques, et encore moins de statistiques. Il s’agit d’écouter les victimes, de chercher à partager leur douloureux drame, pour faire comprendre les blessures dévastatrices qu’elles ont subies. C’est un changement de mentalité qui est demandé, pour que jamais plus personne ne fasse semblant de ne pas voir, n’enterre le sujet, ne le couvre, ni ne le minimise. 

 

Pour la première fois, le thème sera affronté de façon globale, selon les différentes expériences et cultures. Le premier jour, le thème principal sera celui de la responsabilité des évêques dans leur devoir pastoral, spirituel et juridique.

Le deuxième jour sera dédié à la notion d’accountability - ou reddition de comptes - en discutant des solutions à adopter en accord avec le droit canonique pour évaluer les cas dans lesquels les pasteurs ont failli à leur devoir et ont agi avec négligence.

Enfin, le troisième jour sera consacré à l’engagement pour la transparence, dans les procédures internes à l’Église, vis-à-vis des autorités civiles, mais surtout face au Peuple de Dieu, dont la contribution pour rendre plus sûrs les lieux fréquentés par les mineurs est indispensable. La conclusion des travaux, dimanche 25 février, après la messe célébrée dans la Salle Royale, a été confiée au Pape François.

Ce qui se déroule au Vatican est avant tout un événement ecclésial, un dialogue entre pasteurs en communion avec le Successeur de Pierre. C’est pour cela que la prière, accompagnée par l’écoute des victimes, rythmera chaque rendez-vous. Les trois premiers jours de travail culmineront dans la liturgie pénitentielle justement parce que, face à l’abîme du péché, et d’un péché si grave et abominable, les croyants sont appelés à demander humblement pardon pour la blessure transmise au corps ecclésial et à sa possibilité de témoignage évangélique.

Ce nouveau passage est pour l’Église le dernier en date d’une longue série initiée il y a un peu moins de 20 ans avec l’introduction de lois toujours plus sévères et efficaces pour contrer la plaie des abus. Des procédures qui ont permis de réduire drastiquement le nombre de cas, comme le démontrent tous les rapports publiés récemment ; les dénonciations qui émergent concernent en effet, dans leur très grande majorité, des cas remontant à de nombreuses années, survenus avant l’entrée en vigueur des nouvelles normes.

Avec la rencontre qui s’ouvre au Vatican, l’Église indique donc une route non seulement à ses propres hiérarchies et à ses propres communautés, mais offre aussi un témoignage douloureux et un engagement précis à toute la société. Parce que la protection des mineurs est une question qui nous concerne tous, comme le démontrent les chiffres impressionnants sur les mineurs abusés dans le monde.

 

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20 février 2019, 16:48